Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Sans Tabou: assainissement à Bamako, revoilà les opérations sapeur-pompiers

Sans une volonté politique forte soutenue par des textes règlementaires, les autorités ne sauraient venir à bout du problème de l’assainissement. Ce n’est pas des opérations ponctuelles, à l’image de celle initiée par le Mouvement An Biko, qui règleront ce fléau comme par incantation. Le secteur a besoin de réformes et de dispositifs pérennes pour éviter un éternel recommencement.

Depuis plusieurs jours, les ordures sont devenues maîtres des espaces publics. Les carrefours, les trottoirs sont tous submergés de déchets. En somme, nos espaces publics sont transformés en des sites de dépôts de déchets. Les usagers de la route, piétons s’y faufilent souvent pour se frayer un chemin. Un cliché déshonorant. Un look d’un bidonville.
Pour changer la donne, le Mouvement An Biko dirigé par Fatoumata Batouly NIANE a lancé, vendredi dernier, une opération d’évacuation des déchets bordant des rues de la commune II au Rail-Da, au monument Palestine, entre autres. Cette initiative, à l’instar des précédentes, s’apparente à des opérations de Com de coup de balai qui n’ont réglé le problème que quelque temps.
Cette question tant décriée par les habitants et mêmes des autorités politiques et administratives n’a jamais été sérieusement traitée ou prise en compte par les décideurs. Chaque régime ou gouvernement tente de gérer la situation en fonction de l’urgence du jour et de l’humeur du chef du moment. En clair, il n’y a pas encore au Mali une véritable politique d’assainissement du pays.
Au lieu de tirer les enseignements de cette situation au nom de la refondation, les nouvelles autorités semblent laisser cette situation au bon vouloir d’un mouvement politico-citoyen qui n’a aucune expérience en la matière.
Surtout que des initiatives similaires avaient été expérimentées notamment à Bamako, mais qui n’ont pas eu de lendemain meilleur.
En effet, les opérations de Com ou ponctuels ne sauraient venir à bout de la question récurrente problématique de l’assainissement de la ville de Bamako. L’Etat doit prendre sa responsabilité de faire face aux problèmes structurels, et cela nécessite une véritable politique d’assainissement accompagnée de ressources financières et humaines qualifiées.
Après 60 ans d’indépendance, notre pays ne dispose pas de décharge finalement capable de contenir les 2 000 tonnes de déchets produits par jour à Bamako et environnants. Ainsi, les initiatives d’évacuation ne sauraient donner de résultat sans cette décharge.
Outre ce dépôt final, l’État doit créer des sites de transit au profit des collectivités. Seulement pour Bamako, il y a qu’un seul dépôt de transit situé à Lafiabougou. Et celui-ci est fermé depuis plusieurs semaines. A ce jour, il n’y a pas à Bamako, de dépôt de transit opérationnel pour accueillir les déchets.
A cela s’ajoute, l’absence d’une unité de transformation de déchet dont la réalisation contribuera pour autant à la création de l’emploi et renforcer l’économie nationale.
Aussi comment relever ce défi quand l’État est incapable de transférer les ressources financières liées à l’assainissement aux collectivités ?
Conformément aux textes de la décentralisation, ce secteur est confié aux collectivités qui doivent bénéficier de la subvention de l’État à cet effet. Contrairement à la loi qui gère la décentralisation, l’Etat traine dans le paiement des ressources à transférer aux collectivités.
Or, tous les pays qui ont réussi à créer un cadre de vie propre pour leur peuple, à l’image du Rwanda, du Maroc, du Ghana n’ont pas lésiné sur les moyens financiers, en plus de créer des textes qui régissent le secteur et dont leur application est surveillée de près.
Pour une fois, le pouvoir doit arrêter son amateurisme et gaspiller le denier public en soutenant des initiatives sans espoir pour aller véritablement vers une refonte de ce secteur soutenu par des ressources financières et humaines.

PAR SIKOU BAH

Source : Info Matin

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance