Après plus de quatre ans de controverses, l’étude fondatrice de l’IHU de Marseille sur l’usage de l’hydroxychloroquine contre le Covid, signée notamment du Pr Didier Raoult, a été officiellement invalidée, a annoncé mardi l’éditeur de la revue qui l’avait publiée en mars 2020.
“Des inquiétudes ont été soulevées” liées au respect de “l’éthique de publication” de l’éditeur de la revue, à “la conduite appropriée de la recherche impliquant des participants humains, ainsi que des inquiétudes soulevées par trois des auteurs concernant la méthodologie et les conclusions”, a indiqué Elsevier, l’éditeur de la revue scientifique International journal of antimicrobial agents, dans une longue note justifiant cette rétractation.
L’article, signé de 18 auteurs, notamment de Philippe Gautret, alors professeur à l’IHU, et de Didier Raoult, entendait démontrer l’efficacité de l’hydroxychloroquine, associée à un antibiotique -l’azithromycine- contre le Covid-19.
Si cette parution avait alimenté des espoirs de traitement, elle avait été rapidement épinglée par d’autres scientifiques et spécialistes de l’éthique pour de potentielles erreurs, voire manipulations, ce qu’ont ensuite prouvé des enquêtes d’autorités sanitaires et de certains médias.
Des études scientifiques ont plus tard toutes démontré l’inefficacité de l’hydroxychloroquine contre le Covid, dont l’usage a parfois été associé à de graves effets indésirables, notamment cardiovasculaires.
Elsevier, qui s’est adjoint les services d’un “expert impartial agissant en tant que conseiller indépendant en matière d’éthique de l’édition”, a exposé en détail mardi son enquête fouillée sur l’article, et ses conclusions accablantes sur le non-respect des règles autant que sur la manipulation ou l’interprétation des résultats.
L’éditeur affirme aussi que les auteurs n’ont pas argumenté de manière convaincante pour leur défense. Sa rétractation officielle de l’étude en invalide les résultats.
L’étude Gautret était “la pierre angulaire d’un scandale mondial” et sa rétractation “constitue une reconnaissance tardive mais essentielle des dérives scientifiques qui ont mené à la mise en danger des patients”, a salué dans un communiqué la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT), présidée par le Pr Mathieu Molimard.
La SFPT a appelé à une remise en question plus large des travaux menés sous la tutelle du Pr Didier Raoult, en particulier sur l’hydroxychloroquine.
Source : AFP