Hier, lundi matin 12 novembre 2018, toutes les grandes artères du chef-lieu du Cercle de Bla, dans la Région de Ségou, ont été barricadées par les populations locales. C’est pour contester contre le nouveau projet de découpage territorial qui ne prévoit pas l’érection de leur Cercle aussi en Région.
Au total, ce sont 93 Cercles ,20 Régions et 10 Communes pour Bamako. Telle serait la nouvelle configuration géographique de notre pays au plan administratif. Du moins, c’est ce que prévoit le nouveau projet de la réorganisation du territoire national par le Gouvernement en place. Mais, aujourd’hui, l’initiative jugée comme un facteur de création d’emplois semble loin des préoccupations de la majorité de la population malienne. Plusieurs actes de protestation, notamment des marches, des communiqués de presse, des journées et manifestations pour procéder à la dénonciation de ce projet ont été entreprises par plusieurs couches sociales et politiques pour exiger le retrait ou le report pur et simple dudit projet. Ce, afin de faire d’abord des journées de concertation plus inclusive pour permettre de prendre en compte les préoccupations et les réclamations des uns et des autres. Mais cette proposition de plusieurs personnalités et des chefs de partis politiques dont la Convergence des forces patriotiques qui rassemble l’ancien PM Moussa Mara, l’Honorable Oumar Mariko, l’ancien Ministre Housseini Amion Guindo, semble tombée dans une sourde oreille du côté du Gouvernement. La précipitation à conduire ce projet de découpage administratif qui demeure la plus importante réforme territoriale du pays depuis l’accession du Mali à son Indépendance nationale s’avère périlleuse et, selon les indices, pourrait être instigateur d’une énième source de vives tensions au plan sociopolitique interne.
En effet, situé à 80 kilomètres de Ségou et érigé en Cercle par l’Ordonnance n°77-44/CMLN du 12 juillet 1977 et rattaché désormais à la nouvelle Région de San, selon le nouveau projet de loi en perspective, les 283.663 (Recensement administratif de 2009) habitants seront repartis en les 17 communes rurales qui composeront le Cercle de Bla. Ce sont: Beguené, Bla, Diaramana, Diéma, Duguwolofila, Falo, Fani, Kazangasso,Kemeni,Korodougou,Koulandougou,Niala,Samabogo,Somasso,Tiemena,Touna et Yangassone. En fait, ces communes ne veulent surtout pas rester en marge des luttes intempestives contre le nouveau projet de découpage administratif en vue.
Dans cette perspective, hier, lundi 12 novembre, les populations de Bla ont bloqué les grandes routes par des barriques, de grosses pierres et des pneus usés pour réclamer l’érection de leur Cercle en Région ; sinon retirer le projet du MATD.
En guise de rappel, notons que les 20 Régions prévues par le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation sont : Kayes, Koulikoro,Sikasso,Ségou,Mopti,Tombouctou,Gao,Kidal,Toudénit,Ménaka,Bougouni,Dioïla,Nioro,Koutiala,Kita,Nara,Badiangara,San,Douentza et Gourma.
Les concertations régionales débutent aujourd’hui
Initialement programmée pour aujourd’hui 13 novembre jusqu’au 17 novembre (soit une semaine) sur le rapport du Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, cette décision a été prise à l’issue du Conseil des Ministres du 24 septembre dernier relatif à la tenue des conférences régionales sur l’avant-projet de textes liés à la réorganisation du territoire. La Loi n°2012-017 du 2 mars 2012 portant création de circonscriptions administratives et la Loi n°2012-018 du 2 mars 2012 portant création des Cercles et Arrondissements dans les Régions de Tombouctou, Taoudénit, Gao, Ménaka et Kidal ont été adoptées dans le cadre de la réorganisation territoriale. Les exigences, selon toujours ledit communiqué, liées au développement local en mode décentralisé et la crise multidimensionnelle de 2012 ont montré les limites de l’organisation actuelle du territoire notamment :
– l’étendue de certaines Régions par rapport à d’autres ;
– la non-effectivité de la création et de l’organisation des services publics suivant les trois niveaux de déconcentration;
– les difficultés pour les Représentants de l’État d’assurer leur mission de contrôle dans leur ressort territorial ;
– l’augmentation et la complexité des questions politiques, économiques et sociales ;
– les difficultés de conception de schémas opérationnels d’aménagement du territoire.
Dans ce contexte, il est proposé de soumettre les avant-projets des textes relatifs à la réorganisation du territoire à l’examen des conférences régionales.
Lesdites conférences qui se dérouleront à partir d’aujourd’hui mardi au niveau des chefs-lieux des Régions permettront :
– de prendre en compte les avis et les suggestions des populations locales;
– de proposer, à une instance nationale de validation de la réorganisation territoriale, un projet fondé sur les réalités socioculturelles et économiques de chaque Région et permettant de faire face aux défis sécuritaires et de promotion d’un développement local équilibré.
Les conférences régionales regrouperont les Représentants de l’État, des associations et organisations de la société civile, des partis politiques, des collectivités territoriales, des chefferies traditionnelles, des chefs religieux et des mouvements signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale au Mali issu du processus d’Alger dans la Région.
Mais, faut-il le redire, beaucoup de Maliens pensent que la question d’ordre économique, éducatif, sanitaire et sécuritaire reste dominée par les urgences auxquelles les plus hautes autorités doivent faire face avant de procéder à l’exécution de ce projet de découpage inopportun.
Seydou Konaté
LE COMBAT