Le 18 septembre 2018, les usagers de l’axe Tour d’Afrique-intersection de Banankabougou ont été désagréablement surpris par le spectacle auquel ils ont assisté. Sur cet axe, où les eaux de pluies ont complètement endommagé la chaussée qui n’existe même plus en certains endroits, les usagers ont aperçu une forte délégation du ministre des Infrastructures et de l’équipement en visite et un engin de terrassement en train de réparer la partie endommagée de la voie.
Mais que n’a été leur surprise de constater que, une fois la délégation ministérielle le dos tourné, les ouvriers de l’entreprise Razel arrêter les travaux de réparation qu’ils venaient de commencer, en présence de la délégation ministérielle et remballer leurs affaires et machines et quitter les lieux, en laissant en plan ce qui était finalement donc une farce de réparation. Et depuis ce jour, aucun coup de pelle n’a été donné, laissant les usagers aux prises avec leurs affres quotidiennes des crevasses et nids de poule qui jalonnent la voie et font de cette axe un véritable parcours du combattant.
Un bluff du plus mauvais goût jette une lumière le manque de respect de la parole donnée.
Sinon comment comprendre qu’un ministre de la République s’engage publiquement en instruisant une entreprise contractuelle auprès de l’Etat d’engager des travaux rémunérés sur les fonds du contribuable malien, afin soulager les usagers de la voie, et que cette entreprise ne s’exécute pas et mieux, au mépris de toute morale, fasse semblant d’engager les travaux et les arrête aussitôt que la délégation ministérielle a le dos tourné ?
Faut-il croire à un manque de respect de Razel envers l’Etat ou alors une complicité de l’autorité ?
Si la responsabilité de l’entreprise Razel est entière, car elle est adjudicatrice des travaux d’aménagement en 2×2 de la voie, reliant le 3ème pont de Bamako à la RN6, y compris la construction d’un échangeur au croisement de Missabougou et la réhabilitation de la section Tour d’Afrique-Yirimadio, pour un montant de 32 291 154 902,36 de FCFA TTC, entièrement financés par le budget national, avec un délai d’exécution de 18 mois. Mais la responsabilité des autorités de tutelle est tout aussi établie, ce sont ses services techniques qui doivent assurer le suivi des travaux.
Ils étaient nombreux, les usagers de ce tronçon qui avaient nourri beaucoup d’espoir de voir la fin de leur calvaire. Mais leur déception a été grande de constater qu’après le passage du ministre, aucun acte n’a été posé par l’entreprise dans la réparation de la partie endommagée.
En effet, l’usager n’a aucun choix entre les profondes crevasses. Il y plonge inévitablement, dans de l’eau boueuse et ocre qu’il projette et dont il éclabousse involontairement le passant, avec parfois de dispute entre usagers.
Pis, l’usager le plus chanceux sort avec son engin sans dommage au contact des rochers de la chaussée. Sinon, il s’embourbe ou perd une partie de son moyen de locomotion.
Par ailleurs, tous les jours que Dieu fait, il se produit pratiquement un accident sur cet axe.
Certes, l’incivisme a une grande part dans les accidents de circulation à Bamako. Mais, de nos jours, beaucoup de routes de la Capitale se trouvent dans un état de dégradation avancée qui favorise les accidents.
Le retard dans le démarrage effectif des travaux d’aménagement en 2×2 de la voie, reliant le 3ème pont de Bamako à la Route nationale N°6, avec la construction d’un échangeur au croisement de Missabougou et la réhabilitation de la section Tour d’Afrique-Yirimadio, pour le 3 octobre 2018, peut techniquement s’expliquer par l’installation de l’entreprise ainsi que la poursuite des pluies.
Cependant, la non-réparation de l’axe Tour d’Afrique-intersection de Banankabougou est une violation des termes du contrat, et mérite des sanctions.
En tout cas, ce bluff de mauvais aloi, assimilable à de la poudre dans les yeux des usagers, va créer une crise de confiance entre gouvernants et gouvernés. Ces derniers sont désormais en droit de douter de ce que les premiers auront à avancer comme travaux à faire.
En tout état de cause, des manquements de ce genre ne doivent pas rester impunies tant au niveau de l’entreprise qu’à celui des services techniques du département. Il y va de l’honneur et de la crédibilité de la parole donnée de Mme la ministre Mme TRAORE Seynabou DIOP, jamais prise à défaut quand il s’agit de l’exécution des recommandations fortes du Président IBK.
Par Sékou CAMARA
Info-matin