Dans le Mali de la rupture dans la continuité, les passe-droits ont plus que jamais droit de cité. En l’espace de trois jours, le Gouverneur du District refuse une autorisation de manifester à une association et l’accorde à une autre, dans le même contexte de COVID-19.
En effet, le 21 juin 2021, le Gouverneur du District de Bamako écrivait en ces termes à Madame Mariam KONE, Présidente du Front Populaire Contre la Vie Chère : ‘’en réponse à votre correspondance citée en référence, relative à l’organisation d’un sit-in prévu le Mardi 22 Juin à partir de 10 heures, devant la Primature, j’ai le regret de ne pouvoir donner une suite favorable à votre demande en raison de l’état d’urgence et des mesures barrières relatives au Covid-19’’.
Dans une correspondance adressée le 24 juin 2021 à Monsieur Ibrahima Makan KEITA, Chargé de Communication de YERE WOLO-Débout sur les remparts, le même Gouverneur du District de Bamako écrit : ‘’en réponse à votre correspondance citée en référence, relative à une demande d’autorisation en vue de l’organisation d’un rassemblement par YERE WOLO DEBOUT SUR LES REMPARTS, à la place de l’indépendance de Bamako, prévu le 25 juin à partir de 14 heures, j’ai l’honneur de vous notifier mon accord sous réserve du respect des masures barrières relatives à la Covid-19 et des dispositifs sécuritaires liés à l’état d’urgence’’.
En catégorisant les associations, par conséquent les citoyens qui les composent, le Gouverneur du District de Bamako se rend coupable de violation de l’article 2 de la Constitution du 25 Février 1992, toujours en vigueur qui dispose : ‘’Tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs. Toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la couleur, la langue, la race, le sexe, la religion et l’opinion politique est prohibée’’.
La décision de l’Exécutif est aisée d’interprétation. Il y a, une part, un front qui enquiquine et harcèle pour la défense des droits des consommateurs rudoyés par la cherté de la vie, d’autre part, une association qui apparaît la voie du maître, une sorte de supplétifs, dans sa guerre feutrée contre ceux qui le trouvent indésirable, qui réclament à cor et cri le messie russe.
Pourtant Voltaire écrivait : ‘’je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous puissiez le dire». La démocratie, c’est la pluralité des opinions. Ce que le Gouverneur fait, est la promotion de la pensée unique par musellement d’autorité des voix de ceux refusent de s’aplatir devant le prince du jour, de verser dans un déni toxique de réalité, de se transformer en panégyristes, thuriféraires du régime.
Par rapport à YERE WOLO-DEBOUT SUR LES REMPARTS, le Gouverneur donne son quitus à la manifestation ‘’sous réserve du respect des masures barrières relatives à la Covid-19 et des dispositifs sécuritaires liés à l’état d’urgence’’. Franchement, peut-il y avoir pire aberration ? Comment peut-on réunir des centaines, voire des milliers de personnes et leur demander d’observer une distanciation d’un ou de deux mètres ? Peut-être que YERE WOLO peut réussir et exploit de l‘ordre du surnaturel et que le Front populaire ne le peut pas. Ce serait un jugement de valeur, une nasse dans laquelle une administration sérieuse ne devrait pas se laisser prendre les pieds.
C’est pathétique comme exutoire d’une autorité administrative qui ne s’encombre d’aucune espèce de précaution élémentaire. En général, on conseille : quand on n’a rien à dire, on se tait. C’est préférable à seriner des inepties.
PAR BERTIN DAKOUO
Source: Info-Matin