«On lie les bœufs par les cornes, les hommes par les paroles ». Cet adage peine à se concrétiser dans notre pays où des autorités accordent peu d’intérêt à leur engagement. En effet, depuis quelques années, le pouvoir est en train de perdre toute crédibilité à cause des engagements non honorés. Conséquence : une nouvelle ébullition du front social est en perspective. Puisque plusieurs services s’apprêtent à aller en grève dont la santé, la protection civile et même la plus grande centrale syndicale du pays, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM).
Mentir pour gouverner est tristement en vogue au Mali où le pouvoir en place s’en sert comme son mode de gestion par excellence. Depuis quelques années, rares sont les engagements pris par l’État et qui ont été entièrement respectés. Des promesses sont tenues dans les accords ou dans les procès-verbaux, mais elles ne sont pas suivies d’effet pour la plupart des cas.
D’autres sont exécutées à moitié. Sans remontrer la machine du temps, il y a l’accord entre le gouvernement et l’UNTM. Il y a aussi l’engagement pris aux acteurs de la santé et ceux de la protection civile. Las d’attendre, des responsables de ces secteurs veulent utiliser les moyens forts.
Et dès aujourd’hui, des syndicats de santé de Bamako et de Kati vont entamer une grève de 10 jours en cette période canicule, période propice à l’apparition de certaines pathologies. Au total, le syndicat national de santé a huit points de revendications parmi lesquels certains qui avaient déjà fait l’objet d’accord avec le gouvernement.
En outre, ils demandent à l’État, la sécurité du personnel et l’amélioration des conditions d’accueil, d’hospitalisation et des soins des patients.
Aussi pour des motifs de non-respect par le gouvernement de son engagement, les deux syndicats de la protection civile menacent également d’aller en grève. Ils reprochent aux autorités de la transition de ne pas honorer entièrement leur promesse de payer la prime spéciale Covid-19. En effet, à l’instar du personnel de santé mobilisé ainsi que des éléments des forces de sécurité et de défense affectés à la surveillance du couvre-feu et des lieux d’attroupements éventuels, une prime spéciale doit être payée aux agents de la Protection civile (Sapeurs-Pompiers), selon un engagement du Gouvernement de la République du Mali. Pendant que les autres sont en train d’être payés en intégralité, le ministère de la Sécurité veut payer la Protection civile par tranche. Faute d’accord sur le paiement en intégralité, pour la date butoir de ce lundi 19 avril, la Section syndicale de la Protection civile qui dénonce une ‘’maltraitance’’ de la part du département de la Sécurité et de protection civile et le Syndicat national des fonctionnaires de la Protection civile…
Le Secrétaire général du Syndicat national des fonctionnaires de la Protection civile, le Lt-Colonel Sinaly BERTHE a dénoncé que sur les 207 000 FCFA que chaque agent devait percevoir, les autorités n’ont payé que 150 000 FCFA et même pas tous les agents concernés. Il rappelle que la Protection civile est un corps qui a une vocation humanitaire qui ne réagit qu’en désespoir de cause. Mais cette fois-ci, trop c’est trop. Ils ne toucheront aucun kopeck tant que le problème de paiement ne sera pas réglé au fond. Faute d’accord aujourd’hui, tranche le secrétaire général, le préavis de grève sera demain mardi sur la table du ministre du Travail.
A l’image des agents de la santé, de la protection civile ; la plus grande centrale du pays, l’UNTM, est aussi en entente depuis quelques mois de l’application des points d’accord du Procès-verbal de conciliation avec le gouvernement et le patronat malien. Selon des sources, à défaut d’une satisfaction rapide des points d’accord, l’UNTM n’exclut pas de déposer un préavis de grève la semaine prochaine. Tous ces rebondissements sont les conséquences du non-respect par l’État de ses engagements. Au lieu de s’exécuter, une fois les accords signés, leur mise en œuvre est renvoyée aux calendes grecques.
Par Sikou BAH
Source : INFO-MATIN