‘’Chassez le naturel, il revient au galop’’. Cet adage résume en quelque sorte, le comportement belliqueux et moyenâgeux de certains élèves et étudiants de notre pays, en ce 21e siècle.
Ces étudiants, partisans du moindre effort, ont substitué, depuis plusieurs années, l’argument de la force à la force de l’argument, avec la complicité des plus hautes autorités du pays, de certaines autorités scolaires et universitaires, ainsi que des parents d’élèves et d’étudiants. Et pourtant, il s’agit bien de comportements bien contraires à l’esprit même de leur association, l’AEEM.
Ces derniers jours, les réseaux sociaux font état d’affrontements sanglants entre étudiants sur la colline de Badalabougou, avec un bilan présumé provisoire d’un mort, plusieurs blessés et beaucoup d’armes saisies. Des images atroces, dans ce sens, circulent sur les mêmes réseaux montrant une victime de ces affrontements agonisant dans une mare de sang.
Où est alors passé le serment de nos étudiants de bannir toutes formes de violences en milieu scolaire et universitaire et de prôner le dialogue comme moyen de résolution de tous leurs différends ? En tout cas, ces violences qui avaient baissé d’intensité, il y a peu, reprennent droit de cité par la seule volonté de certains attardés mentaux de contrôler le Bureau de coordination de l’AEEM ou des Comités AEEM ou des postes de ‘’responsable de classe’’. Ces postes de responsabilités estudiantins, jadis confiés aux plus brillants et disciplinés en classe, sont devenus des moyens d’ascension sociale et non de défense des droits des élèves et étudiants comme elle avait été conçue, au départ, par les pères fondateurs du mouvement, à l’image de Oumar MARIKO, Issa MARIKO, Opéry BERTHE, Yéhiya Ould ZARAWANA, Bakary MARIKO… En effet, ces dirigeants ont été propulsés à la tête de l’AEEM non pas parce qu’ils drainaient derrière eux des bataillons de guerriers, mais parce qu’ils savaient convaincre par leur classement d’abord en classe et par-delà leur comportement à la maison et dans la rue.
De plus en plus, cette tradition est en train de laisser la place à une nouvelle pratique dont nos élèves et étudiants sont les seuls à détenir le secret. Toute chose qui explique le caractère violent et inquiétant des activités ou mouvements de renouvellement des bureaux AEEM, ces dernières années.
Même les postes de responsable de classe sont devenus des enjeux majeurs pour lesquels les étudiants n’hésitent plus à se battre jusqu’au sang. C’est finalement la loi de la jungle !
Pendant ce temps, notre école est passée du stade de la convalescence à celui de l’agonie, depuis la révolution de 1991.
Aujourd’hui, notre pays traverse une page critique de son histoire, en matière de formation de ses ressources humaines, pourtant locomotive de tout développement économique. L’avenir de la nation étant ses enfants, les autorités ne doivent plus s’offrir le luxe d’observer les bras croisés cette dérive d’une autre époque au sein de nos universités.
Aussi, ne s’agit-il pas de nos frères et de nos enfants avant d’être des étudiants ? Donc, par-delà, les autorités nationales, la responsabilité de tous les Maliens est engagée pour circonscrire et mettre fin à la dérive.
Aujourd’hui, en plus des psychopathes dignes du moyen-âge qui sévissent au nord et au centre de notre pays, la question AEEM doit être une urgence sociale pour le Gouvernement. Un mort dans des violences entre clans AEEM dans notre espace universitaire, c’est déjà trop.
Il est plus que jamais nécessaire de comprendre et de prendre conscience du drame : « nos étudiants précisément ceux de l’AEEM ont troqué leurs cahiers et livres contre des PA, machettes ».
Par SIDI DAO