Jean-Pierre Bemba, ancien vice-président congolais, a atterri mercredi à l’aéroport de Kinshasa après plus de onze ans d’absence en RDC, où il veut déposer dès jeudi sa candidature à la présidentielle. Plusieurs milliers de personnes l’attendaient, dans une ambiance électrique.
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Onze ans après avoir quitté le pays, cette fois, Jean-Pierre Bemba est de retour. Arrivé à 8h50, heure locale (9h50, heure de Paris), Jean-Pierre Bemba a quitté l’aéroport un peu plus d’une heure plus tard. Sous bonne escorte policière, son cortège a commencé à se frayer un passage au travers d’une foule compacte.
Ils sont en effet plusieurs milliers – le chiffre de 20 000 personnes est avancé – à être venus accueillir Jean-Pierre Bemba à sa descente d’avion, à l’aéroport international de N’Djili, à Kinshasa. Dans la foule, des militants du Mouvement de libération du Congo (MLC), le parti de l’ancien vice-président, mais aussi des drapeaux d’« Ensemble », le mouvement de Moïse Katumbi. Si la foule scande le nom de Bemba, de nombreux slogans hostiles à la Cour pénale internationale (CPI) se font également entendre.
Après avoir progressé lentement pendant un peu plus d’une heure, le cortège a subitement accéléré, vers 12h30. La police a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule et ouvrir le passage. Le véhicule à bord duquel se trouvait Bemba, encadré de véhicules des forces de sécurité, a alors rapidement accéléré.
Après une période de flottement concernant sa destination finale, Jean-Pierre Bemba est arrivé quelques minutes plus tard au siège provincial du MLC, sur l’avenue de l’Enseignement, en face du stade des Martyrs de Kinshasa.
Le cortège devait à l’origine se diriger vers la place Assanef, non loin de la cathédrale de Kinshasa, selon l’itinéraire sur lequel les autorités et les représentants de Bemba s’étaient entendus la veille de l’arrivée de l’opposant.
À sa descente d’avion, Bemba a été accueilli par Eve Bazaiba, la secrétaire générale du MLC, ainsi qu’une délégation de sénateurs de son parti, parmi lesquels Jacques Djoli.
Jean-Pierre Lisanga Bonganga, le ministre des Relations avec le Parlement, a pour sa part confié à Jeune Afrique avoir tenu à être présent « pour des raisons protocolaires ». « C’est un fils du pays qui rentre chez lui, et ce n’est que normal que ce soit un moment joyeux pour les Congolais, et tout cela fait avancer la démocratie dans notre pays », a ajouté le ministre, qui se revendique toujours de l’opposition.
Et d’ajouter : « Au niveau de l’opposition, c’est le seul à être allé aux élections par deux fois. Il est allé au premier tour. Il est allé au deuxième tour. Il a été vice-président de la République. Je pense que c’est un candidat de valeur pour l’opposition. »
Crainte sécuritaire
« En route vers la terre de mes ancêtres, ma patrie », avait twitté dans la nuit de mardi à mercredi l’ex-vice-président, 55 ans, un message accompagné d’une photo le montrant en train de montrer à bord d’un jet privé en Belgique.
Par crainte de débordements, un important dispositif policier a été déployé avant son arrivée mercredi matin – jour férié en RDC – sur les grandes artères de la ville et près du siège du parti de Jean-Pierre Bemba, le Mouvement de libération du Congo (MLC).
Les autorités congolaises souhaitaient que Jean-Pierre Bemba traverse la capitale à 40 km/heure, une vitesse bien trop rapide selon ses proches pour saluer la foule qu’ils espèrent nombreuse sur les 25 km séparant l’aéroport du centre-ville. Les forces de sécurité ne souhaitaient pas non plus que l’ex-vice-président se rende dans sa résidence familiale, située à proximité immédiate de celle de Joseph Kabila.
Dépôt de candidature dès jeudi
Jean-Pierre Bemba doit déposer dès jeudi son dossier de candidature à l’élection présidentielle prévue le 23 décembre 2018, avant de se rendre samedi dans son fief familial de Gemena (nord-ouest) sur la tombe de son père, homme d’affaires très influent à l’époque de Mobutu.
Condamné à dix-huit ans de prison pour crime contre l’humanité par la CPI, Jean-Pierre Bemba avait été acquitté en juin et remis en liberté provisoire et conditionnelle.
Jeune Afrique