Mis en place au lendemain de la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger, le Comité de suivi de l’accord (CSA), chargé de la mise en œuvre dudit accord, a du plomb dans l’ail. Les travaux n’avancent pratiquement pas. Pour preuve, les groupes armés de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plate-forme ont publié le vendredi dernier un communiqué conjoint dans lequel ils annoncent la suspension de leur participation à la réunion extraordinaire du sous-comité politico-institutionnel du CSA suite au rejet de la convention subsidiaire par le gouvernement. Bien avant, lors de la précédente réunion du comité de suivi de l’accord, les partis avaient du mal a accordé leurs violons. Car, au moment où les groupes armés exigeaient la mise en place des autorités intérimaires avant le cantonnement, le gouvernement attendait le verdict de la cour constitutionnelle du Mali qui devait se statuer sur la constitutionnalité de la loi sur les autorités intérimaires.
Après huit réunions, seules deux questions, qui pouvaient d’ailleurs être évacuées depuis lors de la première séance de travail du comité de suivi de l’accord, ont pu être tranchées. Il s’agit de la question de la représentativité et celle relative au budget de fonctionnement du comité de suivi de l’accord (Csa). La 8e réunion du comité de Suivi de l’accord s’est achevée, le mardi 26 avril, en queue de poisson. Les travaux ont encore buté sur la mise en place des autorités intérimaires. Et le vendredi 20 mai dernier, la Cma et la Plateforme ont suspendu leur participation à la réunion extraordinaire du sous-comité politico-institutionnel du CSA. « Nous, Plateforme et CMA, avons aujourd’hui décidé conjointement de suspendre notre participation à la réunion extraordinaire du sous-comité politico-institutionnel convoquée ce 20 mai par les co-présidents dudit sous-comité en vue de trouver une solution sur la mise en place des autorités Intérimaires au Nord », c’est ce qui ressort du communiqué conjoint Cma-plateforme. Selon les signataires, Me Harouna Toureh de la plateforme et Mohamed Ag Aharib de la Cma, après plusieurs mois de discussions tripartites avec le gouvernement, et au sein du CSA et de ses démembrements, sur la question des autorités intérimaires, la CMA et la Plateforme constatent que : la démarche consensuelle qui doit présider à la mise en œuvre de l’Accord de paix signé le 15 mai 2015 et parachevé le 20 juin 2015 a été délaissée par la partie gouvernementale au profit de procédures unilatérales. Ainsi, poursuit le communiqué , le gouvernement a rejeté la Convention subsidiaire pourtant paraphée le 11 avril 2016 par les représentants de toutes les Parties à l’Accord, y compris par le Ministre de la Décentralisation et de la Reforme de l’Etat, représentant du Gouvernement. Il ressort également du communiqué que le Gouvernement a aussi promulgué une loi, pris un décret et élaboré un protocole d’entente sans associer les deux autres parties, ignorant ainsi les dispositions essentielles de l’Accord qui prévoient, sur les Autorités intérimaires, que « leur désignation, leurs compétences et les modalités de leur fonctionnement seront fixées de manière consensuelle par les parties ». Par conséquent, réaffirmant leur attachement à la mise en œuvre intégrale de l’Accord et réitérant leur volonté d’arriver à une solution consensuelle permettant la mise en place des autorités intérimaires au nord, la Plateforme et la CMA se tiennent à la disposition du Gouvernement pour reprendre rapidement les discussions sur ce sujet, de bonne foi, dans le respect des dispositions de l’Accord, et en présence des membres de la Médiation en leur qualité de témoins et de garants de l’Accord. En outre, la Plateforme et la CMA réitèrent leur demande adressée officiellement au chef de file de la Médiation concernant l’arbitrage de celle-ci sur l’interprétation des dispositions de l’Accord à propos des autorités intérimaires.« La Plateforme et la CMA remercient à nouveau la Médiation pour leur soutien dans la mise en œuvre de l’Accord et leur demandent solennellement de poursuivre leurs efforts en vue d’une paix durable au Mali. La plateforme et la CMA lancent un appel à la partie gouvernementale afin qu’ensemble, nous puissions reprendre, de bonne foi et en toute transparence, des discussions de nature une mise en œuvre consensuelle de l’Accord, notamment sur les Autorités intérimaires au Nord, dans l’intérêt de la paix et de la cohésion sociale au Mali », conclu le communiqué signé par Me Harouna Toureh et Mohamed Ag Aharib.
Contacté par nos soins, le ministre de la Réconciliation nationale, Zahabi OULD SIDI MOHAMED a fait savoir que les modalités de mise en œuvre des autorités intérimaires seront débattus lors de la prochaine réunion du comité de suivi de l’accord prévu les 28 et 29 mai. « Le processus de paix concerne tout le monde », a-t-il dit. A l’en croire, le gouvernement a été félicité le vendredi dernier par les partenaires pour ses efforts dans la mise en œuvre de l’accord.
Aguibou Sogodogo