L’état du financement du plan de réponse humanitaire de notre pays de 2023, à ce jour, ne représente que 18,2% des besoins exprimés, selon le bulletin périodique de OCHA du 8 juillet dernier, pour venir en appui aux 8 millions de Maliens en situation de vulnérabilité.
La persistance de l’insécurité affecte négativement la situation humanitaire au Mali depuis 2012. « Plus de 375 mille personnes déplacées et 8 millions d’autres en attente d’assistance humanitaire en 2023 », indique le dernier rapport du Secrétaire général des Nations unies, Antonio GUTERRES, sur le Mali publié le 16 juin.
À mi-chemin de l’année, les efforts en termes de financement de l’assistance humanitaire dans notre pays demeurent encore très faibles. En effet, selon l’OCHA, sur un besoin exprimé de 751 millions de dollars (450 milliards de FCFA) à ce jour, seulement 137 millions de dollars (plus de 82 milliards) ont pu être mobilisés, soit 18% du financement. Ce qui représente un important déficit de financement de la réponse d’urgence à combler.
Le plus grand donateur, qui est les USA, a donné à lui seul près de la moitié, soit de plus de 40% des ressources financières mobilisées. Ce pays est suivi de l’Allemagne, la Suède, la France, la Norvège ET du Japon.
De 2015 à nos jours, c’est le plus faible taux de financement de l’assistance humanitaire à ce stade alors que les besoins attendent et les demandes sont de plus en plus fortes. Des déplacements massifs se poursuivent encore. À la date de mai 2023, le nombre de déplacés internes s’élevait à 375 539 personnes, selon le rapport de la MINUSMA. 55 % d’entre eux se trouvent dans les régions du Centre, 40 % dans celles de Gao, Kidal, Ménaka et Tombouctou, précise le document.
Le rapport de l’OCHA de mai 2023 soulignait également que des habitants continuaient de subir les violences des groupes terroristes.
« Les habitants des cercles de Mopti, Djenné, Tenenkou et Koro ont subi des restrictions d’accès aux services imposées par les Groupes armés non étatiques (GANE). Face au refus de ces habitants de payer la Zakat d’une part et à leur lien supposé avec les Forces armées maliennes (FAMa) d’autre part, les GANE ont mis sous ‘’blocus’’ le village de Tomona, cercle de Tenenkou en guise de représailles », rapporte OCHA.
La circulation sur l’axe reliant la ville de Koro au Burkina Faso sur la RN15 a été temporairement suspendue et les contrôles irrégulières sur les axes routiers renforcés par ces hommes armés. Comme conséquence, l’accès aux champs et au marché hebdomadaire aurait été interdit aux habitants du village Diaka au début mai 2023, selon le bulletin de OCHA.
Outre l’appui des partenaires pour la prise en charge des besoins humanitaires, les autorités de la transition ont également fait face à l’ampleur des demandes. En dépit de la restriction de ressources, elles ont annoncé avoir mobilisé un budget total notifié de 41 983 050 0000 FCFA en réponse à l’insécurité alimentaire, au titre de l’année 2023.
Cet appui est destiné à plus de 1,9 million de personnes qui ont un besoin urgent de renforcement de leurs moyens d’existence.
À cause de ces faibles engagements de part et d’autre (partenaires et l’État) depuis quelques années, la crise malienne figure sur la liste des 10 crises les plus négligées au monde. Dans son rapport annuel, le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) note qu’en 2022 le Mali a gagné un rang en quittant la 6e à la 7e place.
PAR SIKOU BAH
Source : Info Matin