Accusé par le ministre de la Justice d’avoir refusé de poursuivre ou de donner suite à une vingtaine de dossiers dans l’affaire Adama Sangaré, le Procureur général apporte un cinglant démenti. Ces dossiers ne nous sont pas parvenus. Ils ont dû s’égarer dans les dédales du ministère», a-t-il dit. Avant d’ajouter qu’il a, de son propre chef, constitué 60 dossiers contre des maires.
ans un entretien qu’il nous a accordé hier, le Procureur général près la Cour d’appel de Bamako, Daniel Amagoin Tessougué, a fermement démenti les accusations formulées par le ministre de la Justice, Garde des sceaux, Mohamed Ali Bathily, faisant croire qu’il a transmis » 20 dossiers sur le maire du District Adama Sangaré au parquet « et que c’est le parquet qui refuserait de le poursuivre. Ces propos que le ministre a tenus lors d’une rencontre à Paris ont été relayés dans un journal de la place.
Le magistrat du Parquet général de Bamako s’est inscrit en faux contre de telles allégations du ministre de la Justice en expliquant qu’à part une lettre de dénonciation des faits, qui date du 3 octobre 2013 que le ministère lui a fait parvenir, aucun autre dossier concernant Adama Sangaré n’est parvenu au Parquet. D’ailleurs, cette lettre de dénonciation, a-t-il précisé, est de la compétence du juge administratif.
» Si le ministre dit avoir envoyé 20 dossiers au Parquet, aucun d’eux ne nous est parvenu. Ou du moins, ces dossiers se seraient égarés dans les dédales du ministère « , a-t- indiqué.
Par contre, a souligné Daniel Amagoin Tessougué, de son propre chef, il a fait constituer près de 60 dossiers contre des maires, des sous-préfets et des préfets, le tout dans le secteur du foncier. » Ces dossiers relèvent tous de trois unités d’enquête que sont la brigade d’investigation judiciaire, le service d’investigation judiciaire du Camp I et la Brigade de Faladiè « .
Et le Procureur général d’ajouter que le travail de poursuite se fait normalement et sans pression ni bruit, « car le magistrat n’a pas le droit d’aller sur tous les toits crier que tel ou tel est un délinquant alors qu’il n’en a pas établi toutes les preuves « .
Pour Daniel Tessougué, le principe de la présomption d’innocence, qui est inscrit dans la Constitution, est un bréviaire. Ce principe, dira-t-il, impose au magistrat de respecter tous les citoyens. Il ne permet à personne d’annoncer publiquement que telle ou telle personne est poursuivie sans que la procédure aboutisse. » Ce n’est pas un plaisir d’envoyer quelqu’un en prison. C’est le devoir qui l’impose. Les Maliens doivent se rappeler que la première fois où Adama Sangaré a été arrêté, c’est moi qui l’ai fait. Ce n’est pas le ministère « , a-t-il conclu.
Bruno D SEGBEDJI
SOURCE: L’Indépendant