Après avoir pris ses éléments de langage auprès de Paris, dans un entretien accordé à France 24 lors du sommet UE-Union africaine à Bruxelles, le président du Ghana, président en exerce de la CEDEAO Nana Akufo-ADDO estime que le retrait des troupes françaises du Mali aboutira à de «nouveaux arrangements» dans la lutte régionale contre le terrorisme. Il exige le départ de ceux qu’il qualifie de «mercenaires étrangers» de la région et précise que des négociations sont en cours avec la junte malienne sur un chronogramme électoral.
Pour Nana Akufo-ADDO, la proposition de la junte d’une transition de quatre ans est «clairement inacceptable». Le Président ghanéen estime en revanche qu’»une période de transition de 12 mois représenterait un cadre acceptable», tout en soulignant qu’il ne s’agit pas là de la position officielle de la CEDEAO. Alors, si le président de la CEDEAO ne peut pas parler au nom de la CEDEAO, bonjour l’impasse !
Déjà sur le sujet, le président Macky SALL a eu un entretien téléphonique avec le président de la Transition Assimi GOITA. Et lors d’une interview en marge du sommet UE-UA, il a expliqué qu’il faut maintenir avec les autorités maliennes en vue de mettre à l’essentiel qui constituera de « s’accorder sur un schéma raisonnable de Transition qui mettra au Mali de revenir dans les concerts des nations ». Ce dernier, selon des souces, ne semble pas avoir la même lecture que le président du Ghana sur la durée de la Transition au Mali.
Ce nouveau délai est confronté à de nombreuses difficultés en temoigne la proposition de l’Algérie (16 mois maximum) qui a jeté d’emblée rejeté par certains chefs d’Etat de la CEDEAO. Et la sortie du président en exercice de la CEDEAO qui a parlé en son nom est le silence de la malaise au sein de l’organisation sur le Mali.
Par ailleurs, la mise en place d’un cadre de travail pour l’élaboration d’un chronogramme consensuel marque une évolution de la situation. Toutefois, certains observateurs déplorent qu’outre sa mise en place, il n’y a pas eu des efforts consentis pour échanger et discuter véritablement.
En tous cas, par rapport au retour à l’ordre constitutionnel, les autorités de la Transition ont affiché leur volonté de transmettre le pouvoir à un président démocratique élu. Cependant, elles laissent entendre que la seule mission de la Transition ne doit pas se résumer seulement à la tenue des élections en faisant fi des réformes profondes en vue d’éviter au pays de tomber dans un autre coup d’État.
En plus, l’exigence de ces réformes, le gouvernement estime également le contexte sécuritaire n’est pas propice pour tenir une élection crédible, transparente et apaisée même si la montée en puissance des forces armées maliennes est constatée dans plusieurs localités du pays.
À cet effet, le directeur de l’Information et des relations publiques des armées, le Colonel DEMBELE lors de sa conférence de presse périodique a confirmé cette nouvelle dynamique des FAMa. Il s’est réjoui que la peur ait changé de camp et que ce soit les terroristes qui sont ‘’terrorisés’’ par nos soldats. De plus en plus, les groupes armés terroristes jouent à l’évitement souvent en se fondant dans la population ou prendre des civils comme bouclier.
Illustrant cette montée, il a rappelé que depuis le 25 décembre, 208 terroristes ont été neutralisés, dont 142 sur le Théâtre Centre et 108 interpellations. En outre, 47 armes, 28 véhicules, 94 motos, 718 sacs de céréales, 453 bétails et plusieurs munitions ont été également saisis.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin