Au Mali, s’il y a aujourd’hui consensus autour d’une question, c’est bien la nécessité de réviser la Constitution du 25 février 1992. Tous les acteurs de la classe politique et de la société civile sont presque unanimes sur la question. Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est la démarche qui nous permettra d’aboutir à ce but.
Contrairement à cette logique, le parti APM-Maliko a adopté une démarche solitaire en invoquant, dans un communiqué officiel, l’inopportunité de la révision constitutionnelle, avec comme argument l’insécurité qui gangrène le pays.
Certes, l’insécurité est aujourd’hui une réalité tangible au Mali et doit être d’ailleurs une priorité pour les autorités nationales. Face à cette évidence, l’État doit-il sursoir à tous ses projets de développement en attendant que la sécurité soit totale dans le pays ? Évidemment non ! Surtout s’il s’agit de procéder à une révision de la loi fondamentale permettant de prendre en compte des préoccupations sécuritaires, comme la mise en œuvre de certaines dispositions de l’Accord pour la paix.
Si le parti APM-Maliko trouve que la révision de la constitution ne doit pas aujourd’hui être à l’ordre du jour, l’on est en droit de lui retourner la question, à quand la fin de cette crise sécuritaire?
Ce parti soutient que ‘’pendant que le pays continue de traverser une crise sécuritaire, économique et politique, exacerbée par une tension politique post-électorale, le tout sur fond d’effervescence du climat social avec les grèves multiples de la plupart des organisations socio-professionnelles et de tension au niveau des groupements religieux, c’est justement le moment que choisit le Gouvernement pour annoncer le processus de révision constitutionnelle’’.
En plus, l’ADP-Maliba se demande ‘’comment organiser un débat aussi important et profond dans les régions Nord et Centre de notre pays où l’État est presque totalement absent et les populations livrées à elles-mêmes face à des bandits de tous ordres munis d’armes de guerre ?’’
Pour le parti, aujourd’hui, la priorité du gouvernement malien devrait être comment arrêter la métastase de l’insécurité vers le Sud et la fracture sociale de notre pays.
Cette posture de l’APM-Maliko est d’autant plus incompréhensible que depuis quelques années, partis politiques organisations de la société civile du Mali s’accordent à reconnaitre que le pays a besoin de revoir sa Constitution en vue de l’adapter à certaines évolutions économiques, sociales et politiques du moment, tant au plan national que régional. Dans cette posture, le parti APM-Maliko passe à côté quand on sait que malgré cette situation d’insécurité, dont il fait cas aujourd’hui, a accepté d’être candidat à l’élection présidentielle de 2018. Une élection dont l’organisation réussie a surpris plus d’un. Ainsi, l’APM-Maliko va à contre-courant de la majeure partie des partis politiques et des organisations de la société civile qui posent comme préalable l’inclusivité.
PAR MODIBO KONE
Info-matin