Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Soutien au terrorisme, violation de l’espace aérien malien: la France nie, le Mali lance le défi

Le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye DIOP, a demandé, ce mardi 18 octobre, à la France qui nie les accusations du Mali de porter la demande auprès du Conseil de sécurité pour la tenue de la réunion spéciale. Une occasion, pour les autorités de la transition, d’exposer les preuves de leur accusation contre le pays d’Emmanuel MACRON accusé de plusieurs violations graves.

 

En outre, la lancinante question de la sécurité, de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, s’est également invitée dans le débat sur le rapport du secrétaire général des Nations unies, Antonio GUTERRES sur le Mali, la demande de notre pays pour la tenue d’une réunion spéciale. Celle s’inscrit dans le cadre de la plainte du Mali contre la France dans une lettre du 15 août 2022 dans laquelle notre pays accuse l’ancienne puissance coloniale de soutenir le terrorisme et de violer son espace aérien.
Plus deux mois, cette demande est, jusque-là, restée sans suite ; malgré l’insistance des autorités maliennes déterminées à apporter les preuves des accointances entre la France et le terrorisme contre lequel le pays se bat depuis 2012.

Un silence coupable ?
S’exprimant sur le rapport du Secrétaire général de l’ONU, le ministre Abdoulaye DIOP dit être surpris que, dans le cadre du récit factuel, le rapport du Secrétaire général ait passé sous silence la saisine du Conseil de sécurité par le Mali le 15 août 2022, pour ce qui concerne les tentatives de déstabilisation et les violations répétées de l’espace aérien par les forces françaises.
« Ces actes d’agression d’une extrême gravité, qui constituent une violation de la Charte des Nations Unies et du Droit International, ne doivent pas rester sans suite. C’est pourquoi, le Gouvernement du Mali renouvelle sa demande d’une réunion spécifique du Conseil de sécurité, qui lui donnera l’occasion de présenter les preuves concrètes des actes de duplicité, d’espionnage et de déstabilisation de la France à l’encontre du Mali, y compris le partage de renseignements et le largage de matériels militaires au profit des organisations criminelles, qui sont à l’origine de l’insécurité et des violences contre nos populations civiles qui attendent du Conseil de sécurité qu’il assume sa responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales », a affirmé le chef de la diplomatie malienne.

Pour lui, l’opinion publique nationale et internationale doit être édifiée sur les causes de l’insécurité, de la déstabilisation et de l’expansion du terrorisme dans le Sahel.
« Le Mali dénonce la guerre par procuration qui lui est imposée, tout comme les manœuvres et entraves à la tenue de la réunion spécifique. En tout état de cause, le Gouvernement du Mali se réserve le droit de recourir à la légitime défense, conformément à l’article 51 de la Charte des Nations Unies et à la lettre n° 444/MAECI en date du 15 août 2022 du Gouvernement du Mali au Conseil de sécurité, si la France continue à porter atteinte à la souveraineté du Mali, à son intégrité territoriale et à sa sécurité nationale », a prévenu le ministre DIOP.

La France botte en touche
Des accusations rejetées par la France, à travers son diplomate Nicolas de Rivière qui estime que la France a toujours fait preuve de transparence à l’égard de la communauté internationale depuis son intervention au Mali.
« Je regrette les accusations graves et infondées portées contre la France de manière répétée par les autorités de transition malienne », s’est défendu le diplomate français, en ajoutant que son pays n’a jamais violé l’espace aérien du Mali.
« Je conteste formellement toute violation du cadre juridique bilatéral. La France conformément aux prescriptions conclues par échange de lettres en 2013, malgré la dénonciation unilatérale et injustifiée de cet accord par le Mali le 2 mai dernier ; la France restera engagée au Sahel, dans le Golfe de Guinée et la région de Lac Tchad aux côtés de tous les Etats responsables qui font le choix de la lutte contre le terrorisme, du respect de la stabilité, de la coexistence entre les communautés », a déclaré Nicolas de Rivière.
En réaction à la déclaration du représentant de la France qui réfute les accusations de soutien au terrorisme, son pays est à la limite prier par le Mali de peser de tout son poids pour la tenue de la réunion spéciale qu’il appelle de tout son vœu.

