Les banques et établissements financiers et la direction nationale de la Bceao ont analysé les préoccupations de la profession bancaire ainsi que situation économique et financière récente du pays
La traditionnelle réunion trimestrielle de la direction nationale de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) et de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Mali (APBEF) s’est tenue jeudi. La rencontre était coprésidée par le directeur national de la Banque centrale, Konzo Traoré, et le président de l’APBEF, Moussa Alassane Diallo.
Les banques et les établissements financiers sont au cœur de la politique économique et monétaire. Ce secteur constitue l’un des instruments les plus importants dont dispose l’État pour réaliser la croissance et garantir la stabilité économique. La première responsabilité des banques est de financer l’économie à travers des investissements dans des projets et des entreprises.
Les banques, comme toute la structure économique, ont besoin de sécurité et de stabilité politique pour remplir leurs missions. Or, l’attaque terroriste perpétrée contre l’hôtel Radisson Blu a engendré un petit ralentissement de l’activité économique. Aujourd’hui, au moment où le pays sort progressivement de cet état de psychose, il est fondamental pour les banques et établissements financiers de renforcer leurs capacités d’actions. D’où l’importance des rencontres périodiques avec la BCEAO pour discuter et dégager des solutions communes aux problèmes touchant le fonctionnement normal du système bancaire national.
En introduisant les travaux, le directeur national de la Bceao a confirmé que les préoccupations communes à l’environnement bancaire du Mali étaient au centre des débats. Il s’agit, entre autres, de la mise en œuvre du bureau d’information sur le crédit dans les États membres de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) et des difficultés rencontrées par des établissements de crédits, de l’accord de classement, des droits de timbre sur les transferts, des nouvelles règlementations du système bancaire international précisément de l’incidences de Bâle II sur le financement de l’économie et de la révision du délai de transmission de la liste des dirigeants et administrateurs des banques.
Le chantier phare de l’APBF et la BCEAO est, aujourd’hui, la mise en œuvre du bureau d’information sur le crédit (BIC) dans les États membres de l’UEMOA, a souligné Konzo Traoré. C’est un dispositif qui permet de rassembler l’asymétrie d’information qu’il y a entre les banques et leurs clients. Il vise surtout un partage des informations sur le crédit dans les États membres de l’ UEMOA.
« Le but visé par le BIC est de regrouper le maximum d’informations sur un client en vue d’en dégager un scoring (action d’évaluer le risque de défaillance d’un bénéficiaire de crédit sur la base d’éléments dont l’âge, la profession, les revenus, le niveau d’endettement) reflétant sa capacité de remboursement d’un prêt. Les clients ayant un bon scoring, technique permettant par ailleurs de simplifier l’instruction des dossiers de crédit, auront facilement accès au crédit », a développé Konzo Traoré, en invitant les banques maliennes à poursuivre ce chantier de mise en œuvre du bureau d’information sur le crédit.
UNE ECONOMIE FRAGILE. Concernant l’évolution de l’environnement économique et financier de notre pays sur le plan national et étranger, Konzo Traoré relèvera que la croissance est toujours au rendez-vous mais qu’elle est un peu plus faible que l’année dernière. « Selon les prévisions, le pays attend un taux de 4,9% contre 7,2% en 2014. Cependant, nous avons constaté également que l’environnement international est caractérisé par certaines variations, notamment le ralentissement de la croissance de certaines puissances comme la Chine. Cela n’est pas sans effet pour notre pays parce que la Chine est un partenaire économique important du Mali, dans le sens, qu’elle achète la majeure partie du coton malien. Donc tout ralentissement du dynamisme économique chinois peut avoir des conséquences sur le Mali», a-t-il analysé. Il a rappelé que notre économie demeure fragile compte tenu de la situation sécuritaire fragile du pays, d’où le rôle fondamental des banques et établissements financiers d’accompagner la redynamisation de l’activité économique.
Le président de l’APBEF estimera, lui, que cette 4è réunion trimestrielle entre la BCEAO et les banques maliennes a permis de passer en revue l’ensemble des préoccupations propres à la profession bancaire au Mali. « Aujourd’hui, nous avons porté à la connaissance de la BCEAO, un certain nombre de préoccupations. La première préoccupation portait sur les difficultés qui entravent la mise en œuvre rapide du bureau d’information sur le crédit, un instrument extrêmement important pour les banques que nous sommes pour une plus grande participation des banques dans le financement de l’économie nationale. Aujourd’hui, l’accroissement des concours bancaires dans le financement de l’économie peut causer, dans les pays membres de l’UEMOA, certaines difficultés d’où toute l’importance de cet instrument qui permettra de collecter des informations fiables sur les bénéficiaires des services bancaires », a analysé Moussa Alassane Diallo.
Le deuxième point abordé lors cette réunion a concerné les accords de classement du système bancaire qui est un outil de contrôle à postériori des crédits distribués par le système bancaire, a-t-il révélé. « Cet instrument est extrêmement important pour le système bancaire car en plus de permettre à la banque de se refinancer en terme de ressources auprès de la Bceao, il permet aussi et surtout d’améliorer la qualité de leurs signatures à travers leurs clients », a expliqué Moussa Alassane Diallo.
Le troisième point abordé lors cette rencontre, a porté sur le droit de timbre sur les transferts. Ce droit de timbre sur les transferts a connu récemment une révision dans notre pays passant de 0,6% à 0,33%, a noté le patron de l’APBEF. « A priori, on peut dire qu’il y a une baisse mais les 0,6% étaient appliqués hors de lois. Alors que les 0,33% sont appliqués sur la place hors Mali. Ce qui fait que même les transferts entre les pays membres de l’UEMOA vont être frappés par cette fiscalité. Nous avons formulé des recommandations que nous allons soumettre très rapidement au ministre des finances », a-t-il indiqué.
Pour ce qui concerne la relance économique du pays, Moussa Alassane Diallo jugera impératif d’apporter un accompagnement financier solide et durable aux entreprises pour leur permettre d’amorcer une reprise réelle.
D. DJIRE
source : Essor