Après Niégnélé dans l’ex arrondissement de Baguinéda, le cercle de Kati vient de connaitre un autre foyer de tension sociale à cause de l’appétit insatiable de certains de nos opérateurs économiques pour le foncier.
Au cœur, cette fois-ci, de la crise, l’acquisition, par le richissime et non moins le président de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali, Bakary Togola, de 200 hectares de terre cultivable des pauvres paysans du Marakodougou dans des conditions quelque peu douteuses selon les habitants. Réunis en assemblée générale, le dimanche 13 juillet 2014, à Bananzolé, l’un des 7 villages concernés, les populations du Marakodougou ont laissé éclater leur colère et exigé la restitution des terres de leurs ancêtres. Etaient présents à cette rencontre des représentants de chacun des villages concernés par cette situation inédite dans le Marakodougou. Il s’agit, entre autres, de Bananzolé, Korona, Massako et Marako. Etaient aussi présents à cette assemblée, l’honorable Bourama Tidiane Traoré, Vice-président de la Commission des affaires étrangères, de l’intégration africaine et des Maliens de l’extérieur de l’Assemblée nationale, originaire surtout de la contrée et son collègue Makan Oulén Traoré, député élu à Bafoulabé, venu témoigner sa solidarité avec les populations.
Au cours de cette rencontre, les participants ont estimé que les conditions d’acquisition de ces terres n’étaient pas totalement claires et que Bakary Togola n’avaient pas respecté les clauses de l’achat de 22 hectares. Clauses qui faisaient obligation à Bakary Togola de laisser les voies d’accès aux villages. Un constat sur le terrain nous a permis de comprendre que toutes les routes qui mènent aux villages du Marakodougou et Frentoumou ont été barrées, avec la clôture, de toute la zone querellée, de fils de fer, par le président de l’APCAM. Cet état de fait qu’on peut qualifier de blocus, ralentit aujourd’hui les échanges entre ces villages. Autre fait sur lequel les populations n’entendent pas tergiverser, c’est la démolition pure et simple de la digue que Bakary Togola a construite sur le marigot qui porte le nom de Massako. Cette construction, qui prive d’eau les autres villages en aval du marigot, est contraire même à certaines conventions internationales relatives aux cours d’eaux. «A cause de cette situation, on ne pêche plus dans ce marigot. Même pour avoir de l’eau pour abreuver notre bétail est un problème. La situation ne peut plus continuer et on est prêt même au sacrifice ultime pour rentrer en possession de notre héritage» ont déclaré des intervenants.
Si à Baguinéda on a regretté de nombreux blessés au terme des affrontements entre villageois et forces de l’ordre, il revient aux autorités compétentes de prendre les devants, pour le cas de Marakodougou et exiger de Bakary Togola le respect d’abord des conventions internationales sur les cours d’eaux et surtout de vérifier la légalité de «la vente de terres» entre ce dernier et certains villageois, manifestement complices et qui n’ont pas hésité à céder même les terres qui ne leur appartiennent pas.
Aux dernières nouvelles, nous apprenons qu’une délégation de l’Assemblée nationale effectuera le dimanche prochain une visite sur le terrain pour s’imprégner de la réalité des faits.
Yaya Samaké
SOURCE: 22 Septembre