Terrorisme, situation économique peu enviable, crise sociale…les défis à surmonter sont divers et surtout complexes au Mali. Face à cette situation, dangereusement pour l’avenir du pays, les Maliens ont le choix de s’unir ou périr. S’unir de cœur et d’esprit pour sauver ce qui reste de la mère patrie. Le challenge est de taille, mais il s’impose comme le seul chemin qui mènera le pays à la paix, à la stabilité tant souhaitées. En la matière, l’horizon s’éclaircit… Les actions d’envergure en vue, notamment le retour au pays de l’ancien président Amadou Toumani Touré, impulseront indéniablement une réelle dynamique au processus de réconciliation nationale. Les fils du pays, de tous les bords, se doivent d’apporter leur dose au processus enclenché, en mettant l’accent, non plus sur ce qui les sépare, mais sur ce qu’ils ont en commun. Toutefois, il incombe au président Ibrahim Boubacar Keïta de conduire, avec agilité et modestie, cette marche vers la réconciliation des Maliens.
Ces dernières années, des évènements – heureux ou dramatiques – ont réveillé la conscience collective et amplement démontré la capacité des Maliens (acteurs politiques et la société civile) à se mobiliser, comme un seul homme, pour la patrie. Aujourd’hui, la situation d’ensemble du pays impose un vrai élan de solidarité, un sursaut national. L’heure est venue d’enterrer la hache de guerre, de taire les querelles intestines pour que les poutres qui soutiennent l’édifice commun (Mali) survivent aux épreuves de l’insécurité, du terrorisme, et crises de tous genres. En effet, l’union est indispensable au vu de la dégradation de la situation sécuritaire, non plus au nord seulement, mais aussi au sud et au centre, et à Bamako. Cette insécurité généralisée crée un état de psychose sans précédent au sein des populations, partagées entre inquiétude, désespoir et résignation. Il faut aussi s’unir face à la menace de partition du pays par des forces extérieures cachées derrière des rebelles aux idéaux indépendantistes maquillés en revendications de développement.
La même valeur s’impose face à la guéguerre politicienne qui mine la vie nationale, déstabilise le fonctionnement normal des institutions, désoriente le peuple et détourne le pays de ses priorités. Les cadres du Rpm veulent tous les postes juteux à eux seuls ; leurs alliés leur mettent les bâtons dans les roues pour se faire de la place ; l’opposition ne guette, si elle ne souhaite, que les dérives pour monter au créneau et prendre du poids, pour l’avenir. Des intérêts et ambitions à ranger dans les tiroirs. Car, la nation est en danger.
Alors, le doute n’est plus permis, il y a péril en la demeure. Et l’union sacrée des Maliens de tous bords est une obligation. La jeunesse avait montré la voie, lors d’un « Rassemblement pour la paix et la réconciliation nationale : An ka ben » tenu en mai dernier. A l’occasion, des jeunes, des membres du gouvernement), des représentants des partis politiques de la majorité et de l’opposition, des membres des groupes armés (Cma et plateforme), de la société civile se malienne, sont montés au créneau pour demander le retour au pays du président Amadou Toumani Touré. Les propos tenus ce jour-là en disent long sur le réflexe d’union retrouvé et la conscience que c’est tous ensemble que nous sauverons le Mali. Et jour, tous avaient demandé au président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, de se pencher sur la situation de son jeune frère, Amadou Touré qui, par la force des choses, s’est exilé à Dakar.
Retour de ATT, un préalable indispensable à la réconciliation nationale
Il nous faut aujourd’hui dans un fond politique apaisé pour pouvoir bien aborder et résoudre les difficiles situations économiques et sociales. D’où cette conviction des Maliens : ATT doit revenir au pays. ATT est un facteur de rassemblement, de paix et de progrès. Idole des foules, tout le monde se reconnaît en lui à travers le 26 mars d’une part et son sens élevé de la tolérance et du respect envers même ses détracteurs. Rassembleur, ATT est aussi un homme du consensus. En ce sens qu’au moment où les partis politiques se disloquaient à l’interne, il a pu les rassembler autour d’une seule vision pour le Mali.
Ainsi, le retour du soldat, le dimanche 24 décembre 2017, sera d’une portée historique. En accompagnant ce retour, les autorités actuelles auront posé un acte de grande dimension. Elles auront convaincu qu’elles s’inspirent encore des valeurs culturelles majeures, sur lesquelles reposent les sociétés maliennes. Singulièrement, IBK, en acceptant de retrouver son cadet, affichera une forte volonté d’arracher notre pays à l’emprise des « comploteurs » et de l’ouvrir à un avenir digne de son histoire et de sa culture de la tolérance.
Il faut dire qu’en la matière le président de la République avait posé quelques actes forts qui méritent d’être rappelés notamment à l’endroit du président Amadou Toumani Touré.