Le Mali insiste
« Je crois que la prise de parole (du représentant de la France) justifie encore une fois la session que le Mali a demandé pour pouvoir présenter ces éléments (NDLR les preuves). Parce que nous n’avons pas eu l’occasion de les présenter. Je souhaite maintenant que la France qui commence à répondre donne son accord pour que nous puissions avoir cette session. Dans les plus brefs délais, l’Etat malien amènera au Conseil de sécurité, à la face du monde, des preuves concrètes et tangibles de ce que nous avançons. Il y va de la crédibilité du Mali. Le Mali n’a pas fait ses déclarations à la légère. Nous savons qu’il s’agit d’acte et de déclarations extrêmement graves pour lesquelles nous mettons en jeu la responsabilité et la crédibilité de l’État malien. Donc, je souhaite que la France soit maintenant porteur de cette demande pour la tenue de la réunion spéciale » a réagi le ministre des affaires étrangères du Mali.
Également, dans son speech, il a rappelé avec insistance que le gouvernement dont il est membre reste fermement opposé à l’instrumentalisation et à la politisation de la question des droits de l’homme à des fins de déstabilisation, d’intimidation et de chantage.
« Au demeurant, il est tout aussi regrettable de constater que certains mécanismes des Nations Unies, mis en place soi-disant pour aider les pays en crise, fassent l’objet des mêmes instrumentalisations par des influences extérieures », a dénoncé M. DIOP.

Un mandat violé
Dans ce chapitre, il a dit constater, avec regret, le fait que le Groupe d’experts des Nations Unies sur les sanctions concernant le Mali, créé par la résolution 2374 (2017) outrepasse, de plus en plus, son mandat, tant dans la substance des évènements à examiner que dans sa zone d’opération, limitée aux régions du Nord, couvertes par la mise en œuvre de l’Accord.
« Le Gouvernement a toujours coopéré avec les mécanismes relatifs au régime de sanctions, notamment le Comité des sanctions avec lequel nous entretenons une bonne relation, toutefois, nous envisageons de réévaluer notre coopération avec le groupe d’experts, à l’aune du respect par celui-ci, des termes précis de son mandat », a-t-il indiqué.
Concernant les défis opérationnels de la MINUSMA, le Gouvernement du Mali s’est organisé à prendre en charge le départ de la force française Barkhane qui a quitté le pays le 15 août dernier, mais pas dans le Sahel. Si ce départ a fait grincer des dents, le ministre DIOP a toutefois rassuré qu’il n’y a pas eu de vide sécuritaire.
« Nous invitons par conséquent la MINUSMA à pleinement coopérer avec la partie malienne, en vue de l’efficacité de nos actions communes sur le terrain. Contrairement à ce qui est véhiculé, il n’existe aucune volonté de restreindre les mouvements de la MINUSMA. Il y a plutôt une volonté d’affirmation de la souveraineté du Mali sur son territoire, une volonté de coordination de nos actions avec la MINUSMA », a-t-il indiqué.
Par ailleurs, a précisé M. DIOP, le Gouvernement a été amené à prendre certaines mesures pour des considérations de sécurité nationale, suite à l’arrivée, sans base légale, de forces étrangères se présentant sous la bannière des Nations Unies.
« Dans la perspective de l’élaboration de la revue stratégique de la MINUSMA, le Gouvernement du Mali affiche en priorité le recentrage de la Mission sur les fondements de sa présence au Mali, notamment l’appui à la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire et une meilleure articulation avec les autorités maliennes », a annoncé le diplomate malien.
Le ministre DIOP a également rappelé la détermination du gouvernement de la transition de tenir les élections en vue du retour à l’ordre constitutionnel.
«Le Gouvernement s’attèle à l’organisation d’élections générales, transparentes et crédibles qui marqueront la fin de la période transitoire en mars 2024, suivi du transfert pacifique du pouvoir aux nouvelles autorités élues », a déclaré le chef de la diplomatie malienne.
Déjà un chronogramme des élections générales a été dévoilé même s’il ne satisfait pas encore des acteurs de la classe politique qui attendent sa concrétisation.

PAR SIKOU BAH

Source : Info-Matin

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance