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Que sont-ils devenus : Mady Diallo : Petit par la taille, Grand par le talent

En 1987, quand le Sigui de Kayes accèdé à la finale de la coupe du Mali, on se rappelle encore l’avant papier du doyen et regretté Demba Coulibaly (originaire de la région) qui donne un cachet particulier à l’événement. A la veille de la finale, il a dit ceci : ” Le soleil se lèvera très tôt ce dimanche à Kayes ; toute la population de la Cité des Rails aura un seul regard : Bamako où le Sigui doit jouer sa première finale de coupe du Mali “. A la fin du match, sanctionnée par le sacre des Kayésiens, Demba a annoncé la fête dans les différentes gares : de Kati à Kayes en passant entre autres par Kita, Boulouli, Toukoto, Mahina, Tintiba.

C’était vraiment émouvant ! Nous, ressortissants de Kayes résidant à Bamako, et dans toutes les contrées, de Logo à Almamya, en passant par Hawa dembaya, Saféraya, et Guimbaya, nous nous sommes dressés comme un seul homme pour soutenir jusqu’à l’ultime seconde de la partie les jeunes Amadou Thiam, Bréhima Traoré, Bakary Boré, Abdramane Sissoko, feu Cheick Oumar Kouma dit champion, Moussa Koné dit Diégo, Abdoulaye Diallo, Fousseyni Diarra, Alassane Coulibaly dit Georges, Issa Coulibaly, etc… Trente-et-un ans après, nous sommes allés à la rencontre d’un acteur majeur de cet exploit du Sigui de Kayes, Mady Diallo. Tel un feu follet, il était intenable dans la défense réaliste. Comme un guerrier, il galvanisait ses coéquipiers. Mieux, le virevoltant ailier offrait le but de la victoire aux Kayesiens sur un coup franc magistral. Qui est Mady Diallo ? Dans quel état d’esprit l’équipe du Sigui a-t-elle effectué le déplacement de 1987 sur Bamako ? Comment l’entraineur Dioncounda Coulibaly dit Antonio a-t-il dopé le moral de sa troupe ?  Quelle a été l’arme fatale du Buffle pour piétiner les Scorpions, comme nous avons l’habitude de voir sur la chaine de télévision Nat Geo Wild ? Pourquoi, au lieu de consolider les acquis après le sacre, certains ténors ont préféré débarquer à Bamako pour évoluer au Djoliba et au Stade malien de Bamako ? Autant de questions qui ont constitué le menu de notre entretien avec l’enfant de Kayes Khasso, Mady Diallo, dans le cadre la rubrique ” Que sont-ils devenus ? “

Cette finale de coupe du Mali a eu la particularité d’être animée par deux Kayésiens : feu Demba Coulibaly et Papa Oumar Diop. Le premier avait la passion du micro, et le second qui touchait pour la première fois  à un micro en direct sur la radio nationale, au-delà de l’ambiance de sa complicité avec Demba,  avait un autre souci : comment séduire l’auditoire pour réussir son baptême de feu ? Bref, ils réussiront ce jour-là leur boulot, surtout que Kayes venait de créer la sensation. Comment ? Nous évoquerons ce sacre historique de la vaillante équipe du Sigui vers la fin de cet article.

Ascension fulgurante

La vie et la carrière de Mady Diallo ont connu une ascension fulgurante en un laps de temps. Tout est allé très vite et il s’est forgé une histoire. Mais un détail : son talent en est pour beaucoup. Sinon, il n’a pas trop duré dans les rues de Kayes.

Doté d’un démarrage athlétique, il a fait les beaux jours de l’Espoir au début de l’année 1985. Ensuite, il rejoint l’Avenir du Khasso, avant que la fusion de toutes ces équipes n’aboutisse au renforcement du Sigui de Kayes en 1986. L’on comprend aisément que ce sont des enfants, des amis et des camarades de quartier  qui se retrouvent au Sigui. C’est dans cette ambiance que Mady et les autres se sont rendu compte, au fur et à mesure que la saison avançait, que leur groupe avait une valeur. Alors pourquoi ne pas le faire valoir ? Ce qui était lié à des facteurs et des paramètres : le travail, et encore le travail. Autrement dit, l’engagement du gouverneur de région et le soutien du président Alassane Diallo ne suffisaient pas, si les joueurs ne se transcendaient pas en retour.

