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Référendum du 18 juin: le front du non pèse-t-il lourd dans la balance ?

La campagne référendaire bat son plein depuis le vendredi 02 juin. Pour convaincre le maximum de Maliens à voter Oui, des meetings et des rassemblements sont organisés à travers tout le pays. Des grandes formations politiques comme l’ADEMA-PASJ, l’URD, une partie du RPM, le CNID, l’UM-RDA et des centaines d’associations appellent à voter Oui. Dans le camp du Non, figurent entre autres l’Appel du 20 février ; la LIMAMA ; le M5-RFP Mali Kura ; le parti CODEM ; le parti Yèlèma de l’ancien premier ministre Moussa MARA ; le parti LDC de l’ancien ministre Moussa Sinko COULIBALY ; les groupes armés signataires de l’Accord pour la paix… À ce stade de la campagne où les tendances se dégagent peu à peu, peut-on dire que les opposants à la réforme constitutionnelle feront le poids ?

Depuis la convocation du collège électoral pour le vote référendaire fixé au 18 juin, le camp du Oui et celui du Non s’activent. Si les premiers se focalisent sur les innovations contenues dans le projet de Constitution pour appeler à voter Oui ; le camp adverse ne manque pas d’argument pour pousser les Maliens à rejeter cette initiative des autorités de la transition.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que la question du soutien au référendum ne fait pas l’unanimité au sein de certains partis politiques. C’est le cas à l’ADEMA-PASJ et au RPM.
À l’ADEMA, malgré que certains cadres aient rejeté l’idée de la rédaction d’une nouvelle constitution, le Comité exécutif a appelé à voter Oui.
De même, au RPM, une partie des cadres appelle à voter Oui.
Malgré les nombreux appels en faveur du Oui, il faut reconnaître que le camp du Non pèse également dans la balance. Le Collectif «Appel du 20 février pour sauver le Mali» qui réunit des partis politiques et des organisations de la société civile a décidé d’empêcher par toutes les voies légales la tenue de ce scrutin.
Ce Collectif dirigé par le magistrat Mohamed Chérif KONE estime que ‘’les militaires n’ont reçu aucun mandat pour plonger dans l’inconnu, voire soumettre le peuple aux règles de l’État de non-droit’’.
C’est pourquoi ledit Collectif ne cache pas son intention de faire barrage à la tenue du référendum sur le nouveau projet de Constitution prévu pour ce 18 juin. Il réclame l’annulation du décret convoquant le collège électoral sur toute l’étendue du territoire national et dans les missions diplomatiques et consulaires du Mali.
Les membres de ce Collectif ont décidé de saisir la justice afin d’annuler le processus. Ils jugent «illégitime et illégal» ce référendum. Aucune condition, estiment-ils, «n’est réunie pour sa tenue dans un pays dont plus des deux tiers échappent au contrôle de l’État».
La CODEM de Housséini Amion GUINDO qui est membre de ce Collectif trouve inopportun le référendum dans le contexte actuel de l’État et cite un chapelet de griefs contre le projet de révision constitutionnelle, avant de proposer au Président de la Transition, en lieu et place, de trouver un consensus avec la classe politique pour le retour à l’ordre constitutionnel normal.

La Ligue Malienne des Imams et Érudits pour la Solidarité islamique au Mali (Limama) est en train de battre campagne contre le OUI. Cette organisation religieuse est contre certains aspects du texte de loi fondamentale, notamment le terme «laïcité» qui ne fait pas consensus, malgré les explications et les assurances données par les autorités et la commission de rédaction du texte.
Pour sa part, le M5-RFP Mali Kura regrette que le processus d’élaboration d’une nouvelle constitution n’a pas été respecté et que le projet de constitution ne reflète pas suffisamment l’identité malienne et n’offre pas de garanties en termes de consolidation des acquis démocratiques.
Aussi, le M5-RFP Mali Kura trouve que cette Constitution renforce le déséquilibre des pouvoirs au profit du Président de la République qu’il érige en Monarque.
De son côté, la Ligue démocratique pour le changement de Moussa Sinko COULIBALY évoque l’inopportunité de la réforme constitutionnelle au moment où le pays est en détresse. Ce parti demande l’abandon de tout projet de révision de nouvelle constitution, source de division des Maliens et de fragilisation de l’unité nationale.
Par ailleurs, l’on note l’absence de consensus entre les anciens groupes armés et l’État. Ces groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation «ne se reconnaissent pas dans ce nouveau projet’’. Ils trouvent que certains points de leurs doléances liés à l’Accord n’ont pas été pris en compte.
Alors que Bamako estime que les points liés à l’Accord ont été pris en compte, notamment la loi sur le découpage territorial déjà votée et le bicaméralisme que prévoit le projet de constitution avec une deuxième chambre qui va prendre en compte les légitimités traditionnelles.
À Gao, la population est vent debout contre les autorités de la transition. Elle dénonce l’incapacité des autorités à fournir le minimum vital aux populations. Dans la cité des Askia, la population se révolte contre le manque d’électricité, d’eau potable et l’absence de l’administration.
Le dimanche 28 mai, dans la salle du gouvernorat où se tenait une conférence sur la vulgarisation de la nouvelle constitution, des hommes et des femmes y ont envahi tout en brandissant des pancartes sur lesquelles il était écrit : « Gao meurt à petit feu dans le noir », « Pas de référendum sans eau et électricité », « Gao mérite mieux ».
C’est dire que malgré les nombreux appels en faveur du Oui, le camp adverse ne doit pas être négligé lors de ce vote référendaire. Rien n’est encore gagné à l’avance et le verdict sortira des urnes le soir du 18 juin. Comme le soutiennent certains observateurs, il ne suffit pas de gagner un vote référendaire, mais il faut le gagner avec un pourcentage exemplaire pour donner à la loi fondamentale toute sa légitimité.

PAR MODIBO KONE

Source : Info Matin

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