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Réconciliation intercommunautaire: le piège et l’impératif

Le doute n’est plus permis, nonobstant les opérations de lustrage pour sauver les apparences, que la Coordination des mouvements armés (CMA) qui, après avoir adopté son agenda propre relatif à des concertations locales et l’évaluation de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, fait l’option claire de faire cavalier seul. L’enjeu à présent est de recoller les morceaux, après le boycott de la Plateforme du Forum de Kidal.

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Autant la CMA ne semble pas avoir des dents particulièrement acérées contre la Plateforme, après sa rebuffade qui a fait capoter le Forum de Kidal et hypothéquer par conséquent les espoirs nés au terme de la rencontre d’Anafiff, autant n’entend se laisser émouvoir outre mesure par cette situation. C’est ce qu’il est permis de déduire de cette déclaration du secrétaire général du Haut conseil pour l’unicité de l’Azawad (HCUA), Alghabass Ag INTALLA, à l’ouverture du Forum de Kidal : « l’absence de la plateforme à cet événement d’importance capitale malgré l’espoir qu’il a suscité chez les populations et la communauté internationale ne doit pas freiner notre élan dans la poursuite du plaidoyer en faveur de la paix et de la cohésion sociale entre toutes les populations de l’Azawad ». C’est à croire que la défection de la Plateforme était un non-événement. Ce qui n’est bien sûr pas le jugement partagé par les autres acteurs de la crise, à l’instar de la MINUSMA qui également avait placé beaucoup d’espoir en cette rencontre qui devait permettre d’asseoir durablement la paix entre les communautés locales, renforcer la sécurité dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, mais également de la libre circulation des personnes et des biens.

Agenda propre
Il n’en demeure pas moins que la CMA, dans sa logique d’affirmer son indifférence, pousse le mépris en adoptant son agenda de l’après-Forum. Alghabass a de fait annoncé : « devant cette contrainte, la CMA se donne l’opportunité d’organiser, en son nom, une rencontre de concertations internes dans la perspective d’une évaluation de ses activités, notamment la mise en œuvre de l’accord de paix issu du processus d’Alger et la consolidation des acquis des différentes rencontres de réconciliation intercommunautaires ».
En réalité, au-delà de l’indifférence apparente, la décision de la Plateforme est du pain bénit pour la CMA pour s’isoler et revenir à ses anciens amours séparatistes. Un énorme gâchis en termes de temps et d’investissements en tous genres. Il faut signaler, dans cette veine, les intenses efforts diplomatiques déployés par la MINUSMA pour obtenir le rapprochement qui était loin d’être donné d’avance, de ces deux Mouvements qui se sont livré des combats mortels.

Le défi
Le défi désormais est de ne pas donner l’occasion à la CMA de réaliser ce qu’il a toujours souhaité, faire prospérer sa tartufferie. Cela est une urgence et pour laquelle il est interdit d’avoir le sang de navet. Parce que sa promptitude à annoncer son agenda propre atteste à suffisance que malgré le rapprochement avec la Plateforme elle continuait à nager entre deux eaux. Sa posture actuelle n’est pas sans rappeler ce proverbe bambara : ‘’donkili min bè môgô kônô, o da kadi’’ (une chanson que l’on connaît est facile à fredonner).
Il est d’autant plus important de parer au plus pressé que l’on garde encore en mémoire le abracadabrantesque alibi de la CMA de consulter sa base avant de parapher Le pré-accord. À cela s’ajoutent les préalables qu’elle a posés pour signer l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger quand la date du 15 a été annoncée. Toutes ces manœuvres ont eu pour conséquences d’organiser de nouvelles signatures.
Même après la signature de l’Accord, l’on n’était pas au bout de l’inconstance et de l’affabulation de ce Mouvement armé. En effet, Alghabass Ag INTALLA déclarait, le 20 février dernier sur sa page Facebook : « concernant le retard accusé dans la mise en œuvre de l’accord, je peux vous dire sans aucun risque de me tromper inchallah que la balle n’est pas dans le camp de la CMA.
En dépit de toutes les provocations et des exactions arbitraires récurrentes commises par les FAMa sur des populations civiles innocentes de l’Azawad, la CMA n’a jamais posé un acte de belligérance contre l’armée malienne, depuis la signature de l’accord, le 20 Juin 2015. Exactions que la CMA ne compte plus laisser passer d’ailleurs sans réagir. La CMA a fait des concessions énormes dans ce processus, elle s’est toujours montrée disposée à aller de l’avant dans la mise en œuvre de cet Accord, malgré toutes les difficultés rencontrées jusque-là. Que ceux qui ont la balle s’en saisissent et décident une bonne fois pour toute, et de bonne foi, d’aller de l’avant dans l’intérêt supérieur de toutes les parties et de nos populations respectives »

Mission dantesque
L’habitude de volte-face et de propagande et de dénonciation calomnieuse étant une seconde nature, il ne serait pas étonnant que l’évaluation de ses activités en particulier pour ce qui est de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger soit la légitimation de ces propos et la source de blocage alarmant sinon périlleux pour le processus de paix et de réconciliation.
Pour que l’espoir né des rencontres intercommunautaire d’Anaffif, en octobre 2015, ne se termine en eau de boudin, il urge que le Gouvernement tout comme la MINUSMA, chacun ayant appuyé en sa manière l’organisation et la tenue du Forum de Kidal s’investissent pleinement pour recoller les morceaux. Une mission certes dantesque, mais qui reste possible et surtout dont la réussite est tout sauf facultative pour ne pas marquer le pas, pire retourner à la case départ. Parce qu’il y a aussi de la stabilité actuelle des communautés qui ont fumé le calumet de la paix depuis Anaffif.
In fine, si les inquiétudes sont amplement justifiées, il n’en demeure pas moins que la situation n’est pas désespérée. Un retournement de situation reste toujours dans les cordes.

Par Bertin DAKOUO

 

Source: info-matin

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