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Tourisme au Mali : LA CRISE FAIT PLONGER LE SECTEUR DANS LE MARASME

Les villes de Tombouctou, Mopti, Djenné, Gao, Bandiagara, qui étaient toujours en bonne place sur les plaquettes des agences de voyage, n’ont pas reçu un seul touriste depuis belle lurette. Les artisans eux aussi broient du noir.

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Depuis 2012, le tourisme malien connaît une crise sans précédent. De nombreux établissements hôteliers ont mis la clé sous la porte ou tournent au ralenti. De fait, le pays est frappé dans sa zone touristique. Le nord et le centre du pays qui, jadis, attiraient une nuée de touristes occidentaux, sont aujourd’hui inaccessibles. Sur les sites des ministères des Affaires étrangères de nombreux pays européens et américains, la bande sahélienne est marquée au rouge. Autrement dit, un endroit à ne pas fréquenter. Du coup, les villes de Tombouctou, Mopti, Djenné, Gao, Bandiagara, qui étaient toujours en bonne place sur les plaquettes des agences de voyage, n’ont pas reçu un seul touriste depuis belle lurette. Si la peur des attentats et des enlèvements en est pour beaucoup, les chancelleries occidentales n’ont pas facilité les choses en décidant de mettre un trait rouge sur plus de la moitié de notre territoire. Certains gouvernements des pays d’origine des touristes vont plus loin, en déconseillant formellement à leurs ressortissants tout déplacement dans le Sahel. Mais l’insécurité ne semble pas rebuter tout le monde. Certains tiennent coûte que coûte à visiter le Mali. Ils ne sont pas nombreux certes, mais ils aiment le Mali et n’entendent pas l’abandonner. C’est le cas de Christian Schuster, un touriste allemand que nous avons rencontré à l’auberge «Djamilla», sise à Badalabougou-ouest. «Il y a six ans, j’organisais des voyages touristiques par route, en compagnie, de mes parents et d’autres amis sur le Mali. A l’époque, mes compagnons et moi visitions, Sélingué, Manantali, le Mandé et la Région de Ségou. Aujourd’hui, les étoiles du tourisme notamment les pays dogon et Tombouctou, sont inaccessibles aux touristes à cause des terroristes. Ils ont peur d’être attaqués par les djihadistes et les bandits armés», explique notre interlocuteur. Actuellement, il ne vient pas pour une visite touristique, mais pour vendre des véhicules. Christian Schuster affirme qu’il n’a jamais rencontré de difficultés au Mali lors de ses voyages. Il conseille au département en charge du Tourisme de proposer aux touristes des visites vers Ségou, Manantali, Sélingué et le pays mandingue. Malgré la crise certains parviennent à tirer leur épingle du jeu, même si les chiffres d’affaires ont beaucoup diminué. C’est le cas de Bakoye Mohamed Diaouné. Ce cordonnier possède un atelier à la Maison des artisans dont la gérante est Mme Nabé Djénéba Dembaga. Dans cet atelier, on vend des sacs, des chaussures et des ceintures confectionnés en peau de serpent, de crocodile et d’autruche. Depuis 15 ans, Mohamed est dans ce métier. Sur le mur de son atelier s’affichent des copies de certaines distinctions qu’il a obtenues dans le domaine de l’artisanat, notamment le Prix UNESCO de l’artisanat sur des accessoires de mode au Salon régional de l’artisanat au Burkina Faso en 1994 ; le «Ciwara» d’excellence en 1996 pour ne citer que ceux-ci. «Je suis fière de mon grand-frère, parce qu’il a pu construire trois villas avec les revenus de son métier de cordonnier que nous avons hérité de nos grand – parents», a indiqué Mme Nabé, la sœur de M. Diaouné. Actuellement, il est aux Etats-Unis pour une exposition, a-t-elle précisé. «Avant la crise, les clients venaient en masse et je pouvais faire des recettes de 500.000 Fcfa par jour. Maintenant avec le déguerpissement des alentours de la Maison des artisans, les clients parviennent à garer facilement leurs véhicules. Et cela est une chance pour nous. Parce qu’auparavant le manque d’espace empêchait les clients de stationner. « Nonobstant la crise, certains clients de l’étranger envoient leurs commandes et nous demandent toujours la situation du pays. Aujourd’hui, je gagne entre 200.000 à 300.000 Fcfa par jour», précise-t-elle. Mahamadou Diawara, lui, vit très difficilement la crise. Sculpteur et vendeur des statuts en bois d’ébène à la Maison des artisans de Bamako, il a quitté l’école en 1972 pour exercer le métier de sculpteur aux côtés de son père. Il souligne que tous les artisans qui sont ici à la Maison des artisans ont hérité le métier de père en fils. «Avec mon métier d’artisan, j’ai construit une