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DDR: les dessous d’un statuquo

Si depuis 2016, plusieurs zones de cantonnement attendent désespérément des combattants alors même que les critères d’intégration sont élaborés. Selon des sources d’expertises internationales, des ambitions démesurées des responsables de l’ex-rébellion, voulant assurer coûte que coûte leurs arrières, bloquent le processus sous le regard complice d’une certaine communauté internationale et la complaisance d’un État en quête d’autorité. Les dessous d’un statuquo !

Il ressort des statistiques dignes de foi, en septembre 2018, 39 208 combattants ex-rebelles sont recensés, soit près du double de l’ensemble des forces maliennes de défenses et de sécurités réunies (armée, garde nationale, gendarmerie et police). Mythe ou réalité ? S’il est aujourd’hui difficile pour les groupes armés signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger d’aligner tout d’un coup l’ensemble de ces combattants, il y a lieu de reconnaitre que les listes de combattants présentées au niveau des différentes commissions sont réelles.
On retrouve dans ces listes de combattants, selon certaines indiscrétions, des éleveurs ou agriculteurs et même des élèves et étudiants recensés depuis Bamako ou d’autres capitales régionales. Le mérite de ces combattants ‘’fictifs’’, selon les mêmes indiscrétions, est d’avoir banqué à des responsables de groupes armés pour obtenir le statut de combattant qui leur permettra une insertion dans l’armée régulière ou dans un programme de réinsertion socio-économique. Les vrais combattants, eux, continueront de rire sous cape.
La réalité aujourd’hui est qu’avec plus de 17 groupes politico-militaires, selon les mêmes sources, en dehors même de la nébuleuse djihadiste, l’État a perdu depuis longtemps le monopole de la force légitime. Ces groupes, qui reconnaissent, sur le papier, l’unité et l’intégrité territoriale (contrairement aux terroristes) auraient dû être immédiatement neutralisés ou au moins contraints à un désarmement immédiat. Ces groupes se sont multipliés comme des métastases dans les régions nord et sud.
En réalité, aujourd’hui l’accord pour la paix offre aussi de privilèges à ces groupes que le gouvernement signataire au même titre que les ex-rebelles n’a plus le droit d’agir de certaines manières (disproportionnées).
Depuis un certain temps, les groupes imposent le tempo en gagnant suffisamment de temps pour poursuivre leurs lucratifs trafics d’êtres humains, d’armes et de drogues tout en proposant, au compte-goutte et pour créer l’illusion de la paix, des listes de combattants pour servir le processus de désarmement de réinsertion conformément à l’Accord pour la paix signé en 2015.
Dans ce contexte, le processus de désarmement, démobilisation et réinsertions (DDR) a du plomb dans l’aile et sans doute encore pour longtemps alors que le pays traverse une période transitoire avec l’ultimatum lancé par les Nations-Unies suite à sa 73e Assemblée générale où les différentes parties signataires ont conclu un nouveau document dénommé « Pacte pour la paix ».
Selon le document, « si après les 6 mois aucun progrès n’est réalisé, le conseil de sécurité prendra des mesures contre les auteurs du blocage ».
Dans ce nouveau parchemin, il est indiqué qu’après les 6 mois suivant l’investiture du président de la République, les différentes parties devront rendre-compte des progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation.
L’organisation a aussi brandi des menaces de sanctions contre toute personne qui sera à l’origine du blocage de ce processus.
Ainsi, en acceptant de signer ce « pacte pour la paix », les différentes parties s’engagent à accélérer les travaux pour la mise en œuvre de l’accord de paix. Néanmoins, ce délai est donné pour l’application de l’accord alors qu’il y a deux mois, le Conseil de sécurité de l’ONU, dans un rapport, a cité les noms de quelques responsables des groupes armés qui s’adonnent à des activités rendant la mise en œuvre de l’accord difficile.
Déjà, de voix discordantes s’élèvent contre ce délai de l’ONU : « Ce délai de 6 mois n’est pas tenable », confiait Mohamadou Djeri Maiga, membre de la CMA, à nos confrères de Tamani, à la suite d’une rencontre avec le nouveau ministre en charge de la Réconciliation nationale. Selon lui, la mise en œuvre de l’accord doit être accélérée pour surtout soulager la souffrance des Maliens et non pour satisfaire le Conseil de sécurité de l’ONU.

Par Sidi Dao

Info-matin

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