Le samedi 28 mai 2016, à l’occasion du lancement de la campagne agricole à Baguinéda, IBK a dit : « Je suis reconnaissant à mon jeune frère Amadou Toumani Touré dit ATT et ex président de la République du Mali pour avoir initié la Journée du paysan. Beaucoup de choses se disent dans nos relations, mais je sais qu’il n’y a rien d’intrigue, ni de méchant. Merci pour l’instauration d’une journée agricole au Mali. ATT, à très bientôt ! ».
En 2015, lors de la Journée des paysans à Samanko, IBK avait dit ceci : « Je rends hommage au président ATT, qu’a eu l’idée ingénieuse d’instituer la journée du paysan au Mali ».
Cet hommage faisait suite au tout premier hommage d’IBK à ATT. C’était le18 mars 2014 à l’occasion de l’inauguration de l’hôpital Sominé Dolo de Sévaré-Mopti. Un hommage plein d’émotion : « On dit chez nous qu’il arrive qu’on prenne le frais sous un arbre que l’on n’a pas planté. Cet arbre-là a été planté par un homme qui est de la région, qui m’a précédé à cette charge : le président ATT.
Oui, je ne suis pas un homme d’Etat qui tire à lui les choses d’aujourd’hui. Elles furent avant moi. A chacun son mérite. Ce projet a tenu à cœur et avec une forte et réelle conviction au président Amadou Toumani Touré. Il est bon qu’au nom du pays, qu’au nom de la patrie, je lui rende ici hommage. IBK n’est pas ce qu’on appelle chez nous « haassidi » (ndlr : égoïste). IBK ne le sera jamais. Jamais de haine dans mon cœur. A chacun selon son mérite historiquement établi. Tel a été le Mali. Tel devrait rester le Mali. D’aucuns oublient allégrement ce que fut hier. Ce n’est pas mon cas et ce ne sera jamais mon cas. Je tenais à venir à Mopti pour dire cela. Mais aussi à rendre hommage à des hommes et des femmes de mérite ».
A chaque fois, les Maliens ont salué le geste de clairvoyance d’IBK dont les discours ont été interprétés comme le tracé de la ligne droite pour la réconciliation nationale. De l’avis de beaucoup d’observateurs, ces clins d’œil marquaient la volonté du président de la République de se démarquer (dorénavant) de tous ces pyromanes (tapis dans l’ombre de l’administration et sous le landerneau politique) qui attisent les haines et les rancœurs.
Aujourd’hui, l’annonce de ce retour au pays a impulsé une grande retrouvaille unitaire des sensibilités politiques et sociales du pays que tout oppose. A travers les commentaires, l’unanimité se dégage que les Maliens, du Nord au Sud et d’Est en Ouest, doivent se réconcilier. La réalisation de ce rêve est l’apanage du président Ibrahim Boubacar Kéïta qui doit en être à la fois le concepteur des jalons et l’exécutant. En effet, la réconciliation attendue aujourd’hui par le peuple malien, devrait être une réconciliation globale.
Les vertus du dialogue social
Longtemps taxé d’inaccessible par les leaders politiques, l’opposition comme de la majorité, les responsables syndicaux, de l’UNTM et de la CSTM, ses propres collaborateurs et ses compatriotes, IBK l’a implicitement reconnu dans l’émission télévisée du troisième anniversaire de son mandat, tout en imputant cette lacune aux réalités de la fonction présidentielle.
De même, IBK est accusé d’avoir sinon du mépris au moins un manque de considération pour les acteurs de la vie politique et sociale qu’il voyait en ennemis et non en partenaires.
Enfin, de l’avis de tous, il semble qu’IBK n’écoute personne. Trop de préjugés défavorables pour un commandant de bord d’un bateau qui tangue.
Cette situation avait créé une sorte d’adversité entre le président de tous les Maliens et l’opposition dont les leaders ne rataient aucune occasion pour monter au créneau et peindre tout en noir. Aussi, le front social bouillonne à tout bout de champ, avec une multitude de grèves décrétées moins par la non satisfaction des revendications que par le refus du chef de l’Etat de recevoir ou d’écouter les syndicalistes.
Pire, le peuple se trouve noyé dans cette atmosphère sociopolitique délétère doublée d’une situation sécuritaire précaire aussi bien au nord qu’au centre et à Bamako.
Plongé depuis mars 2012 dans une crise sans précédent, le Mali n’avait pas besoin de ça. Au contraire le pays a besoin d’une union sacrée entre tous ses fils autour de l’essentiel : la paix, gage de développement.
C’est à ce prix, seulement à ce prix, que le peuple du Mali saura cicatriser ses blessures, surmonter toutes ses dissensions et poursuivre sa marche vers le progrès social, économique et culturel.
I B Dembélé
Par L’Aube