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Sous-région : L’UEMOA POUSSE A L’EMERGENCE DUN MARCHE CULTUREL STRUCTURE

Longtemps traitée comme simple appendice du développement, l’activité culturelle dynamique dans nos pays peut pourtant créer d’énormes richesses et contribuer de manière significative au développement

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L’Union économique et monétaire ouest-africaine entend faire de la culture, l’un des leviers du développement de son espace. Cette  volonté politique a franchi un pas très important le 24 octobre dernier quand lors d’un sommet, les chefs d’Etat et de gouvernement ont adopté un acte additionnel au Traité  instituant une « Politique commune de développement culturel de l’UEMOA ». C’est dans le droit fil de cette politique que la Commission de l’UEMOA vient d’organiser un symposium sur la culture au sein de l’organisation sous-régionale. Ouagadougou, la capitale burkinabé, a abrité du 12 au 14 décembre un rencontre regroupant une centaine de participants venant de divers horizons et structures : représentants des ministères en charge de la culture des 8 pays membres de l’UEMOA, opérateurs culturels, banquiers et responsables d’institutions de financement, journalistes spécialisés dans le traitement des questions culturelles. Des partenaires comme Africalia, le Canada, la France, l’OIF et l’UNESCO étaient également représentés à ce forum dont le thème était « Investir dans la culture au sein de l’UEMOA ».

Le rendez-vous a débattu de six sous-thèmes : « Enjeux et défis du développement culturel au sein de l’espace UEMOA » ; « dynamiques de gestion des entreprises culturelles » ; « conditions de durabilité des entreprises culturelles » ; « financements bancaire et de marché des entreprises culturelles » ; « sponsoring et mécénat culturel » ; « coopération et partenariat public/privé pour le financement de la culture ».

Après l’ouverture officielle, les travaux ont été dirigés par notre ministre de la Culture, Bruno Maïga, qui assure la présidence tournante du conseil des ministres de la culture de l’UEMOA jusqu’à la fin de cette année.

Longtemps traitée comme un simple appendice du développement, la culture démontre chaque jour un dynamisme croissant susceptible de contribuer de manière significative au développement des pays. Son importance dans le développement et la lutte contre la pauvreté ressort de plus en plus au niveau de l’Organisation des Nations unies qui tend à en faire le quatrième pilier du développement durable. Elle représente, au-delà des enjeux sociaux et politiques, l’un des secteurs les plus dynamiques de l’économie mondiale avec une contribution au produit national brut (PNB) mondial de plus de 7%. Dans les pays en développement, cette contribution est de l’ordre de 2 à 3%.

Des études révèlent que les industries culturelles représentent plus de 3,4% du PIB mondial, avec un marché global d’environ 1 600 milliards de dollars (l’équivalent de 800 000 milliards de Fcfa) en 2007. Les industries de la culture et de la création comptent parmi les secteurs les plus dynamiques de l’économie mondiale, avec des taux de croissance de 17,6% au Moyen-Orient, 13,9% en Afrique, 11,9% en Amérique du Sud, 9,7% en Asie, 6,9% en Océanie et 4,3% en Amérique du Nord et centrale, selon un rapport présenté à l’UNESCO en 2011.

L’une des rares études menées dans l’espace UEMOA sur la part de la culture dans le PIB, conduite au Mali en 2007, révèle que l’impact direct des filières de la culture représentait 2,38% du PIB en 2006, le secteur générant 5,85% de l’emploi total de l’économie du pays. Cette donnée ne constitue toutefois qu’une estimation largement en dessous de la réalité, assurent les spécialistes.

Pourtant, un décalage persiste entre le discours public et la pratique. Le déficit de financements alloués au secteur culturel est considérable dans les pays africains. Dans toute la sous-région, le foisonnement de l’activité culturelle, le rayonnement des grandes manifestations et des acteurs culturels, la multiplication des entreprises culturelles et la production exceptionnelle de biens culturels, laissent entrevoir un secteur très productif. Le nombre de projets culturels soumis pour des subventions devient de plus en plus important et ces projets sont de qualité.

Dans l’espace UEMOA, le secteur culturel apparaît assez informel et les chiffres reflètent mal les apports réels de la culture à l’économie et au développement. C’est sans doute l’une des raisons qui explique l’insuffisance notoire des moyens, notamment financiers, alloués à la culture.

