Discuter directement avec IBK et l’arrêt des violences contre les manifestants sont les conditions préalables pour un début de dialogue entre le pouvoir et l’opposition.
Dans le cadre de la recherche de solution pour une sortie de crise politique au Mali, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, a dépêché, le vendredi dernier, une forte délégation de leaders religieux et membres des familles fondatrices de Bamako auprès du chef de file de l’opposition. La rencontre a regroupé plusieurs membres de l’opposition autour de Soumaïla Cissé et Cardinal Jean Zerbo et des représentants des familles fondatrices de Bamako.
À la suite d’un huis-clos de deux heures, le porte-parole des médiateurs, Cardinal Jean Zerbo, a déclaré qu’ils étaient venus à la demande du président IBK pour renouer le dialogue entre le pourvoir et l’opposition.
Du côté de l’opposition, la main tendue du président IBK n’est pas sincère. L’opposition reproche au président de fuir ses responsabilités en désignant son Premier ministre pour gérer une crise très profonde. Le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, a tenu à remercier les chefs traditionnels et les religieux pour leur démarche et leur engagement pour trouver une solution à la crise. Toutefois, déclare-t-il, «à mon avis IBK n’est pas encore prêt pour une discussion sur la question ; il préfère laisser son Premier ministre discuter avec nous. Certains d’entre nous ont déjà discuté avec le Premier ministre, mais sa réponse a été une réponse sécuritaire. Je crois que c’est difficile, il s’est disqualifié pour cela».
Cependant, le chef de file de l’opposition se dit prêt à tout sacrifice pour un dialogue vrai et sincère pour mettre fin à cette cirse qui n’a que trop duré : «Nous allons évaluer la situation ensemble pour donner notre position à la médiation. Nous avons toujours été demandeurs de dialogue, mais d’un dialogue vrai, sincère. Nous nous sommes manifestés par des marches. Depuis cinq ans, nous marchons sans aucune violence. Chaque fois qu’il y a eu violence, que ça soit en juin, en novembre et tout dernièrement, cela est dû au comportement des autorités. On ne peut pas nous blâmer pour ça».
À en croire Soumaïla Cissé, pour dialoguer avec quelqu’un, il faut qu’il soit une personne de paix et non violente, une personne qui respecte aussi les hommes et les femmes qui sont en face. «Nous sommes tous des Maliens, nous avons tous des enfants, des femmes et des sœurs. Je crois qu’il n’est pas bon que la violence s’invite dans le débat au Mali. C’est ce que nous regrettons aujourd’hui. Mais nous allons évaluer la proposition des médiateurs. Mais, pour mon sentiment personnel, IBK n’est pas prêt pour un dialogue, une discussion vraie et sincère. Il lui semble que tout va bien au Mali. Mais je pense qu’il se trompe très sincèrement, car il n’a pas toutes les informations ; il devrait y réfléchir encore…»
Pour une sortie de crise politique, la balle est désormais dans le camp d’IBK. Notons qu’au cours de la rencontre entre l’opposition et les leaders religieux et chefs coutumiers, il n’a pas été question d’annulation du meeting ou de marche.
Y. Doumbia
Le Débat