En 1987, Mady Diallo remporte la coupe du Mali avec le Sigui de Kayes et dispute l’année suivante les éliminatoires de la coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe. Cet exploit lui ouvre également les portes de la vaillante équipe nationale junior, entrainée par Idrissa Touré dit Nany et Mamadou Diakité dit Doudou. Mady Diallo a disputé tous les matches, en tant que titulaire sur son couloir droit jusqu’en finale contre le Nigéria. Malheureusement, à la veille de la coupe du monde, devant se tenir en Arabie Saoudite, il a été victime d’une blessure. Ce qui l’a transformé en spectateur dans le Royaume Saoudien. Après cette campagne des juniors, l’entraineur des Aigles, Kidian Diallo, fera appel à certains jeunes du groupe parmi lesquels Mady Diallo, Amadou Bass, Oumar Guindo,

Comme une balle de ping-pong !

Après le sacre du Sigui de Kayes, son élimination en coupe d’Afrique de clubs et la coupe du monde junior, Mady Diallo transfère au Stade malien de Bamako. Les Blancs ont profité du tournoi des Blacks Stars au Gabon pour l’intégrer dans la famille. Ils ont failli le perdre car les dirigeants de l’équipe de la poste gabonaise lui proposent un contrat, avec Seydou Diarra dit Platini, Mady Fofana qui était à la base de son transfert au Stade s’oppose. Mady Diallo ne bronche pas, il se résigne et retourne à Bamako avec l’équipe pour reprendre les entrainements. Il passe sept ans au Stade malien, avec à la clef deux coupes du Mali (1992- 1994), une coupe UFOA (1992), un doublé (1995).

En 1996, il s’envole pour l’Algérie et y passe deux ans. Dans quelles circonstances est-il parti pour cette nouvelle aventure ? Et pourquoi, a-t-il préféré aller au Djoliba à son retour ? Mady Diallo s’explique : “Les dirigeants du S.E.C de Constantine, ville située au Nord -Est de l’Algérie, ont approché Karounga Keïta dit Kéké pour qu’il leur  trouve un ailier de métier. Très clairement, il leur a dit que ce type de joueur n’évolue pas dans son club et il les a dirigés vers moi, malgré que je sois du Stade malien. Effectivement, les Algériens sont venus me voir et après les pourparlers, j’ai signé un contrat de deux ans. Et tout s’est bien passé. A mon retour, les Stadistes et les Djolibistes m’ont démarché. Comment faire devant une telle pression ? Par reconnaissance à Kéké, j’ai décidé d’aller au Djoliba. Parce qu’il a été à la base d’un contrat juteux qui m’a permis d’acheter un terrain à Kalaban Adeken, construire une maison et fonder un foyer. La logique voudrait bien à mon avis que je lui rende la monnaie de cette façon. Et mon premier match a été la finale de la coupe Inps. Quand je rentrais, le Stade menait, mais j’ai marqué le but égalisateur. Au terme des tirs au but, le Djoliba s’est imposé. Le lendemain, Karounga était tellement content de ma reconnaissance et de ma prestation de la veille, qu’il m’a invité à la Biao pour me remettre la somme de trois cent milles (300 000) Francs Cfa”.

Tout comme au Sigui et au Stade, Mady Diallo s’est fait également remarquer comme l’animateur principal de l’attaque du Djoliba, surtout le couloir droit avec ses incursions fracassantes ponctuées de centres ou de buts.

Avec les Rouges, il a réalisé un doublé en 1998 et remporté deux titres de champion. Les choses se gâtèrent entre Mady et le Djoliba, quand il a voulu retourner au Stade. Les dirigeants stadistes n’ont rien ménagé pour récupérer l’enfant du Khasso. L’ancien ministre de la transition, Yéhia Ag, qui avait fait de cela une question d’honneur, réussira finalement à transférer Mady en 2000. Il n’aura joué que deux matches avec le Stade malien.

Le président du Djoliba, Kéké, qui ne voulait pas aussi lâcher l’ancien joueur du Sigui, s’est opposé à ce transfert, en bloquant sa licence. Exacerbé par cette attitude de Karounga Kéïta, Mady, par orgueil, refuse de céder à la pression et décide de mettre un terme à sa carrière, se disant qu’il avait déjà payé la dette morale vis-à-vis de Kéké dont l’acte ne se justifiait pas.

Jour de gloire !

