Après le président en exercice de la CEDEAO le dimanche dernier, une mission du conseil de sécurité de l’organisation des Nations Unies en tournée au Sahel est attendue dans la capitale malienne ce weekend. Objectif : obtenir un calendrier clair et précis de la fin de la transition ainsi que la tenue des élections qui transmettront le pouvoir aux civils.
La fin de la transition en cours au Mali reste toujours un suspens tant au Mali qu’à l’extérieur. Fixée à 18 mois au lendemain du coup d’état contre l’ancien président, Ibrahim Boubacar Keita, le 18 août 2020, le deuxième coup d’état, en moins de neuf mois, contre le premier président de la transition Bah N’Daw est venu fausser toutes les données. Pendant que la communauté internationale et certains acteurs de la classe politique maliennes exigent le respect du délai de la transition, d’autres et une partie de la société civile réclament la prorogation de cette même transition. Ces derniers soulignent l’insuffisance du délai restant à mettre effectivement en œuvre la volonté de refondation de l’Etat qui a motivé l’occupation des rues de Bamako pour demander le départ de l’ancien président Ibrahim Boubacar IBK en 2020.
Tout comme le rang de la classe politique composé quasiment de tous les grands partis du pays, notamment l’Adema-PASJ, le RPM, la Codem, le Parena, le PS-Yelen kura, l’ASMA-CFP, les militants pour la prorogation de la transition ne cessent de grandir. En plus du Cherif de Nioro qui est un poids lourd en termes de notoriété, beaucoup d’autres manifestations ont été organisées à Bamako et à l’intérieur du Pays, pour réclamer la prorogation de la transition. La dernière en date remonte du dimanche dernier devant l’hôtel qui hébergeait la délégation de la CEDEAO.
Par ailleurs, les autorités concernées de la transition malienne restent toujours indécises sur la question. Dernièrement, elles ont indiqué soumettre la question au peuple lors des prochaines Assises nationales de la refondation qui débuteront sous peu. Ce qui est sûre : il faut comprendre que ces élections ne pourront nullement se tenir à la date indiquée, c’est-à-dire en février 2022. Cela, non seulement par ce qu’aucun préparatif n’est encore engagé pour les élections proprement dites à moins de six mois de la date de sa tenue, aussi, le gouvernement s’est engagé dans un gigantesque projet de réformes politiques et institutionnelles pour honorer la promesse faite au peuple de reformer afin de ne plus tomber dans les mêmes crises poste électorale que le Mali connait après chaque élection.
Cette situation survient à un contexte où l’insécurité grandit davantage réduisant considérablement le nombre de circonscription électorale dans le pays. C’est pourquoi cette mission du conseil de sécurité des Nations unies se rendra également au Niger, une autre région du Sahel frappée par le même phénomène d’insécurité que le Mali. D’ailleurs la mission est codirigée par l’ambassadeur du Niger auprès des Nations unies, Abdou Abarry, avec son homologue français, Nicolas de Rivière. Pour ce dernier : « La région du Sahel est exposée à tous les défis. C’est là que sont les enjeux de la lutte contre le terrorisme, de la problématique humanitaire, de l’impact du changement climatique, de la bonne gouvernance » a-t-il déclaré mettant l’accent sur la nécessité de réussir la « stabilisation du Mali ». D’ailleurs, un autre des objectifs de cette mission sera aussi de « discuter de la façon de soutenir les efforts des pays du G5 Sahel pour assurer leur sécurité ». Une tournée décisive de par sa participation qui tentera d’infléchir la position américaine sur la force anti djihadiste du G5 Sahel. Selon l’AFP, la Chine, la Russie et l’Inde seront représentées par des ambassadeurs adjoints, par contre les États-Unis seront représentés par Linda Thomas-Greenfield, une ambassadrice à ONU avec rang de ministre dans le gouvernement Biden.
Issa Djiguiba
Source: LE PAYS