Les militaires entament une nouvelle discussion avec les contestataires. Une délégation de la junte a rencontré le vendredi 18 septembre 2020 le M5-RFP (mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques ayant contribué à la chute de l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta). Cette rencontre se fait au lendemain de l’annonce par la junte de la mise en place d’un Collège pour désigner les personnes devant diriger les organes de Transition.
Après la brouille entre le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) et le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques (M5-RFP) au sujet de la Charte de la Transition issue des trois jours de concertations nationales, les deux parties ont de nouveau échangé. Les contestataires avaient rejeté la Charte de Transition. En effet, le CNSP qui était parti pour faire cavalier seul après les concertations nationales s’est heurté au refus de la CEDEAO. Les chefs d’état de l’Afrique de l’ouest se sont opposés à la charte de la transition lors du mini-sommet d’Accra. Ils ont même fait savoir à la junte que ce document était contesté par le M5-RFP et qu’il fallait discuter avec ce dernier. Pour éviter la grogne populaire, les militaires ont dû faire marche arrière. C’est ce qui explique cette démarche de la junte à travers cette rencontre.
Durant deux jours, les échanges se sont déroulés dans une « bonne ambiance de travail », affirme-t-on du côté de la junte et du M5-RFP.
Selon la junte, cette démarche se situe « dans le but de la future désignation des présidents des organes de la transition, nous consultons. Notre interlocuteur reconnaît que le M5 ayant joué un rôle prépondérant pour faire partir IBK du pouvoir, il faut l’écouter attentivement. »
Samedi dernier, la réunion s’est tenue en comité restreint. Cette fois, il s’agissait pour les deux entités de relire ensemble la charte de la transition et de discuter des points qui posent toujours problèmes.
« Ils nous ont écoutés et nous devons nous revoir aujourd’hui pour nous assurer que nos amendements seront effectivement pris en compte », explique un membre du M5. « Nous sommes en train d’étudier leurs demandes », indique-t-on du côté de la junte.
Sur le choix du Président de la transition, les deux entités n’ont pas le même point de vue sur les conclusions des concertations nationales. Et cela est un secret de Polichinelle. Cependant, le M5-RFP a publiquement affirmé que la tendance générale chez ses partisans à cette rencontre était d’avoir à la tête de présidence de transition un civil. Samedi, en tout cas, le M5 n’a pas caché qu’à ses yeux, le temps presse.
« Nous leur avons dit qu’il faut absolument que les nouvelles équipes puissent se mettre au travail au plus tard mercredi prochain », indique une source au M5,
soit au lendemain des célébrations du soixantième anniversaire de l’Indépendance du Mali. De leur côté, les militaires ont officiellement décidé de céder la présidence a un civil. Rappelons que des manifestations et des appels de soutien à la junte se multiplient depuis un moment. Ces manifestations renforcent la position des militaires qui se voient en pole position. L’organisation régionale de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) reste ferme et l’a réaffirmé lors du mini-sommet à Accra : un président et un Premier ministre de transition, civils. A cette rencontre avec le mouvement responsable du départ du Président de la République, les militaires sont en réalité à la recherche d’un compromis.
La date fixée par la CEDEAO pour nommer le Président et le Premier ministre étant le mercredi 23 septembre, il est fort probable que le CNSP publie les noms avant le mardi prochain car le temps presse.
LA JUNTE PRIVILEGIE CERTAINS DEPARTEMENTS
Si les (…)
Source : Nouvel Horizon