Trois mâts, 12 000 tonnes, 142 mètres de long et une silhouette très particulière : l’A, énorme yacht appartenant à l’oligarque russe Andreï Melnitchenko, reste amarré dans le port de Trieste. Saisi par les autorités italiennes le 12 mars, le géant des mers est devenu un symbole de la riposte de Rome contre ces milliardaires supposés proches du Kremlin.
Pourtant, loin d’être un butin de guerre rentable, ce navire est en train de coûter très cher à l’État italien, explique dans ses colonnes La Repubblica.
“Les biens saisis aux oligarques sont gelés et non séquestrés, ce qui constitue une différence de taille. En effet, il s’agit là d’une procédure administrative et non pénale, qui implique que le patrimoine en question doit être maintenu dans les conditions dans lesquelles il a été saisi. Cela en vue d’une future restitution aux propriétaires, qui rembourseront à ce moment-là les dépenses.”
Pour l’instant, ces frais d’entretien pèsent entièrement sur les caisses de Rome, note le quotidien italien, qui détaille :
“Rien que pour les petites dépenses de manutentions quotidiennes, ce yacht de la taille d’un édifice de huit étages coûte au moins 1 000 euros par jour, auxquels il faut ajouter les dépenses pour le tenir à quai, pour l’eau et pour l’électricité, qui s’élèvent à au moins 2 000 euros par jour.”
L’État italien envisagerait de louer ces biens
Si l’on inclut aussi dans le calcul les frais d’équipage (11 personnes plus le commandant, qui doivent rester à bord), on arrive à un total de 150 000 à 200 000 euros par mois, estime le journal. Sans compter que l’A n’est plus assuré à l’heure actuelle : quand il devra être déplacé du port de Trieste pour faire place à un autre bateau, l’État devra peut-être souscrire une assurance à ses frais – et pas des plus économiques.
Le tableau dressé par le quotidien romain fait donc état de dépenses loin d’être anecdotiques. Pis, celles-ci ne représentent que la pointe émergée de l’iceberg, puisque énormément d’autres biens ont été saisis : yachts plus modestes, voitures de luxe, villas qu’il faut également entretenir, etc.
Afin de limiter les pertes, l’État italien envisagerait désormais de louer ces biens à des particuliers, selon La Repubblica. “Cela peut paraître improbable, mais ça ne l’est pas tant que ça, lorsque l’on sait que ces yachts sont souvent loués par les oligarques à des stars internationales”, rappelle le média transalpin. Voilà qui permettrait aussi de réembaucher une partie du personnel s’occupant de ces biens, qui a perdu son travail lorsqu’ils ont été saisis.