Les habitants de la 2e commune de Bamako attendent de leurs futurs responsables municipaux le règlement définitif du problème d’insalubrité. Ils regrettent le fait que les candidats ne viennent pas à eux pour recenser leurs préoccupations.
Ici, c’est « assainissement zéro », s’insurge Mamadou, la cinquantaine, jambes croisées, assis sur une chaise métallique, à l’ombre d’un arbre planté devant sa porte à Medina Coura. A quelques dizaines de mètres de là, l’air devient irrespirable à mesure que l’on s’approche des conteneurs à ordures inondés. Ils longent le mur du tristement célèbre dépotoir d’ordures situé, entre deux écoles, près du stade Omnisport Modibo Keita. Sur les tas d’ordures s’affairent des femmes et des enfants à la recherche d’objets recyclables à revendre.
« C’est ici que toutes les ordures des communes voisines sont déversées », raconte Mamadou. « Au début, le site ne devait être qu’un lieu de transit mais de 2007 à maintenant les déchets n’ont fait que s’entasser », parvient-il à peine à ajouter, interrompu par une femme. « On est fatigués. Qu’on nous règle le problème des ordures, c’est tout ce que nous voulons » s’exclame-t-elle.
Alerté par le ton des échanges, un homme s’invite à la discussion. Lui, c’est Moussa, 42 ans, agent de sécurité. Aucune chaise de libre pour s’asseoir. Peu importe, le tronc d’arbre qui traine à côté fera l’affaire. « Il faut que les maires qui vont être élus fassent à la fois en sorte que cette montagne d’ordures soit définitivement ramassée mais aussi que rien ne traine plus dans nos rues », martèle-t-il.
La campagne pour les élections communales est ouverte depuis le 4 novembre. Mais en commune II, elle est « morose ». Selon Saran, coiffeuse, aucun candidat n’est encore venu recueillir leurs aspirations dans le quartier. « Je les attends depuis toujours pour évoquer le problème des ordures », confie-t-elle.
Une route goudronnée s’arrête juste avant le chemin poussiéreux qui sépare le dépotoir et l’école fondamentale Mamadou Diarra. C’est au bord de cette route qu’est installé le salon de coiffure de Saran. Le cortège incessant des bennes à ordures et des charrettes ne passe pas inaperçu. « Ils contribuent aussi à salir notre localité avec les déchets qui tombent à leur passage », regrette-t-elle.
L’assainissement est une « préoccupation majeure » en commune II. Mais en la matière, « on a été déçus par nos maires actuels », affirme Ibrahima, en sirotant son thé.
La mairie de la Commune II est construite sur deux étages. Le majestueux bâtiment perd de sa splendeur dès que l’on franchit la porte d’entrée. La grosse poubelle, installée à droite, est submergée par les ordures, les deux petites également. Le maire de la commune, Youssouf Coulibaly, un ancien ADEMA transhumé au RPM, monte les escaliers. Boubou blanc, turban de la même couleur autour de son cou. Il accélère sa gracieuse démarche de pèlerin dès que la question des ordures est évoquée. Il parvient à atteindre le premier étage, entre dans son bureau et ferme la porte derrière lui.
« Les maires ont fui leurs responsabilités. Seules les affaires du foncier les intéressent. Ils oublient les autres problèmes, comme celui des ordures », charge Boubacar, footballeur. Izac, radio près de l’oreille, réagit, lui, à propos des nouvelles échéances électorales du 20 novembre. « Pour cette élection, j’aimerais bien voter mais quand on voit que les maires ne font jamais ce pourquoi ils sont élus, on ne peut qu’être découragé » laisse-t-il entendre.
En commune II, on ne se fait pas trop d’illusions sur les élections prochaines. « Ce sont les mêmes têtes qui se présentent », disent les habitants.
La rédaction
