Voici l’interpellation du MPR à l’adresse de Soumana Sacko alias Zou ou Zorro dépeint par les Tigres.
Dans les contes populaires que nous raconte grand-mère, le soir au coin du feu, il y a un personnage atypique, toujours à contre-courant, ne pouvant vivre qu’en dehors du groupe. Son nom : gon kelenabila.
Dans le landerneau politique malien, celui qui s’apparente à ce personnage c’est Soumana Sako L’homme se caractérise par la suffisance, un ego surdimensionné avec un fort penchant narcissique, permanemment dans le déni et parfois dans le mensonge pur et simple.
Soumana Sako appelé familièrement Zou alias Zorro s’est signalé à l’attention de l’opinion publique malienne à l’occasion du référendum constitutionnel du 14 juin 1974. Appréhendé pour des besoins d’enquête, il fut très vite relâché (26 mai – 11 juin 1974). Pour cause, il était un singleton n’appartenant à aucun parti ou groupuscule d’opposition évoluant dans la clandestinité. Le mythomane se prit pour la bête noire du régime. Il affirme qu’en 1974, ils étaient seulement trois hommes dans tout le pays à oser défier les militaires du CMLN. Les deux sont tombés dans la trappe. Zou qui s’autoproclama « Ennemi public n°1» n’était cependant pas pour le pouvoir militaire de l’époque, un élément dangereux. Il le prenait plutôt pour un plaisantin.
Rien n’a été fait et rien ne sera fait après par les autorités pour briser le parcours scolaire et professionnel de l’homme. La «terreur» des militaires avait la phobie du soldat en tenue. Il ne rate pas une occasion de l’afficher. Pourtant c’est sous la gouvernance d’un militaire, notamment Moussa Traoré, qu’il a gravi à la vitesse de TGV tous les échelons de l’appareil d’Etat : Conseiller technique, Directeur de Cabinet, Ministre.
Zorro a bâti sa fausse réputation sur, d’une part, l’affaire dite Sabena (compagnie aérienne belge), dans laquelle serait impliquée la famille du Président Moussa Traoré et leurs proches. Si c’était le cas, les Maliens se demandent alors pourquoi quand Soumana Sacko était devenu Premier ministre en 1991 et que le Président Moussa Traoré était poursuivi pour «Crimes Économiques», personne n’a plus entendu parler de l’affaire Sabena ? Zou doit expliquer le pourquoi la disparition de ce dossier du débat sur les « Crimes Économiques ». Zorro a du coup bâti, d’autre part, sa réputation surfaite d’homme intègre à partir de certains faits.
Alors, les Maliens et les militants de I‘ADVR (Association des Victimes de la Répression), doivent exiger de Zou la réponse à la question ci-après. Pourquoi au lendemain du 26 mars 1991, quand il a été bombardé Premier ministre, en tant que «Démocrate et Patriote sincère convaincu», il a nommé dans son nouveau Gouvernement de Transition, en qualité de Ministre de la Sécurité, le Chef du PCO (Poste de commandement opérationnel), celui- là même qui aurait piloté la répression, Bakary Coulibaly (paix à son âme) ? Pourquoi Zou a refusé ensuite que Bakary Coulibaly soit entendu par le juge d’instruction sur les événements en question, entraînant du coup sa démission et celle du Ministre de la Justice, que Soumana Sacko a vite remplacé par son ami personnel Dial (paix à son âme) ?
Le MPR et les Maliens attendent des réponses concrètes et précises ? Après on parlera des droits des partants volontaires à la retraite : les montants, leurs origines et destinations sous la Transition de certains partants volontaires à la retraite, sont morts sans rien toucher, et le tout nouveau Premier ministre du tout premier Gouvernement de l’ADEMA-PASJ en leur disait régulièrement : «allez-y demander vos droits à Soumana Sacko». Puis nous reviendront en détails sur l’affaire du Trésor.
C’est encore à un militaire, Amadou Toumani Touré dit ATT qu’il doit d’être bombardé Premier ministre en 1991, alors qu’il n’était membre d’aucune organisation de ce qu’il était convenu d’appeler Le Mouvement démocratique de mars 1991. Il aura une collaboration tumultueuse avec beaucoup de membres de ces Associations qui n’eurent de cesse de déconstruire sa réputation surfaite en portant des appréciations très sévères sur sa gestion de la Transition. L’on s’accorde sur le fait que c’est sous Alpha Oumar Konaré que la puissante Armée du Mali s’est effondrée progressivement. En vérité, sa descente aux enfers a débuté en 1991 avec la décision du Premier ministre de Transition Soumana Sako d’amputer le régiment des blindés par peur des coups d’Etat (selon Zou lui- même ! sauf s’il a oublié ses écrits dans la presse.)
Dans une interview accordée à Jeune Afrique à la fin de la Transition, Zou fustigera «les attaques perfides et sournoises contre un adversaire politique redoutable» qu’il fallait abattre à tout prix. Pour Zou, le succès de la Transition c’est lui incontestablement. Personne ne trouve grâce à ses yeux. Pas même ATT qui, à ses dires, nourrissait le secret dessein de proroger la durée de la Transition. Le funeste projet aurait avorté grâce à la sagacité et à l’intransigeance de Zorro. Le journaliste interloqué en introduisant l’interview comparera la péroraison de Zou à «une mitraillette détraquée». Si les réseaux sociaux existaient à l’époque, cette expression aurait fait sans doute le buzz.
Les autorités de la Transition de 1991 ont élaboré une Constitution soumise au référendum le 12 janvier et promulguée le 25 février 1992.
