Le rapport 2017-18 d’Amnesty International, lancé le 22 février dernier pour la première fois au Mali, rend compte de la situation des droits humains dans le monde en 2017. Au Mali où la situation des droits de l’homme est toujours préoccupante du fait du terrorisme, l’ONG se réjouit du vote par l’Assemblée nationale, d’une loi qui protège les défenseurs des droits de l’homme en décembre 2017. C’était en présence du M. AliouneTINE, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, en présence de Mme Ramata GUISSE et M. Drissa FOMBA, respectivement Directrice Exécutive et Président de la Section d’Amnesty International au Mali.
L’étude au cas par cas de la situation dans 159 pays et territoires dans le monde, met en lumière le combat que livrent de très nombreuses personnes pour reconquérir leurs droits, ainsi que les manquements des gouvernements en matière de respect, de protection et de mise en œuvre des droits fondamentaux. Le présent rapport donne aussi un aperçu de certaines avancées obtenues de haute lutte, montrant que la défense des droits humains permet véritablement d’améliorer la situation. Il rend hommage aux femmes et aux hommes qui défendent les droits fondamentaux et continuent de se battre pour faire changer les choses, parfois au péril de leur vie.
Selon le rapport, la situation des droits humains en Afrique s’est caractérisée par une violente répression des manifestations pacifiques et par des attaques concertées visant des opposants politiques, des défenseurs des droits humains et des organisations de la société civile.
Dans le même temps, la stagnation des initiatives politiques destinées à résoudre des conflits de longue date n’a fait qu’aggraver les violences dont les civils étaient continuellement victimes. Aussi, ajoute le rapport, les atteintes aux droits humains, y compris les crimes de droit international, commises dans le contexte de conflits sont demeurées impunies.
Au Mali durant l’année, la MINUSMA a enregistré 252 atteintes aux droits humains imputables aux forces de sécurité ou à des groupes armés, qui ont fait plus de 650 victimes. Elle a recensé notamment 21 exécutions extrajudiciaires et homicides délibérés et arbitraires, 12 disparitions forcées et 31 cas de torture et autres formes de mauvais traitements.
Selon la Directrice exécutive d’Amnesty International au Mali, Mme RamataGuissé, « Les attaques se sont multipliées dans les régions centrales de Mopti et de Ségou. La présence accrue des groupes armés et l’intensification du recrutement local ont aggravé les tensions entre différentes ethnies. En février, des inconnus ont attaqué des Peuhls, faisant 20 morts et 18 blessés. Ces violences ont fait suite à l’homicide d’un célèbre opposant d’influence extrémiste dans la région de Ségou. Entre janvier et septembre, la MINUSMA a dénombré au moins 155 attaques contre ses forces de maintien de la paix, les forces de sécurité maliennes et les militaires français de l’opération Barkhane ».
S’agissant des conditions d’incarcération, la situation est préoccupante selon le rapport. « Les prisons demeuraient surpeuplées et les conditions de détention étaient mauvaises. À la fin de l’année, la Maison centrale d’arrêt de Bamako, d’une capacité de 400 détenus, en accueillait 1 947, dont 581 avaient été déclarés coupables et 1 366 étaient dans l’attente de leur procès. Les personnes détenues depuis 2013 sur la base d’accusations de terrorisme n’étaient pas autorisées à quitter leurs cellules exiguës et mal ventilées, même pour faire de l’exercice ».
Toutefois, malgré ce tableau peu reluisant dans une situation de crise, Amnesty International note des avancées qui sont vivement saluées par les organisations de défense des droits de l’homme. Il s’agit notamment du vote par l’Assemblée nationale de la loi de protection des défenseurs des droits de l’homme en décembre 2017 et la récente création par les Nations-Unies de la commission internationale d’enquête sur les violations des droits de l’homme au Mali.
« Le repli sur soi fait que le migrant est devenu indésirable avec un fort risque de banalisation à grande échelle de la discrimination. Nous n’arrêterons pas de mettre la pression sur les Etats qui sont nos partenaires », a déclaré Alioune TINE, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Daouda T. Konaté
Le Challenger