villa dans la cour de mon grand-père et je me suis marié. C’est un boulot qui rapporte beaucoup», a dit Mahamadou Diawara. Il indique que lorsque le tourisme malien marchait bien, la vente des objets d’art pouvait me procurer 4 millions de Fcfa par trimestre. Mais, il y a deux ans que ce métier d’artisan ne nourrit plus son homme. « Avec cette crise qui sévit dans notre pays, on ne parvient même pas à trouver le 1/10 de ce qu’on gagnait auparavant », a-t-il évoqué. «Nos clients potentiels sont des touristes qui viennent de l’Europe, l’Asie et l’Amérique. Les touristes ne viennent pas au Mali à cause de l’insécurité. Et tant que le problème n’est pas résolu, ils ne mettront pas les pieds chez nous. Aujourd’hui, il m’est difficile de vendre pour 100.000 Fcfa par jour. Et toutes mes économies sont épuisées. Et seule la cessation totale de la rébellion du nord de notre pays peut résoudre le problème du secteur de l’artisanat et du tourisme. Yacouba Keïta aussi se plaint du fait que les touristes ne viennent plus dans notre pays. Il est vendeur de colliers en pierres précieuses à la Maison des artisans. «Pas de clients, c’est la galère totale que tous les artisans vivent ici à la Maison des artisanats. Au nom de tous les artisans, nous prions pour que la paix revienne au Mali», a souligné M. Keïta. Tamba Soumbounou, est le secrétaire général du comité syndical de la Maison des artisans de Bamako. Il explique que la crise de 2012 a beaucoup frappé le secteur de l’artisanat. Parce que les touristes qui sont des clients potentiels se font rares. « Et sans eux les produits artisanaux ne marchent pas. Aujourd’hui, tous les articles des artisans sont vendus à des prix dérisoires, juste pour avoir les prix des condiments», confie Tamba Soumbounou. Créée en 1936, la Maison des artisans compte 89 ateliers. La location d’un atelier coûte 15.000 Fcfa par mois. Artisans et hôteliers subissent très durement le contrecoup de la crise. L’économie nationale s’en ressent. Des estimations faites par la BCEAO en 2010 et 2011 établissaient la part du tourisme dans la formation du PIB entre 2% à 3%. Aujourd’hui, le tourisme participe à hauteur de 1%. Le Directeur national du tourisme et de l’hôtellerie, Sidy Keita rappelle que le secteur est constitué de deux segments. Le premier : le voyage d’agrément ou de loisir qui est en panne. Il y a aussi le segment affaires qui concerne tous les étrangers qui arrivent dans notre pays pour des réunions ou des conférences. «Aujourd’hui, ce second segment est en plein essor. Seulement, ceux qui viennent pour des affaires, font des séjours très limités tandis que ceux qui font des voyages d’agrément séjournent plus longtemps», explique le spécialiste. Il précise qu’en termes de retombées économiques, il y a donc une très grande différence entre le segment loisirs et le segment affaires. M. Keita révèle que le département en charge du tourisme envisage d’organiser des concertations nationales sur le secteur. «Ces rencontres vont mobiliser les acteurs du secteur privé que sont les promoteurs des agences de voyage, de l’hôtellerie. Elles mobiliseront aussi les élus, la société civile et surtout l’administration chargée du tourisme», détaille-t-il. Le directeur national du tourisme et de l’hôtellerie indique que sa structure est en train de travailler afin de donner des orientations pour la relance de l’activité touristique de notre pays pour les dix prochaines années. A cette fin, elle propose trois projets : les concertations nationales du tourisme, des mesures d’atténuation des méfaits de la crise sur le secteur et le développement d’un marché domestique. Notre interlocuteur se veut optimiste car il remarque une reprise timide du secteur notamment grâce au retour des investisseurs. Le rythme des investissements a été perturbé à cause de la crise sécuritaire et l’instabilité politique. «A partir de l’année 2014, nous assistons de plus en plus à des nouveaux projets dans le domaine du tourisme en termes de création d’hôtels, d’agences de voyage», souligne Sidy Keita qui cite à ce propos, parmi les projets les plus représentatifs, le chantier de l’hôtel Sheraton, de nombreux chantiers et des travaux d’extension au niveau de certaines unités, notamment l’hôtel Salam, les Colibris. «Il y a à Bamako une vingtaine de structures hôtelières qui sont en travaux d’extension ou d’innovation. Ce qui veut dire que la confiance est là», souligne le directeur national du tourisme et de l’hôtellerie. L’espoir est donc permis A. TOURé

Source : Essor

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