Le chercheur Ousmane Kornio a présenté son livre intitulé : « les conflits communautaires et les mécanismes de médiation et de réconciliation au Mali », jeudi au siège de la Fondation Friedrich-Ebert. C’était en présence du ministre de la Réconciliation nationale, Zahabi Ould Sidi Mohamed, du président de la Cour suprême, Mme Manassa Danioko, de la représentante résidente de la Fondation Friedrich-Ebert, Mme Katia Müller.
Dans l’ouvrage, l’auteur analyse les relations entre les populations, les forces armées et de sécurité, les gouvernants. Il cartographie également les conflits par régions et situe l’importance des concertations dans le cadre de la gestion des conflits. Une partie du travail propose des solutions pour améliorer la gouvernance locale.
L’ouvrage s’inscrit pleinement dans la série de défis que le Mali se doit de relever, d’autant que les conflits communautaires (intra et inter) sont identifiés comme de sérieuses menaces à la paix, à la sécurité et à la cohésion sociale, indispensables à la stabilité et au développement, a expliqué Mme Katia Müller. C’est, dit-elle, la raison pour laquelle la Fondation Friedrich-Ebert a estimé opportun de revoir le cadrage des conflits présentés dans le premier ouvrage de l’auteur, de manière à mieux cerner les conséquences de la crise multidimensionnelle sur les populations, donc sur le pays.
Trois points essentiels sont à noter dans cet ouvrage : la profondeur des conflits dans la société en termes de relation fonctionnelle entre les autorités (État, collectivités, élus et chefs de quartier ou de village) et les populations ; le danger réel que pourraient constituer les conflits nés de la crise, surtout dans les régions septentrionales ; et enfin, les propositions de solutions, tant pour l’amélioration des relations entre acteurs que pour le processus de réconciliation. Ces différents points constituent des pistes de réflexion dans le sens de la résolution des conflits. «Toutes les régions sont concernées par la crise», confirme l’auteur.
Évoquant la situation du Septentrion malien, le ministre Zahabi Ould Sidi Mohamed a recommandé : « il ne faut pas avoir peur des mots. Il faut dire les choses telles qu’elles sont. Il faut que les partenaires soient un peu plus clairs. Qu’ils respectent leur mandat. On est toujours sous occupation ». Pour mettre fin à cette occupation des régions du nord, préconisera-t-il, la seule solution est le cantonnement des groupes armés, conformément à l’accord de paix.
Pour Abdou Cheaka Touré, le représentant spécial de la CEDEAO au Mali, la résolution de la crise malienne passe par la lutte contre le narcotrafic qui est à la base des conflits chroniques. Il a évoqué aussi une administration forte qui protège les populations contre les forces du mal.
Ambroise Dakouo, un intervenant, a félicité l’auteur en soulignant qu’il « fait bien de mettre en exergue la mauvaise gestion » qui, estimera-t-il, fait partie des causes des conflits armés. Zahabi Ould Sidi Mohamed a tenu à préciser les responsabilités sur cette mauvaise gestion. « La mauvaise gestion, ce n’est pas l’État seulement. C’est aussi les communautés locales », a-t-il relevé, ajoutant que « la sécurité est l’affaire de tout le monde ». Il a donc exhorté les populations à partager les renseignements avec les autorités afin de lutter efficacement contre le terrorisme.
A. DIARRA
source : Essor