Les rapports tendus sous la Transition vont s’exacerber avec l’avènement de la lllème République. Zou est le seul Malien qui désigne autrement la première Constitution de la IIIe République. Il l’appelle Constitution du 12 janvier 1992 au lieu de Constitution du 25 février 1992 comme publiée dans le Journal Officiel.
Zou ne s’inscrira ni dans les PSPR majorité ni dans l’un des deux grands regroupements de l’opposition : le FSD et le RFP. Dans le bras de fer qui opposa le pouvoir et l’opposition radicale, il participera une seule fois à une marche de protestation, la première organisée après le fiasco électoral de 1997, marche dispersée à coups de grenades lacrymogènes qui donna naissance au COPPO auquel Zou n’adhérera jamais. Pour la première et la dernière manifestation du COPPO à laquelle Zou a participé, se croyant intouchable, avec la violence inouïe que le régime ADEMA-PASJ a fait abattre sur les manifestants, Zou s’en est allé tomber dans la cuisine d’une vieille du quartier voisin, avant d’y trouver refuge pour ne plus venir aux manifestations de l’opposition. Zou ne participera donc plus à une manifestation du COPPO qui vient de naître. L’électron libre marchera tout seul dans la nature.
Après Alpha Oumar Konaré de 1992 à 2002, vint ATT. en 2002. Zou, après tout ce qu’il avait dit sur ATT dans la presse internationale, n’a pas osé se rapprocher de celui dont il fut le Premier ministre et qui proposait à la classe politique, la gestion consensuelle des affaires publiques. Quand IBK prit les rênes du pays en 2013, Zou s’inscrit encore dans l’opposition. Vers la fin de son régime, ce dernier envisageait de le nommer Médiateur de la République. Zou ne rejoindra pas les rangs du M5-RFR. II fustigera la Transition de 2020 et 2021 en se mettant à contre-courant de la déferlante qui entraine le mouvement de la Refondation. Zou s’oppose à l’examen de toutes les réformes politiques et institutionnelles initiées par le Gouvernement de Transition : la tenue des Assises Nationales de la Refondation (ANR) est un non-événement pour lui, il ne se sent pas concerné par la rédaction d’une nouvelle Constitution et il n’entend pas respecter la Loi fondamentale plébiscitée par le peuple malien à 97% et qu’il appelle «la soit disante nouvelle Constitution».
Dans son dernier communiqué du 24 juillet 2023 il affirme «poursuivre sans relâche sa lutte pour la sauvegarde de la Constitution républicaine et démocratique du 12 janvier 1992».
Zou est un adepte du conflit permanent. Il ne souffre pas la contradiction. Il se prend pour le seul et unique détenteur de la vérité. Dans son lexique les mots Humilité et Modestie sont absents.
Il est le président d’honneur d’un parti dont le président actif est un illustre inconnu. Beaucoup de cadres compétents qui l’avaient suivi dans son aventure ont déchanté et l’ont abandonné. On peut en dresser la liste kilométrique.
La CNAS, qui depuis sa création n’a eu ni maire ni député est présentée comme le parti de l’avant-garde militante et révolutionnaire du peuple malien.
L’avant-garde désigne la fraction qui dans un mouvement tire les autres en avant.
Dans la littérature marxiste-léniniste qu’utilise curieusement Zou, le parti d’avant-garde est un parti politique qui se place à l’avant d’un mouvement politique de masse et /ou d’une révolution.
En d’autres termes Zou qui n’a jamais appartenu à un regroupement s’arroge le leadership d’un mouvement révolutionnaire fictif. Il appelle des forces politiques virtuelles à venir autour de lui et de son parti de l’avant-garde comme les wagons accrochés à une locomotive pour barrer la route «aux nostalgiques du CMLN-UDPPM». Quelle prétention !
Ainsi, le 03 avril 2022, au meeting des « Démocrates et Patriotes sincères convaincus de 1991» que l’ADEMA- PASJ organisa dans le but spécieux et manipulateur comme d’habitude pour parler de démocratie, en réalité de s’attaquer au bilan de la Transition et au Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, président du MPR et M5-RFP, Zorro s’en est allé déclarer deux contrevérités qui montrent sa vraie nature, son vrai visage. Il affirma sans preuves, la haine et le mensonge à la bouche, d’une part, que les problèmes économiques du Mali viennent du fait que l’Economie nationale été confiée par les «Démocrates» (sous-entendu ATT ) à un partisan de la dictature CMLN-UDPM (sous-entendu Choguel Kokalla Maïga qui fut Ministre de l’Industrie et du Commerce de 2002 à 2007). Il soutint gratuitement, d’autre part, que personne ne doit croire à la victoire de l’Armée du Mali dans le conflit qui l’opposa à un pays voisin en 1986-1987. Quels mensonges ou quelle ignorance des faits !
Toutes ces attaques visent le parti du Premier ministre, le MPR. Celui-ci a autre chose à faire que de se lancer dans un combat d’arrière-garde avec des fantômes.
La politique c’est agir sur une réalité en mouvement, celle de Zou est statique. Zou et son parti de l’avant-garde gagnerait à rejoindre les autres pour résorber la grave crise multidimensionnelle que traverse notre pays.
Ce dont le Mali a besoin aujourd’hui, ce qu’il attend de ses enfants c’est la constitution d’un vaste mouvement patriotique qui met en commun nos énergies et nos intelligences en laissant à chacun la liberté d’exprimer ses spécificités tout en constituant un bloc compact autour de ce qui est fondamental à savoir la volonté partagée de bâtir le Mali nouveau.
Bamako, le 30 août 2023
Youssouf Touré
Vice-président du Bureau Exécutif Central (BEC) du MPR.