La conférence de Paris a souligné le degré d’engagement de la communauté internationale aux côtés de notre pays et fut l’occasion d’annonces de financements à hauteur de 2.120 milliards de Fcfa.
Le 22 octobre 2015 se tenait, à Paris, une conférence internationale de haut niveau pour la relance économique et le développement du Mali, en coopération avec la France et les autres partenaires et amis du Mali. Conjointement organisée par le gouvernement du Mali et l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), cette conférence s’inscrit dans la continuité du processus de Bruxelles, initié en 2013, par la conférence « Ensemble pour le renouveau du Mali » qui avait permis de mettre en œuvre un Plan pour la relance durable du Mali (PRED, 2013-2014) et scellé un engagement, à long terme, entre les autorités maliennes et la communauté internationale. Aujourd’hui, quelles sont les retombées économiques de ces différents fora censés aider le pays à se relever de la crise multidimensionnelle qu’il traverse depuis ? Cette conférence du 22 octobre 2015, fait suite à l’Accord pour la paix et la réconciliation du Mali, signé en mai-juin 2015, à l’issue du processus de médiation mené sous l’égide de l’Algérie, avec l’appui de la communauté internationale. Il s’est agi, à travers cette rencontre, d’affirmer le soutien des amis et partenaires autour de la stratégie spécifique de développement des régions du Nord et de faire prospérer tout le pays de manière équilibrée et de bâtir un Mali émergent. Elle fut l’occasion de faire le point sur l’engagement financier des partenaires au Mali, qui représentera 2.120 milliards de Fcfa (3,2 milliards d’euros) pour la période 2015-2017 – dont un montant de 397 milliards de Fcfa (605 millions d’euros) pour les régions dans le Nord du pays, sur la base des premières annonces faites au cours de la conférence. « Les partenaires y ont rappelé leur attachement à la coordination, à l’harmonisation et à la transparence de l’aide et reconnu le rôle de leadership que doit jouer le gouvernement malien dans cette perspective. Le processus de mobilisation des ressources pour la mise en œuvre de l’Accord se poursuivra, sous l’égide du comité de suivi prévu par l’Accord », peut-on lire dans le communiqué final. Le gouvernement du Mali, les représentants des parties signataires à l’Accord, la société civile et le secteur privé malien et international, ainsi que 64 pays et organisations régionales et internationales partenaires ont participé à la conférence. « Les participants ont affirmé leur plein soutien à la mise en œuvre de l’Accord. Ils ont insisté sur les effets bénéfiques qu’aura la mise en œuvre des mesures prévues par l’Accord sur le plein déploiement des interventions humanitaires et de développement au nord du Mali. Tous les acteurs conjugueront leurs efforts pour y parvenir ». Les participants ont salué l’engagement du gouvernement en faveur d’un développement territorial inclusif et la participation des mouvements signataires à la formulation de la Stratégie spécifique de développement des Régions du Nord. Les partenaires ont aussi confirmé leur mobilisation pour accompagner la mise en œuvre de l’Accord et de la Stratégie dans toutes leurs dimensions. Raviver l’espoir. Pour autant, la récolte a-t-elle tenu la promesse des fleurs ? « L’accord n’est que le début d’une seconde phase, celle de la reconstruction et du bénéfice des dividendes de la paix. Conclure la paix est plus facile que la maintenir et la parachever », déclarait récemment le président Ibrahim Boubacar Keita qui a évoqué la conférence de Paris au cours de laquelle beaucoup de promesses ont été faites. Le président Kéita, qui s’exprimait devant le panel consacré au thème sur la promotion de la stabilité sociale pour une prospérité partagée, lors du dernier Sommet de la TICAD à Nairobi, a déploré que les promesses « tardent à être concrétisées », avant d’inviter les partenaires à se rappeler de leurs engagements. « Cela est dommage parce qu’il compromet l’équilibre et la paix fragile. Parce que les populations savent qu’il y a eu cette conférence et que des sommes ont été promises mais que le gouvernement du Mali n’a pas eues en sa possession. Ce qui est attendu en termes de développement local n’est pas au rendez-vous », a déploré Ibrahim Boubacar Keita. Dans la perspective des objectifs de développement durable du Mali, une analyse des décaissements publics pour le développement en 2013 ainsi que des prévisions de décaissements sur la période 2015-2017, tel que figurant dans le Cadre des ressources externes à moyen terme (CRMT), indique que jusqu’en 2011, l’aide publique contribuait à environ 12% du Produit intérieur brut (PIB) et finançait plus de 70% des investissements publics, indique le site de l’aide publique au développement du Mali (maliapd). Durant la période exceptionnelle du Plan de relance économique durable du Mali (PRED 2013-2014) elle a atteint un niveau record en 2013 avec une augmentation de son volume de 92% par rapport à celui de 2011 et de 248% par rapport à celui de 2012. La prévision 2015-2017 du CRMT, collectée auprès des Partenaires techniques et financiers (PTF) entre mars et avril 2014, s’élève à 1 270,6 milliards de Fcfa, selon la même source. Le Cadre des ressources externes à moyen-terme (CRMT) a été créé à la suite de la Déclaration de Paris. Il présente une analyse globale des appuis que les PTF apportent à la mise en œuvre des politiques de développement du Mali. Son objectif est de fournir une information exhaustive sur l’aide et d’améliorer la prévisibilité des aides extérieures, afin de permettre au Gouvernement de réaliser une allocation optimale des ressources financières, tant internes qu’externes. En fait, ces initiatives sont autant de tentatives pour répondre au constat partagé par les acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux qu’il n’y aura pas de développement dans notre pays sans sécurité et pas de sécurité sans développement économique et social. La rencontre de Paris s’est donc efforcée de fédérer et coordonner l’appui de la communauté internationale. D’où l’invite « au monde des bailleurs de fonds à accompagner ce tournant décisif pour raviver l’espoir des Maliens qui aspirent à un développement harmonieux et à une paix durable afin de fermer les pages sombres de l’histoire récente du pays ». M. DIARRA
Source : L’ Essor