En initiant  un symposium sur le financement de la culture, la Commission de l’UEMOA s’inscrit dans l’orientation générale tracée par le document de planification stratégique (2011-2020) mais aussi, dans le sens de son document de politique de développement culturel. A travers cette politique, l’Union entend inscrire, en harmonie avec les politiques nationales, la question du marché culturel dans une perspective globale par la prise en compte d’un environnement assaini, avec des professionnels capables de porter des projets plus ambitieux et mus par la disponibilité de l’information appropriée.

L’ensemble des tendances observées et la volonté de la Commission de s’impliquer davantage dans les questions liées au secteur de la culture, l’ont amenée à inscrire dans son programme 2013, l’organisation d’un cadre de réflexion sur la recherche de sources de financement appropriées pour faire du secteur de la culture un pôle d’investissement économique durable au sein de l’espace UEMOA.

L’objectif global du symposium était d’améliorer les stratégies et les mécanismes de financement de la culture dans le cadre de la politique commune de développement culturel au sein des Etats membres de l’organisation qui regroupe 8 pays : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo.

Y. DOUMBIA

 

UN PAQUET DE RECOMMANDATIONS PERTINENTES

En février prochain, l’UEMOA fêtera ses 20 ans. Depuis le 24 octobre dernier, elle dispose d’une politique commune de développement culturel (voir article ci-dessus).  En ouvrant les travaux du symposium sur la culture qui s’est tenue du 12 au 14 décembre dernier à Ouagadougou, le président de la Commission de l’UEMOA, Cheikhe Hadjibou Soumaré, a fait le lien entre cette rencontre et les deux événements. Il a présenté l’organisation du symposium comme une traduction de la vision 2020 de l’Union qui fait de la culture un pilier de l’intégration régionale, avant d’engager les participants à faire des propositions permettant de renforcer les investissements dans la sous-région dans le domaine de la culture.

Ceux-ci l’ont pris au mot. Ils ont fait une batterie de recommandations qui vont du renforcement du rôle de l’UEMOA dans la restructuration du marché culturel par des appuis à la structuration des entreprises culturelles, à la labellisation des produits culturels en passant par la création d’un système d’information efficace, la mise en place d’un programme de renforcement des capacités managériales des entreprises culturelles au regard des mutations de l’économie mondiale, la mise sur pied à l’échelle régionale et nationale des mécanismes sur le plan de la fiscalité et des régimes douaniers favorables à l’importation et l’exportation des biens et services culturels, en vue d’un renforcement de la compétitivité des entreprises créatives de la zone UEMOA.

Les participants au symposium préconisent aussi la création d’un fonds régional au sein de l’UEMOA pour la promotion des entreprises et des industries culturelles et créatives et la prise en compte des spécificités des entreprises culturelles dans le compartiment PME.

La  rencontre suggère la mise en place de mesures visant à réglementer et à structurer chaque filière culturelle ; et d’un cadre juridique favorable au développement du sponsoring et du mécénat dans la sous-région.

Il faut également favoriser la mise en place d’un cadre réglementaire assurant la promotion du partenariat public-privé, dans le respect du code d’éthique y relatif édicté par le Système des Nations unies ; et encourager la coopération culturelle sous-régionale bilatérale et multilatérale.

Les acteurs culturels présents à Ouagadougou ont jugé nécessaire de soutenir la mise en place d’une composante culture dans tous les projets et programmes et dans l’action des entreprises.  Enfin, il est proposé que l’UEMOA réalise une étude approfondie sur la promotion des entreprises culturelles dans son espace.

Quant aux Etats, il leur est recommandé de mettre en place un mécanisme de financement dédié aux entreprises culturelles au niveau des banques, à l’instar de ceux qui existent déjà pour les secteurs de l’habitat, de l’énergie et de l’agriculture. Chaque pays doit avoir une politique de promotion des entreprises culturelles et prendre des dispositions pour favoriser la consommation des biens et services culturels. La coopération culturelle bilatérale, multilatérale et décentralisée au sein de l’espace UEMOA pourrait être renforcée à travers des programmes d’échanges.

Notre compatriote Seydou Sissouma, le commissaire au Développement humain au sein de la Commission de l’UEMOA, a félicité les participants pour le travail abattu et les a informés d’un certain nombre de mesures déjà en chantier. Il a ainsi annoncé qu’après la mise en place de la coupe UEMOA de football qui regroupe chaque année les équipes nationales des huit pays, l’Union lancera en 2014 un Festival des cultures.

Y. D.

 

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