Depuis le début de la crise multidimensionnelle que connaît le Mali, le monde universitaire a brillé par son silence. Il n’avait jusque-là pas fait la moindre déclaration sur la situation sécuritaire et politique très instable. Près de cinq ans après, il décide de ne plus rester en marge de ce problème qui est une préoccupation nationale.
Pour ce faire, les recteurs des universités du Mali ont donné le ton depuis le 21 août dernier dans les locaux du rectorat de l’université des sciences sociales et de gestion, au quartier du fleuve à Bamako, afin de poser les premiers jalons de cette initiative des intellectuels et universitaires du Mali. Ces rencontres seront élargies aux doyens et directeurs des grandes écoles. Puis à ceux de la sous-région, parce que le problème est sous- régional.
Selon nos informations, après les résolutions d’usage, les recteurs ont présenté la problématique de la crise et souhaité que les universités apportent leur contribution à une sortie de crise avec l’analyse de la situation dans sa globalité. Il s’agit de ne pas rester en marge du problème. La démarche a été entreprise depuis plusieurs mois à travers un mandat que les recteurs avaient donné au président de leur conférence afin d’approcher le ministère de l’enseignement supérieur pour lui expliquer le sens de cette démarche, qui vise à aider le gouvernement.
Et notre source de dire qu’en vue de l’évolution de la situation sécuritaire et les crises cycliques des «professionnels» du monde politique, il est plus que urgent pour les universités de se saisir du problème afin de l’étudier et faire une déclaration dite «DECLARATION DES UNIVERSITES». Mais avant, plusieurs rencontres devront avoir lieu. Il s’agit entre autres de la rencontre des recteurs pour élaborer les TDR des actions à mener, de la rencontre des recteurs élargie aux directeurs des grandes écoles et aux doyens de facultés et directeurs d’instituts ; un meeting général avec tout le monde universitaire avec comme objectif la rédaction et la publication de la déclaration des universités ; la rencontre avec les responsables de la MINUSMA et de Barkhane ; la rencontre des universités de la sous-région ouest-africaine et de la diaspora africaine, en vue d’une approche globale de lutte contre les nouveaux positionnements géostratégiques des puissances occidentales et leurs velléités sur les ressources du continent. Et enfin, l’envoi d’une correspondance au secrétaire général de l’ONU et au président en exercice de l’Union africaine pour dénoncer cette nouvelle tendance qui accentue la pauvreté en Afrique avec comme conséquence l’immigration des jeunes vers l’Occident.
L’objectif global de cette initiative est de cultiver la diplomatie universitaire qui est une richesse dont on ne peut plus se passer. Cela passe par définir et donner un statut fort aux recteurs afin qu’ils jouent pleinement ce rôle à l’instar des autres pays. Cette action diplomatique des universités est menée par certains universitaires de façon isolée lors des rencontres scientifiques.
Dans les rencontres de ce genre, des explications sont données sur la situation intérieure du pays, le rôle des acteurs extérieurs et les résultats obtenus.
André Traoré
Source: Soleil Hebdo