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Sans Tabou: coup d’Etat, langage alternatif

La diplomatie française perd son latin, l’intelligence vogue sur ses nuances au grand désarroi de l’acception la plus partagée des normes démocratiques que l’Occident a toujours brandi comme principe devant gouverner le monde. De la fermeté affichée (qui frisait l’acharnement) suite à l’irruption le 26 juillet des militaires sur la scène politique du Niger à la compréhension complice de la prise du pouvoir des militaires suite à l’élection présidentielle au Gabon, au-delà du double langage, on chercherait à quel saint se vouer. Le coup d’État au Gabon du 30 août «n’a rien à voir avec la situation au Niger, a souligné Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne. Au Niger, un président démocratiquement élu a été déposé, alors qu’au Gabon, le président a été reconduit après des élections dont le caractère démocratique suscite de nombreux doutes ».

Si les Européens se lassent de suivre les Français dans leur croisade militaire contre le Niger, ils restent fermes sur l’inacceptabilité du coup d’État au Niger et le maintien de l’Ambassadeur de France à Niamey expulsé par les nouvelles autorités. À l’opposé, l’Union européenne est très compréhensive, voire généreuse envers le général NGUEMA désigné comme «homme fort» tandis que le général Abdourahmani Tchiani du Niger tout comme le colonel Assimi Goïta et le capitaine Ibrahim Traoré sont appelés avec dédain «chef de la junte».
Dans ce narratif alternatif dont ils ont seuls le secret, le président renversé du Niger, Mohamed Bazoum, est «pris en otage», mais le président renversé au Gagon Ali Bongo est «en résidence surveillée» où les militaires font des enquêtes anticorruptions, mais au Mali ou au Burkina les nouvelles autorités se livrent à des chasses aux sorcières contre les cadres et ministres de l’ancien régime.

Quatre jours après le coup d’État contre le régime d’Ali Bango Ondimba, les frontières du pays restent largement ouvertes. Si la France affirme du bout des lèvres avoir suspendu sa coopération militaire et que l’Union africaine dit avoir suspendu le Gabon, les organisations sous régionales (CEEAC et BCEAC) n’ont encore pris aucune sanction financière ou économique et Macron n’a pas convoqué un Conseil de défense comme dans le cas du Niger. C’est suite à la dénonciation de cette complicité passive que la CEEAC a promis de se réunir en visioconférence. Vont-ils décider comme dans le cas du Niger une intervention militaire pour rétablir le président Ali Bongo ?
Après qu’elle ait condamné le coup d’État, l’hypothèse d’une intervention militaire similaire à celle qui se discute au sein de la CEDEAO contre les putschistes du Niger, est une option pour l’instant écartée par la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEEAC réunis en session extraordinaire par visioconférence le 31 août, au lendemain des événements. Les chefs d’État de la CEEAC, sans prendre aucune sanction, souhaitent dialoguer avec toutes les parties concernées pour parvenir à un consensus et une sortie de crise, alors que le Gabon vient d’être suspendu par l’Union africaine.
Le président centrafricain, Faustin Archange Touadéra, a été mandaté par la Communauté économique des États de l’Afrique centrale pour engager des pourparlers avec les acteurs de la crise politique entrainée au Gabon par le putsch militaire du 30 août. L’organisation sous régional privilégie ainsi la voie diplomatique pour tenter d’obtenir un retour à l’ordre constitutionnel.
Dans le nouveau narratif pour crétin, «la France condamne tous les coups de force (…) Pour autant, nous ne pouvons pas mettre sur le même plan la situation au Niger où des militaires illégitimes ont destitué un président légitimement élu, et celle du Gabon, où le mobile avancé par les militaires est précisément le non-respect de la loi électorale et de la Constitution ». Donc les militaires qui ont mis le président Ali Bongo sont des « militaires légitimes», tandis que ceux du Niger des «militaires illégitimes». Ce qui fait que selon la France le coup d’État du Gabon est «halal» et celui du Niger est «haram». Alors pourquoi se mélange-t-elle les pédales en suspendant sa coopération militaire avec les putschistes du Gabon qui ne font que faire respecter la loi électorale et la Constitution gabonaise ?
En attendant de voir clair dans le narratif alternatif, le Général Brice Nguema se fait investir ce lundi matin, tandis que le Général Tchiani se cherche entre sanctions et menaces d’intervention.

PAR SIKOU BAH

Source: Info-Matin
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