La situation socio-politique tendue au Mali à l’orée du premier tour de l’élection présidentielle est un sujet qui mérite une attention particulière de la part du reste du monde. Au chevet du Mali pour le retour de la paix et la lutte contre le terrorisme, il est aussi face à une autre responsabilité. Celle de faire en sorte que tout ne chavire pas au Mali via une crise électorale. C’est ce qui se pointe à l’horizon au regard de la position ferme des citoyens et certains partis politiques qui clament en avoir marre de la gestion dite ‘’catastrophique’’ du Mali par le Président de la République IBK. Si le peuple ressent l’envie ardente de sanctionner IBK à cause des promesses non tenues, les conditions de vie de plus en plus exécrables des Maliens, la classe politique opposée au régime voit au-delà. Elle s’intéresse au processus d’organisation du scrutin qui compte tenu des démarches ambiguës du Gouvernement conduiront le Mali vers une crise postélectorale. Pour preuve, le fichier électoral est source de nombreuses critiques soulignées par l’Union Européenne qui avait formulé 18 recommandations au Gouvernement Malien pour contribuer à la transparence des prochaines élections. Ont-elles été prises en compte ? Pas de manière satisfaisante pour le moment.
A ces observations s’y ajoutent des points sensibles de la nouvelle loi électorale. A ce niveau, il est question, pour un candidat, de déposer comme caution 25 millions ; avoir le parrainage de 10 députés ou 5 conseillers communaux par région. Cette nouvelle règlementation créera un sentiment d’exclusion pour la simple raison que la plus part de ceux-là qui envisagent de se présenter ne peuvent pas remplir toutes ses conditions. Accepteront-ils de se voir exclure injustement de la course ? La réponse est connue de tous. Il faut s’attendre à une forte contestation des partis politiques contre cette nouvelle forme de candidature. Cela ravivera davantage la tension qui est déjà tendue.
Le hic est que des Maliens pensent qu’IBK a échoué sur toutes les lignes. Ils sont nombreux à lui solliciter de renoncer à se présenter. Ils sont aussi nombreux à penser qu’IBK n’aura pas un second mandat sauf en cas de fraude. Raison pour laquelle, toutes propositions au sujet des élections, pour l’instant, émanant des autorités sont automatiquement contestées.
Si IBK déclare qu’il est candidat, il faut s’attendre à des manifestations de la part de ceux-là dont la candidature a échoué à cause de la nouvelle loi électorale. S’il est aussi déclaré vainqueur des élections, des centaines de milliers de Maliens s’y opposeront. Ce qui conduira le Mali vers une nouvelle crise.
Les présidents Africains ; les organisations africaines, UEMOA, CEDEAO, Union Africaine, sont appelés à anticiper cette fois la crise parce que dans les autres pays, même le Mali en 2012, ils se sont réveillés en retard. N’attendez pas la ruine pour enfin se mobiliser.
Qu’ils parlent à leur pair, frère, IBK. Qu’ils lui conseillent le droit chemin pour la transparence des élections, mais le mieux serait de lui dire de ne pas briguer un second mandat dont les conséquences ne sont pas mesurables pour plusieurs raisons.
Boubacar Yalkoué
Source: Le Pays