La Médiation internationale tente à nouveau de relancer l’accord de paix dans notre pays. Conduite par l’Algérie, la Médiation internationale a présenté aux parties maliennes signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger des propositions « concrètes » visant à relancer la mise en œuvre de l’accord. Dans un communiqué en date du 9 avril 2023, la médiation internationale dans la crise malienne explique les démarches en cours en vue de rapprocher les positions des parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.
Selon la médiation dont le chef de file est l’Algérie, le vendredi 7 avril 2023, conformément à l’engagement pris lors de sa réunion du 13 mars, elle a présenté aux Parties signataires des propositions concrètes visant à relancer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du Processus d’Alger.
La Médiation internationale se dit convaincue que ces propositions, qui tiennent compte des préoccupations exprimées par les Parties lors des différentes consultations menées au Mali et en Algérie, sont de nature à renouer la confiance et à favoriser le rétablissement d’un dialogue constructif, sous l’égide du Comité de suivi de l’Accord présidé par l’Algérie.
« La Médiation internationale observe avec inquiétude le regain actuel de tension entre les Parties signataires. Dans ce contexte, elle lance un appel pressant aux Parties pour qu’elles s’abstiennent de propos et d’actions susceptibles de compromettre les efforts consentis par la Médiation en vue du parachèvement du processus de paix, traduisent en actes concrets leur attachement proclamé à l’Accord, et placent l’intérêt de leur pays et de son peuple au-dessus de toutes autres considérations », peut-on lire dans le communiqué.
Par ailleurs, la Médiation internationale réaffirme son engagement total à continuer à accompagner les Parties signataires et le peuple malien dans leur quête d’une paix, d’une stabilité et d’une réconciliation durables, dans le strict respect de l’unité, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté du pays.
Les détails officiels n’ont pas été divulgués, mais selon nos sources, le document comprend des actions prioritaires à mener pour que le processus redémarre.
L’un des points sensibles est l’opérationnalisation de la commission ad hoc sur la chaîne de commandement des forces armées reconstituées.
La médiation internationale propose également aux deux parties de commencer l’opération DDR : désarmement, démobilisation et réinsertion, sur un premier lot de 13 000 ex-combattants sur les 26 000 convenus, d’accorder les violons sur le volet « lancement des projets de fonds de développement », ou encore la mise à jour des arrangements sécuritaires sur le cessez-le-feu.
Depuis un bon moment, la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger connaît des blocages. Une sorte de méfiance est née entre les parties signataires de l’accord.
D’ailleurs, dans un communiqué publié récemment, les groupes signataires de l’Accord ont estimé que le projet de nouvelle constitution qui doit être soumis à référendum ne propose aucune avancée dans l’application de l’Accord d’Alger. Les groupes armés dans leur communiqué «déclarent solennellement ne pas se reconnaître» dans le texte en cours de vulgarisation.
Pour le porte-parole des groupes armés du Nord, réunis au sein du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD), Mohamed Elmaouloud Ramadane, le projet qui doit être soumis à référendum ne propose aucune avancée pour l’application de l’Accord d’Alger.
En février 2023, le gouvernement dans une lettre confidentielle adressée à la médiation internationale, a condamné les récentes violations de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu des pourparlers par la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA).
Le gouvernement a notifié à la médiation internationale qu’il n’était plus acceptable de laisser la CMA narguer l’Accord de paix. Cela, si bien que les cas de violation empêchent la création d’un climat de sérénité nécessaire pour le retour à l’ordre constitutionnel.
Dans son document signé par le ministre la réconciliation, de la paix et de la cohésion nationale, chargé de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, le colonel major Ismaël WAGUÉ, le gouvernement a précisé que malgré ses nombreux efforts pour la mise en œuvre de l’Accord, « force est de constater que certains mouvements, précisément ceux de la CMA, n’ont cessé de violer l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger ».
Les cas les plus récents de ces violations énumérés par le gouvernement sont entre autres : l’installation d’Etats-Majors par certains mouvements armés dans le Gourma entre 2020-2021 ; la réouverture des postes de sécurité dans les Zones de Kidal, Gao, Ménaka et Tombouctou ; la délivrance illégale d’autorisations de déplacement sur les sites d’orpaillage ; l’installation et la mise en place de dispositifs de sécurisation sur les sites d’orpaillages illégaux de N’Tahaka (sud de Gao) et au Nord de Kidal ; le refus de recevoir les médecins en charge de la lutte contre la Covid-19 ; les actions entravant le fonctionnement optimal des Bataillons des Forces Armées Reconstituées (BATFAR)…
PAR MODIBO KONÉ
Source : Info Matin