Alors que la transition s’achemine vers son épilogue légal, une terrible incertitude plane sur l’organisation du scrutin présidentiel censé consacrer le retour à l’ordre constitutionnel et la démocratie. Ce tumultueux feuilleton était pourtant prévisible, au regard des incessantes tergiversations des premières autorités de la transition jusqu’au coup de force survenu dans le coup d’État, le 24 mai 2021, consacrant ainsi le colonel Assimi Goita président de la transition et Choguel Kokalla Maiga premier ministre. Cependant, un sérieux bémol estampillait ce surprenant retournement de situation dans cette période d’exception qui se trouvait à mi-parcours. Il est plus que plausible que la fausse note aura été la nomination à la Primature de Choguel Maiga, président du Comité stratégique du M5-RFP, qui a illico fait rejaillir les démêlées politiques qui s’étaient éclipsées le temps que les choses se tassent. Nous vivons en effet sous le joug de ce lourd climat de querelles et d’intimidations entre politiques, qui remémore tristement les prémices de la chute du régime Ibrahim Boubacar Keita. Si une probable prolongation de la transition résonnerait dans l’oreille de certains comme une opportunité unique de mettre le pays sur le bon rail, il convient de ne pas occulter qu’elle serait une provocation juste inacceptable pour d’autres vue que les seigneurs du jour n’ont pas hésité à évincer sans ménagement les dignitaires du régime renversé qui feront tout pour rendre l’appareil inutilisable. Il en résulte que pour le Malien lambda toute la pertinence de proroger la transition ou de ne pas aller dans ce sens réside dans l’usage qu’on aura fait des 18 mois de cette période charnière. A cet égard, bon nombre d’observateurs estiment que le Colonel Goita, président de la transition, aurait dû composer sans les politiques pour que la transition soit ce grand moment d’introspection et d’accalmie en vue d’un meilleur redressement du pays.
Par ailleurs, on est à même de s’interroger si l’octroi de la primature au M5-RFP n’était pas un passage obligé pour le colonel président afin de maximiser ses chances pour réussir le deuxième épisode de la transition aux premières heures de son second putsch en moins de neuf mois. La vérité est que son choix paraît judicieusement dangereux, au regard du fait qu’il a pu engranger de la sympathie de ses compatriotes. Quant à poser les premiers jalons d’une réelle refondation nationale, cela parait objectivement impossible à cause de l’obstacle que lui-même a convié. Cet obstacle tentera d’entraver la prolongation de la transition et même la mise en œuvre de sa politique de redressement national et cet obstacle se nomme le M5-RFP. On a cette insolite impression que l’actuel Premier ministre donnera son âme pour sortir le Mali de l’ornière on trouvera à ergoter. Tout compte fait le peuple malien, qui n’aspire qu’à son bien-être, est loin d’être exigeant; il appartient aux militaires au pouvoir ainsi qu’aux autres acteurs politiques divisés entre le premier courant qui pense que plus la transition est courte mieux ça vaut comme l’atteste l’ancien premier ministre de la transition de 1991-1992 Zoumana Sacko et l’autre qui estime que l’organisation de l’élection présidentielle ne saurait être une solution à nos problèmes sinon IBK pouvait rester (dixit Jeamille Bittar), de trouver la solution adéquate car le couperet des sanctions internationales a vite fait de s’exécuter.
Ousmane Tiemoko Diakité