Le destin de la nation résiliente du Mali est en marge. À la veille de l’annonce du retrait de la France, le Directoire du Cadre d’échanges des partis et regroupements de Partis politiques pour une Transition réussie au Mali s’est réuni, le mercredi 16 février 2022, au siège de l’Action républicaine pour le Progrès (ARP). Objet : s’accorder sur les conclusions du séminaire du Cadre tenu le 9 février 2022 qui font divergence dans les rangs.
En effet, à la suite de la résolution de ne pas reconnaître les institutions après le 25 mars, plusieurs composantes, dont l’Adéma et Yéléma, ont fait part de leur désaccord à adhérer à cette position maximaliste. Les héritiers d’IBK qui n’ont pas fini de se crépir le chignon auront du mal à suivre un extrémisme politique qui pourrait difficilement concourir à l’apaisement.
Au regard de la ligne de fracture qui bouge dangereusement, le Cadre s’est réuni en catastrophe pour procéder un rétropédalage sans frais, pardon un recadrage de ses positions hier gaillardement affichées pourtant. Positions qu’il a désormais du mal à assumer…
C’est pourquoi le Directoire du Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour une Transition réussie au Mali a botté en touche, sans vouloir se renier, pour réitérer «son exigence concernant la mise en place dans les meilleurs délais d’une transition neutre avec un programme clair, centré sur le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national, l’apaisement du climat sociopolitique, le renforcement de la relation entre notre pays et ses partenaires et le retour rapide à l’ordre constitutionnel normal à travers l’organisation d’élections libres, démocratiques et transparentes ». Revoit-il ses prétentions à minima ?
En tout cas, ceux qui ont pantalonné hier en criant sur tous les toits qu’ils ne reconnaîtront plus les autorités à partir du 25 mars semblent avoir écouter religieusement le sage Alassane Dramane Ouattara en mettant beaucoup d’eau dans leur ‘’Nyamakudji’’. Désormais sans délai, pardon sans frais, ils estiment que la « nouvelle transition qui débutera à compter du 25 mars 2022 doit être conduite par un nouveau gouvernement de mission dirigé par un chef de gouvernement non partisan, consensuel, compétent, intègre et ayant une connaissance avérée des dynamiques politiques, économiques et sécuritaires du pays afin d’assurer une sortie honorable de notre pays de cette période de transition ». Un appel du pied pour rejoindre l’attelage gouvernemental en demandant plus pour avoir le moins ?
Ceux qui refusent d’assumer leur opposition à la Transition, pardon leur auto-exclusion de la gestion publique, enfoncent une porte déjà ouverte en exigeant « l’ouverture d’un dialogue franc et sincère avec les acteurs politiques, cheville ouvrière de toute démocratie et les forces vives de la Nation, sur la marche de la nouvelle période de transition à l’effet de convenir d’un délai raisonnable et acceptable, et ce avant le 25 mars 2022, afin que nous parlions d’une seule et même voix auprès de nos partenaires de la CEDEAO et de la communauté internationale ».
Somme toute une reculade sans grande gloire sur des exigences politiques qui ne sont que des réchauffées déjà en cours de mise en œuvre ou à réactualiser en raison du nouveau contexte sociopolitique consécutif au retrait de la France. Retrait sur lequel le Cadre, comme beaucoup d’acteurs politiques qui font dans la duplicité, ne s’est pas encore prononcé.
Attendons de voir.
PAR MODIBO KONÉ
Source : Info-Matin