Aux Aéroports du Mali (ADM), précisément à l’Aéroport international Bamako-Sénou, les dispositifs sanitaires à hauteur de la menace et de l’enjeu que la desserte de Bamako pourrait entrainer, sont-ils mis en place ? En tout cas, il ressort de notre visite de terrain à l’aéroport international président Modibo Keita, que le dispositif doit être renforcé. D’où de légitimes inquiétudes auxquelles il urge d’apporter le plus vite possible des solutions.
« Bien avant la reprise des vols commerciaux en direction de la France, on avait une panoplie de dispositifs mise en place pour accueillir les vols de rapatriement. À chaque vol, en plus du corps sanitaire, chargé de procéder aux tests et aux autres formalités d’isolement et de mise en quarantaine s’il y a lieu, nous avons la police civile ici, la police de l’air et des frontières, les services des aéroports du Mali. Tous cela, pour la sécurité sanitaires au niveau des ADM», détaille Abdoulaye Ag Haidara, en permanence au poste de police à l’Aéroport de Bamako.
Cependant, bien que ces mesures soient préconisées, le dispositif sanitaire doit être fortifié, surtout en certains endroits spécifiques. Par exemple, au Pavillon départ de la mission Onusienne, des agents chargés de la sécurité sont inquiets :
« On n’a même pas de gels ici. Nous l’avons signalé en vain, nous n’avons reçu qu’une seule bavette depuis le début de cette pandémie», déplore ABT, agent chargé de la sécurité à l’Aéroport international Bamako-Sénou.
En effet, ces constats auraient été très banals pour mériter une attention particulière, s’ils se produisaient ailleurs à Bamako. Mais là, il s’agit de l’Aéroport international du Mali, l’une des portes d’entrée et vitrine du Mali, qui présente les premières images du pays à ses hôtes…
En cette phase de pandémie qui secoue le monde, si dans certaines zones des ADM, le dispositif sanitaire est à améliorer, les efforts sont bien loin d’être à hauteur du danger qui guette notre pays, avec au moins sa dizaine de cas chaque jour.
En tout cas, au moment où les vols internationaux s’apprêtent à faire leur retour au Mali, notamment en provenance de la France, des questionnements légitimes se posent. Et, il faut vite y répondre par anticipation.
« Le téléviseur qui fonctionnait au début pour sensibiliser sur le Coronavirus est éteint comme vous pouvez le constater », s’indigne un autre agent, à notre passage.
En tout état de cause, aux Aéroports du Mali, le mal peut être contenu ou peut venir de là. C’est juste une question de choix, face à une menace qui n‘a pas fini de menacer le monde entier.
Pour rappel, pour nombre d’observateurs, la reprise des vols commerciaux, synonyme de la réouverture des frontières aériennes, serait liée à des fortes contraintes financières épouvantables imposées par la pandémie du Coronavirus.
La preuve : Air France qui assure la desserte des 2/3 des vols venant de l’Europe à destination du Mali, apprend-on, enregistre une perte quotidienne de 25 millions d’euros, soit 16,375 milliards de FCFA. Il en est de même pour l’Aéroport international du Mali président Modibo Keita Bamako Sénou qui n’est pas épargné des ravages économiques de la pandémie du Coronavirus.
En effet, la direction de l’Aéroport déplore déjà une perte de plus 123 milliards de FCFA depuis le début de la crise sanitaire. Une crise financière imposée au monde de l’aviation civile et à tous les autres secteurs d’activité. D’où le besoin urgent de la reprise des vols.
Cependant, bien que Air France ait posté sur son site son programme de reprise des vols commerciaux en direction de l’Afrique, à partir du 3 juin prochain, le Mali n’a pas encore levée sa décision de fermer les frontières. C’est donc à se demander si Air France entend s’imposer à nos autorités africaines. En effet, dans son programme de dessert sur son site officiel, environ une vingtaine de destinations africaines seront concernées par les vols à partir du mois de juin 2020.
Le Mali est censé accueillir son premier vol commercial post Covid 19, le 16 juin 2020, malgré la persistance de la pandémie qui continue de faire des victimes au Mali et en France. Le Sénégal pour sa part a vivement réagi contre cette décision unilatérale de Air France, qui rappelle les heures sombres d’un colonialisme qui foule au pied la souveraineté des états africains.
Ousmane Tangara
Source: Bamakonews