Le Conseil de sécurité de l’ONU, qui se réunit le 23 mars, doit se prononcer avant la fin du mois sur le renouvellement de son mandat à la Mission de l’ONU pour la stabilisation en RD Congo (Monusco). Mais Kinshasa veut diminuer la présence onusienne au maximum. Pour plaider sa cause, le pays a dépêché à New York Barnabé Kikaya bin Karubi, conseiller diplomatique du président Joseph Kabila, accompagné, entre autres, de l’ambassadeur de la RD Congo en France, Christian Atoki Ileka.
Un document, que Jeune Afrique a pu consulter, a en outre été envoyé par le gouvernement congolais aux membres du Conseil de sécurité. Voici ses principales demandes et arguments.
- Pour un retrait accéléré de la Monusco
Après le retrait de 2 000 membres de la Mission de l’ONU en RD Congo (Monusco), votée par le conseil de sécurité l’année dernière, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, a d’ores et déjà recommandé un nouveau départ de 1 700 hommes, sur les quelques 18 000 soldats que compte la mission. Mais le gouvernement congolais veut aller plus vite.
Il sollicite pour l’année 2016 « un retrait supplémentaire des effectifs militaires » de la Monusco, en plus des 1 700 déjà envisagés. Kinshasa souhaite notamment que le plafond total de troupes autorisées aujourd’hui, fixé à près de 20 000, soit abaissé pour rendre le processus irréversible. Le gouvernement congolais estime encore que « l’élaboration d’un plan de sortie de la Monusco revêt un caractère urgent ». Il souhaite en revanche « le renouvellement du mandat de la Brigade d’intervention », unité spéciale composée de militaires malawites, sud-africains et tanzaniens.
En dépit de ces demandes répétées de Kinshasa, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est, pour l’instant, montrée réticent à baisser sensiblement les effectifs de sa plus importante mission de maintien de la paix, avec 23 400 personnes, dont 18 000 soldats. En cause, notamment, le cycle électoral en cours, lequel doit s’achever par l’élection présidentielle, théoriquement en novembre prochain, d’un successeur au président Joseph Kabila qui effectue son deuxième et dernier mandant constitutionnel. Mais l’organisation des élections a pris un retard considérable et de nombreux diplomates craignent qu’un report de l’élection ne crée de nouveaux troubles dans le pays.
- Élections : oui à l’appui, non à l’accompagnement
« La Ceni [Commission électorale nationale indépendante] s’emploie à exécuter en bonne et due forme son plan de travail et s’atèle actuellement à la fiabilisation du fichier électoral », affirme pourtant le gouvernement congolais. « La mobilisation des ressources financières […] constitue un fardeau, la Ceni ayant évalué le coût à 1,2 milliard de dollars américains. [Le gouvernement] a validé un plan de décaissement d’un montant de 380 millions de dollars américains en 2016 […] La RDC reste disposée à bénéficier de l’appui (et non de l’accompagnement) de la Monusco dans le cadre des préparatifs des élections », précise encore le texte.
Kinshasa affirme que les retards du processus électoral sont le fruit de la contestation de l’opposition
« Par appui, il faut entendre le soutien logistique, pour le déploiement des kits électoraux par exemple, précise un diplomate congolais. Mais l’organisation de l’élection, cela ne la regarde pas ». Kinshasa affirme que les retards sont le fruit de la contestation de l’opposition, citant par exemple « le refus de l’UDPS [principal parti d’opposition] de participer aux concertations nationales ». Il affirme encore que « les cartes d’électeurs, actuellement en circulation en RD Congo, sont appelées à être renouvelées, eu égard notamment aux nouvelles dénominations des Provinces ». Une décision qui devrait encore ralentir le processus.
- Kinshasa craint plus le M23 que les FLDR
Pour appuyer sa volonté de voir davantage de soldats quitter son territoire, le gouvernement congolais affirme « que la situation sécuritaire sur son territoire [s’est] nettement améliorée ». Son armée serait parvenue à une « neutralisation considérable » des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), le principal groupe armé présent sur son territoire.
Ses « effectifs résiduels […] s’élèvent à 108 combattants » affirme Kinshasa. « Il faudrait cependant ajouter quelques combattants FDLR recrutés de force par ce mouvement rebelle, ainsi que des pseudo-FDLR recyclés, création des pays voisins pour pérenniser la déstabilisation, l’insécurité, et le pillage des ressources naturelles ». Par ailleurs, le gouvernement congolais affirme que les rebelles ougandais des Forces démocratiques alliés (ADF-Nalu), ne disposent plus que de 150 combattants.
Le gouvernement congolais soupçonne en revanche les ex-rebelles duMouvement du 23 mars (M23) de se réorganiser, depuis l’Ouganda et le Rwanda, où ils se sont réfugiés après leur défaite militaire. « Diverses infiltrations de leurs éléments issus de certains Etats témoignent certainement de leurs intention à reprendre les hostilités », affirme Kinshasa.
Source: Jeune Afrique