Le remaniement ministériel tant murmuré a eu lieu finalement sans tambour battant de ceux qui sont, généralement, dans le secret des confidences. Les lanceurs d’alerte et autres chroniqueurs en vedette n’ont ni senti la fumée et à fortiori la flamme. L’un des constats est le maintien du Premier ministre sur qui de nombreuses personnalités ont parié pour son expulsion du gouvernement.

Véritable déculottée pour les adversaires politiques qui devront encore sentir Choguel Kokalla MAIGA, malgré le réquisitoire très critique contre lui. Signe de démenti de désaccord entre le Premier ministre et les autorités militaires à la tête du pays. Toutefois, son maintien n’est pas forcément synonyme d’un parcours sans faute étant chef de l’exécutif.

Le gouvernement de transition a-t-il tout réussi ? Non. Quotidiennement il œuvre à la satisfaction du bien-être et des attentes des Maliennes et des Maliens conformément à la mission qui lui est assignée par le président de la Transition. Tant que la sécurité, la gestion de la hausse des prix des denrées reste à challenge pour l’équipe dirigée par Choguel Kokalla MAÏGA.
En dépit de cette évidence, des sons de sirènes politiques engagés dans la guerre informationnelle ne saluent que la montée en puissance des Forces armées maliennes tout en s’en prenant au Premier ministre accusé de favoriser une politique d’isolement du Mali sur la scène internationale en s’appuyant notamment sur la brouille avec la France et la CEDEAO.
Puisque, estiment-ils, le gouvernement a peu de bilan, il doit être dissous et son chef, Choguel Kokalla MAÏGA doit être destitué et renvoyé. Sauf que le remaniement tant attendu opéré le samedi dernier par le Président de la Transition sur consultation du Premier ministre confirme Choguel dont la tête était ‘’mise à prix’’, pardon, réclamée par ses détracteurs l’accusant d’être clivant et de conduire la transition à une impasse.
Ainsi, son maintien en plus d’être une surprise a été aussi un choc pour bon nombre de leaders politiques engagés dans un combat de ‘’Tout sauf Choguel Kokalla MAÏGA’’. L’Adema, le Parena, la Codem, le RPM et la dissidence du M5-RFP sont sur la longue liste des partis politiques qui ont exprimé le souhait de voir le Premier ministre être remplacé par un cadre « neutre » et « rassembleur » dans un contexte, justifient-ils, où le pays a plus besoin d’une personne capable de fédérer les Maliens de tout bord.
Si leur vœu de la formation d’un nouveau gouvernement s’est concrétisé avec la constitution d’une équipe de 25 membres, en revanche le réquisitoire très critique contre Choguel Kokalla MAIGA n’a pas, à ce stade, changé l’opinion des autorités militaires aux commandes de la transition. Résultat : on assiste à l’échec de la stratégie ‘’Tout sauf Choguel Kokalla MAïGA’’ en tous cas à ce stade du jeu politique.
A ne pas accéder à cette demande plusieurs fois formulées par des responsables des partis politiques, les officiers auteurs du coup d’État réitèrent leur confiance et soutien au Premier ministre au cœur d’une cabale politique et politicienne. Une situation qui a été quelque part entretenue par le chef de l’exécutif pour avoir s’attaquer aux acteurs du mouvement démocratique.
Par ailleurs, le maintien du Premier ministre n’est pas aussi le résultat d’un parcours sans faute, étant chef d’un exécutif confronté à de nombreux défis sécuritaire, humanitaire, socio-politique et économique.
En outre, ce remaniement est un désaveu pour des partis politiques qui sont désormais très peu représentés dans le nouveau gouvernement. La dose politique a fortement baissé comparativement à l’ancienne équipe. En effet, le nouveau gouvernement est constitué de technocrates, des cadres de l’administration publique qui auront certainement la lourde responsabilité de conduire les élections générales pour le retour à l’ordre constitutionnel prévu en février 2024.

PAR SIKOU BAH

Source : Info Matin