Parlons enfin de cette finale de la coupe du Mali qui s’est jouée le 5 juillet 1987entre l’As Réal de Bamako et le Sigui de Kayes. A la veille, des rumeurs persistantes sont parvenues à nous, les Kayésiens. Il a été rapporté que l’adversaire aurait miné l’entrée de Bamako et la gare ferroviaire de chimie noire. “Un homme averti en vaut deux”, dit-on. L’équipe du Sigui a quitté Kayes le vendredi 3 juillet pour Bamako  par train. Arrivés à Kati aux environs de 17 heures, sous la houlette de l’ancien ministre des Sports et actuel président de FIBA-Afrique, Hamane Niang, les joueurs sont exfiltrés pour une villa à Djélibougou. La Fédération qui avait pris des dispositions pour l’hébergement ne comprend rien. Ce qui  est évident, l’équipe de la Cité des rails est à Bamako.

Le samedi 4 juillet au matin, les joueurs ont seulement fait une séance de décrassage au stade Omnisports, avant de rejoindre leur tanière jusqu’au dimanche, où toutes les formalités ont été remplies en dehors des vestiaires. Les joueurs se sont habillés dans leur villa et n’ont pas daigné rentrer dans les vestiaires. C’était une façon pour le Sigui d’être prudent par rapport aux rumeurs de chimie noire distillées, à tort ou à raison.  La suite est connue : le Sigui de Kayes s’est vaillamment imposé par 2 buts à 1, marqués à la 47ème mn par Fousseyni Diarra et à la 49 ème mn par Mady Diallo. Et c’est là que le doyen, feu Demba Coulibaly, a dit que ce sacre sonne l’an II du football malien, avant d’ajouter que le train sifflera trois fois le long des rails de Bamako à Kayes en passant par Toukoto, Mahina………

Dans quel état d’esprit l’équipe du Sigui a-t-elle effectué le déplacement sur Bamako, parce qu’avant l’heure, une victoire kayésienne semblait relever du miracle ?  Mady Diallo répond : “Je tiens à préciser que le Sigui était une famille. Chaque dimanche, l’équipe se retrouvait chez un joueur pour une journée récréative. Cela a créé entre nous une complicité et une entente parfaite. Pour répondre à votre question, avant de prendre le train pour Bamako, les joueurs se sont réunis à l’internat aux environs de minuit, quand tous les dirigeants et l’encadrement technique sont rentrés. Sur ordre du capitaine Bourama Traoré dit Boukary, j’ai pris la parole pour dire que le plus difficile, c’est-à-dire la demi- finale, a été un succès. Donc, la finale ne doit en aucune manière nous effrayer. Le gouverneur de la région, Bady Ould Ganfoud, a tout fait pour nous ; le président Alassane Diallo a trop souffert, donc mieux vaut retourner à Kayes dans un corbillard que de laisser la coupe à Bamako. Avec un tel message, on ne peut se rendre dans la capitale que dans un bon état d’esprit teinté de confiance et d’assurance”.

Dans ce genre de match, le message de l’entraineur est très important. Qu’est-ce que le coach Dioncounda Coulibaly dit Antonio a-t-il dit à ses joueurs à l’occasion de cette finale ? Mady Diallo soutient que le travail de l’encadrement a été facilité par l’engagement des joueurs. Après le classement, il leur a dit que la victoire est à portée de main et surtout de tout faire pour éviter le moindre but avant la fin de la première mi-temps. Donc, en seconde période, tout sera décanté. Comme cela été le cas d’ailleurs.

Après la victoire du Sigui de Kayes en finale de la coupe du Mali, certains éléments clés, Mady Diallo, Alassane Coulibaly, Abdoulaye Diallo, Amadou Thiam ont rejoint le Djoliba ou le Stade malien. Ce qui a fragilisé fortement l’équipe. Mais pourquoi ? Ils auraient dû rester pour consolider les acquis et même tenter de rééditer l’exploit de 1987.

S’il ne sait pas les motivations de ses coéquipiers, Mady justifie son débarquement à Bamako dans l’espoir de décrocher un contrat à l’extérieur. Ce vœu s’est finalement réalisé.

Comme bons souvenirs, il retient trois grands événements : la finale de la coupe du Mali de 1987, son titre de meilleur joueur en 1988 et la super coupe remportée par le Djoliba en 1997. La lourde défaite du Sigui, 6 buts à 1, contre les Rouges en éliminatoires de la coupe du Mali est son seul mauvais souvenir.

Sérigraphe de formation, marié et père de 3 enfants, Mady Diallo opère dans l’entreprise “Magic Décor”. Il continue de s’entraîner avec les anciens footballeurs, au Centre islamique d’Hamdallaye de Bamako où nous l’avons rencontré pour un entretien à bâtons rompus. Il donne l’impression de pouvoir tenir un championnat de première division, à travers ses accélérations et appels de balles.           

  O. Roger Sissoko

Source: Aujourd’hui-Mali

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