Les garde-côtes du Puntland (nord-est de la Somalie), qui patrouillent la zone où des pirates retiennent depuis lundi un tanker et son équipage sri-lankais, ont échangé des tirs jeudi avec un groupe d’hommes armés qui se dirigeait vers le navire.
L’accrochage s’est produit non loin du tanker Aris 13, détourné lundi par des pirates qui retiennent en otage les huit membres d’équipage sri-lankais, ce qui constitue la première attaque réussie d’un navire marchand par des pirates somaliens depuis 2012.
« Il y a eu un bref échange de tirs dans la zone côtière, là où le bateau (le Aris 13) est retenu », a déclaré à l’AFP Abdirahman Mohamud Hassan, le directeur général de la force maritime du Puntland, une région semi-autonome de Somalie.
Une patrouille « a été visée par des tirs d’hommes armés à bord d’une petite embarcation et nous avons répliqué », a poursuivi le responsable.
Selon Abdulahi Yahya, un pêcheur de la localité de Habo où le tanker est actuellement au mouillage, les hommes armés se dirigeaient vers le Aris 13 lorsqu’une patrouille des garde-côtes a tenté de les intercepter, déclenchant la fusillade.
« Les hommes armés à bord du bateau détourné ont alors contacté le commandement (des garde-côtes), leur demandant de cesser le feu. Il n’y pas eu de blessés selon mes informations », a ajouté le directeur général de la force maritime du Puntland.
Ce dernier a précisé que des tractations pour libérer le navire étaient toujours en cours et qu’un gouverneur de la région, dont on ignore l’identité, a été désigné pour conduire ces négociations.
« L’administration du Puntland est très claire sur cette prise d’otages: il faut qu’ils y mettent fin très rapidement », a-t-il mis en garde.
– Equipage sain et sauf –
Un peu plus tôt, un autre responsable des garde-côtes du Puntland, Mohamed Deeq, avait expliqué à l’AFP que si les négociations échouaient, il n’était pas exclu que « les forces (du Puntland, NDLR) lancent un assaut ».
« Je ne suis pas sûr qu’ils (les pirates) aient réclamé de l’argent jusqu’à présent », a ajouté M. Deeq. La force navale européenne de lutte contre la piraterie avait indiqué mardi avoir discuté avec le capitaine du tanker, qui leur avait dit que les pirates réclamaient une rançon.
Au Sri Lanka, un porte-parole de la société de transport maritime AJ Shipping Private Limited a indiqué aux familles des otages que le propriétaire grec du navire avait pu entrer en contact avec le capitaine Nicholas Thangenthren qui lui a assuré que les marins étaient sains et saufs.
« Nous sommes confiants: l’équipage sera libéré très rapidement » a déclaré le porte-parole Tyronne Fernando aux proches des otages, en présence de la presse.
L’Aris 13 transportait du pétrole et du gaz de Djibouti à Mogadiscio lorsqu’il a été attaqué par des hommes armés à bord de deux skiffs, des embarcations rapides utilisées par les pirates.
Selon John Steed, responsable de l’Afrique de l’Est pour l’organisation de lutte contre la piraterie Oceans Beyond Piracy (OBP), l’Aris 13 n’a pas respecté les « meilleures pratiques » mises en place par les armateurs: il naviguait trop près des côtes, à une vitesse trop lente, et sans escorte armée.
Les pirates « sont des pêcheurs exaspérés par la pêche illégale au large de leurs côtes » par des navires étrangers, a pour sa part expliqué à l’AFP Abdiwahab Ahmed, un notable (elder) de la localité d’Alula. Le tanker se trouvait au large d’Alula mardi avant d’être déplacé vers Habo, à quelques km au sud-ouest.
La piraterie somalienne, qui avait repris à une échelle industrielle en 2005, a connu son apogée en 2011 et les attaques avaient très sérieusement perturbé la navigation internationale dans cette zone très fréquentée par les navires commerciaux. Mais les mesures de lutte anti-piraterie, dont le déploiement de forces navales internationales, avaient fini par porter leurs fruits.