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Situation sécuritaire et crise du nord : les confidences d’un jeune militaire Touareg qui a failli se faire lyncher à deux reprises

Les récents évènements à Bamako ont créé un sentiment de psychose général au sein des populations.  La sécurité a été renforcée à tous les niveaux. Le spectre d’autres attentats plane comme une épée de Damoclès sur la tête de tous les Maliens.  Autant de situations qui peuvent entrainer des amalgames entre les populations et créer une perception de méfiance vis-à-vis de nos compatriotes touaregs, arabes ou tamasheqs. Nous en avons pour preuve l’expérience d’une jeune touareg, fier d’être malien et ne partageant aucune vision des mouvements indépendantistes, qui a failli se faire lyncher à deux reprises par une foule le confondant à un bandit ou rebelle. Des situations auxquelles il faille s’attendre, qui nécessitent une forte sensibilisation de l’opinion nationale et des mesures d’anticipation des autorités compétentes en la matière. 

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« Les gens n’ont pas les mêmes mentalités. Certains de nos frères maliens pensent que tous les touaregs, tamasheqs ou arables sont des rebelles. Il est vrai que ces derniers représentent une minorité, mais une grande partie des populations ne nous fait pas du tout confiance » a-t-il introduit. Avant de poursuivre qu’il a, lui-même, été victime plus d’une fois des hostilités venant de certains de nos compatriotes n’ayant pas encore compris que tous les gens de couleur ne sont pas des rebelles encore moins partisans du MNLA. « Je suis militaire malien et je suis fier de l’être. Le vert, le jaune et le rouge est mon drapeau. Je ne me reconnais nullement à travers le MNLA encore moins un autre mouvement djihadiste ou séparatiste. Le mot Azawad ne me dit absolument rien » a-t-il dit avec fierté.

Un sentiment de fierté et d’appartenance qui s’est dissipé auprès de plusieurs jeunes touaregs suite à des expériences très peu agréables.  Selon notre interlocuteur, ces derniers se retrouvent dans les camps des rebelles du fait des nombreux préjugés et amalgames dont ils sont victimes par le reste des populations.  Il a été lui-même tabassé un jour par une foule en colère au niveau du ‘’railda’’. « On m’a traité de rebelle et de djihadiste, j’ai reçu des coups et je me suis senti vraiment très mal. N’eut été  l’intervention des gardes postés devant l’Assemblée Nationale, j’aurais été frappé à mort ou même brulé vif », a-t-il dit avec détresse. A cette mauvaise expérience s’ajoute une autre tentative de lynchage, à laquelle il a échappé lors d’une patrouille avec les forces de l’ordre, par des individus malintentionnés qui l’ont également traité de bandit. « J’ai mes propres parents qui ont fui le nord pour se refugier en Mauritanie et cela fait bientôt trois ans. Beaucoup d’autres familles sont dans cette situation. La majorité des touaregs, arables et tamasheqs ne soutient pas le MNLA et ne partage pas ses revendications séparatistes ou indépendantistes. Aussi, de nombreux jeunes rejoignent les rangs de la rébellion par crainte d’être rejetés ou marginalisés. En créant donc l’amalgame, nous ne contribuerons qu’à agrandir les rangs du MNLA et autres mouvements » a-t-il dit pour terminer.

Les propos de ce jeune touarègue se tiennent à un moment très sensible, marqué par une psychose générale au sein des populations. Une situation délétère qui s’est empirée avec les récents évènements à Bamako. Il est donc très important, dans le souci de préserver le tissu national et la cohésion sociale,  que les uns et les autres fassent très attention et évitent de faire des amalgames. Les autorités ont mis à la disposition des populations des mécanismes de dénonciation des personnes présumées suspects ou de tout fait inhabituel de nature douteuse. Seuls ces mécanismes doivent être utilisés pour clarifier toute situation inhabituelle.

KANTAO Drissa

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