La volonté affichée par le gouvernement de la République du Mali de recruter 15 0oo enseignants contractuels pour suppléer les grévistes se trouve déjà affecté par les conditions défavorables en passe de décourager les fameux volontaires.
La liste des domaines du « frelatement » s’élargie en République du Mali. Les cas de l’engrais et des blindés viennent d’être suivi du salaire qu’on réserve aux enseignants contractuels dont le recrutement est en cours pour six mois. Et cela, pour permettre aux élèves de reprendre le chemin de l’école en attendant la fin de la cessation de travail du Collectif des enseignants qui exigent l’application pure et simple de l’article 39 de la loi 2018-007 du 16 janvier 2018 portant statut du personnel enseignant du secondaire, du fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale.
Le processus de recrutement des 15.000 enseignants contractuels « sortis des écoles des Instituts de formation des maîtres (IFM) ne semble pas avoir le vent en poupe au regard des informations qui circulent et qui font l’objet de débat dans les « grins » huppés et boutiques du pays.
L’information concernant ce recrutement a été rendue publique à la faveur d’une conférence de presse animée par trois ministres du gouvernement, le jeudi 30 janvier 2020, au Centre d’information gouvernementale du Mali (Cigma).
C’était le ministre de la Communication, chargé des Relations avec les Institutions, porte-parole du gouvernement, Yaya Sangaré qui était accompagné de son homologue de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, fraîchement nommé ministre de l’Education nationale, Mahamadou Famanta et celui du Dialogue social, du Travail et de la Fonction publique, Oumar Hamadoun Dicko.
L’initiative est prise, selon ces ministres, afin d’éviter à l’école malienne l’année bricolée de 2018-2019. Comme pour dire qu’il s’agit de faire revenir les enfants en classe par tous les moyens possible. Mais il ya de l’eau dans le gaz. Le moteur du processus est en mauvais état.
Le gouvernement du Mali fait semblant d’ignorer que « la fin justifie les moyens ». Les gros moyens pour une fin excellente et les faibles moyens pour une fin médiocre. En tous cas, avec ce qui est proposé à ces enseignants dits contractuels, l’objectif visé est loin d’être atteint. Car enfin après la sélection et après avoir pris connaissance du contenu du document qu’on appelle le contrat, beaucoup d’entre eux désisteront ou accepteront les clauses pour amuser la galerie dans les classes pendant ces six mois.
Dans le contrat d’engagement d’enseignants volontaires dont nous nous sommes procuré une copie, l’article 2 stipule qu’une indemnité forfaitaire mensuelle sera versée en monnaie locale au volontaire. La somme est de 75.000 FCFA pour le fondamental 1 et 2. 50.000 FCFA reviennent à l’enseignant volontaire, 15.000 FCFA pour frais de déplacement et 10.000 FCFA pour frais de communication.
En ce qui concerne les clauses du contrat, elles sont exigeantes pour le revenu du travail. Ces sauveurs qui acceptent de s’engager volontairement devraient avoir un traitement égal ou supérieur à celui des enseignants grévistes si le gouvernement veut vraiment trouver la solution à ce problème qui n’a que trop duré. Ce salaire de 50.000 FCFA pour une corvée écrasante est considéré par les volontaires comme une exploitation de l’homme par l’homme au 21ème siècle.
Comme illustration à ces argumentations, à Fana, le jour de la formation, beaucoup de volontaires ont vidé la salle. Selon eux, dans les coulisses, les frais de formation, carburant et pause-café faisaient 100.000 FCFA. Ce qui les a motivés à déposer les dossiers. Mais à leur grande surprise, les formateurs ont dit le contraire. A les en croire, les formateurs ont fait savoir que la formation est gratuite et qu’il n’ya ni de frais de carburant ni pause-café. Toutes choses qui ont abouti à décourager les volontaires.
Aussi à l’Académie de Bamako Rive droite, beaucoup de volontaires ont refusé de signer le contrat car ils pensaient qu’ils devraient recevoir 100.000 FCFA, mais sur le contrat, ils ont vu 50.000 FCFA. Vu le nombre insuffisant des volontaires, le cabinet du ministère de l’Education a demandé aux agents de l’Académie d’occuper les chaises vides en s’ajoutant aux volontaires dans la salle. Ceux-ci ont répondu par la négative en disant que le cabinet de Boubou Cissé qu’ils surnomment l’éthiopien ou le haoussa est rempli d’enseignants. Donc, à les entendre, ceux-ci peuvent commencer à s’ajouter aux volontaires d’abord.
Dans plusieurs localités du pays, les comités de gestion scolaire, les associations des parents d’élèves et la Cafo disent n’avoir pas besoin de volontaires pour donner le cours à leurs enfants.
Déjà le processus de recrutement des volontaires rencontre d’énormes difficultés. Le nerf de la guerre prend une part importante. Les volontaires doutent de la crédibilité de la démarche.
Le plan ‘’b’’ étant déjà grippé, quel sera le plan ‘’c’’ que le Haoussa et son équipe proposeront aux Maliens pour une sortie définitive de cette crise scolaire qui gangrène l’éducation des enfants depuis l’année dernière ?
Bazoumana KANE
Le Prétoire