Les réactions de solidarité internationale avec le Mali se succédaient lundi, au lendemain d’une attaque jihadiste visant des étrangers près de Bamako qui a fait deux morts, outre les assaillants, mais dont une trentaine de civils ont réchappé.
Le nombre total des auteurs de ce premier attentat anti-occidental depuis plus d’an dans la capitale malienne n’a pas été précisé, mais le ministre malien de la Sécurité, le général Salif Traoré, a affirmé dans la nuit de dimanche à lundi qu’au moins quatre avaient été tués.
Les forces de sécurité barraient lundi matin les accès au lieu de l’attentat, le campement Kangaba, un vaste « ecolodge » et site de détente situé à la périphérie de Bamako prisé des expatriés et fondé par un Français, a constaté un journaliste de l’AFP.
Cette cible en évoque d’autres visées par les groupes jihadistes du Sahel ces dernières années, notamment la station balnéaire ivoirienne de Grand-Bassam (mars 2016, 19 morts, dont huit étrangers).
Par ailleurs, dans le nord du pays, une attaque lundi contre un poste de l’armée à Bamba a fait un tué et deux blessés parmi les soldats, ainsi qu’un mort chez les assaillants, a-t-on appris de source militaire.
Le président français Emmanuel Macron est attendu à Bamako le 2 juillet pour le prochain sommet du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad), qui doit porter sur le déploiement d’une force conjointe de ces pays, une initiative qui se heurte à des réticences au Conseil de sécurité de l’ONU, en particulier des Etats-Unis.
L’attaque du campement dimanche a fait deux morts parmi les civils, dont une cliente franco-gabonaise, selon le ministère de la Sécurité.
« Nous avons pu extraire ou exfiltrer près de 36 clients ou travailleurs du campement », a indiqué le général Traoré. Parmi ces personnes figurent notamment 14 Maliens, 13 Français, deux Espagnols, deux Néerlandais et deux Egyptiens, selon le ministère.
Les forces spéciales maliennes ont été soutenues dans leur intervention par les militaires de l’opération française antijihadiste Barkhane et de la mission de l’ONU (Minusma).
Appui financier au G5 Sahel
« On est ensemble dans cette lutte contre le terrorisme », a déclaré lundi la chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Federica Mogherini, au début d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Luxembourg, rappelant sa visite à Bamako au début du mois.
Mme Mogherini a souligné le soutien apporté par l’UE via sa mission qui entraîne l’armée malienne (EUTMMali), et l’appui financier de 50 millions d’euros promis le 5 juin à la future force conjointe du G5 Sahel.
La secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), Michaëlle Jean, a assuré de son côté que « toute la Francophonie (était) mobilisée contre le terrorisme ».
La dernière attaque jihadiste visant des Occidentaux à Bamako remonte à mars 2016, contre un hôtel abritant l’EUTMMali. Un assaillant avait été tué.
Le 9 juin, l’ambassade des Etats-Unis avait publié une consigne de sécurité à l’intention des citoyens américains les informant d’une « menace d’attaques accrue » à Bamako dans les lieux fréquentés par les Occidentaux.
Dans une tribune publiée en janvier lors du sommet Afrique-France à Bamako, le propriétaire du campement Kangaba, Hervé Depardieu, s’était insurgé contre les alertes de sécurité des chancelleries occidentales, dont il dénonçait les incohérences.
Le Mali est sous état d’urgence quasiment sans interruption depuis l’attentat contre l’hôtel Radisson Blu de Bamako le 20 novembre 2015, qui avait fait 20 morts, outre ses deux auteurs.
L’attentat avait été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), en coordination avec le groupe jihadiste de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, Al-Mourabitoune, qui avait scellé à cette occasion son ralliement à Aqmi.
En mars 2015, une attaque contre un restaurant-bar,La Terrasse à Bamako, avait fait cinq morts, dont deux Occidentaux.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Les jihadistes ont été en grande partie chassés de cette région par une intervention militaire internationale lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement visées par des attaques meurtrières malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes, dont l’application accumule les retards.
Avec AFP