L’Adema-PASJ, après avoir souhaité une révision à minima de la constitution à défaut d’obtenir du Président de la transition de renoncer à l’initiative de la rédaction d’une nouvelle constitution, s’engage enfin à œuvrer pour une large diffusion du projet constitutionnel. Où est la conviction politique de ce grand parti qui voltige au gré des circonstances et des conjonctures politiques sinon alimentaires ?
Dans une déclaration signée le 1er avril, le parti Adema PASJ sort de son mutisme pour enfin se prononcer sur le projet finalisé de la constitution dont la commission de vulgarisation est attendue pour se mettre en place d’ici la nouvelle date du référendum qui sera fixée par l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE).
Dans ce communiqué, ballotant entre les mots et sans donner une position précise, le parti l’Adema PASJ dit avoir pris connaissance du contenu du projet de la nouvelle Constitution qui prend en compte certaines de ses préoccupations.
Au grand dam de certains de ses cadres dont Kassoum TAPO qui, d’ailleurs, a déploré le silence du parti sur la réforme constitutionnelle lors du 32e anniversaire de la révolution du 26 mars, la Ruche souligne prendre « acte du projet de Constitution ainsi finalisé » et s’engage « d’en assurer une large diffusion auprès de l’ensemble de ses militants de l’intérieur et de la diaspora» malgré ses réserves.
Reniant sa position antérieure, l’Adema se retrouve en première ligne du combat de la vulgarisation du projet de constitution qu’il a appelé à y renoncer tout en proposant une révision à minima de la constitution de février 1992.
En effet, en novembre dernier, l’Adema, dans une déclaration, après avoir analysé l’avant-projet de constitution, avait exhorté le Président de la transition, Assimi GOITA, d’arranger l’initiative dans le tiroir.
« Renoncer à la poursuite de rédaction d’une nouvelle Constitution ». C’est ce que suggérait l’Adéma-PASJ au Président de la transition, le Colonel Assimi GOITA, « en l’absence d’un dialogue politique inclusif devant aboutir à un large consensus autour du projet ».
Et pour autant, les réserves formulées par l’Adema, il y a quelques mois, sont d’actualité parce que la réforme constitutionnelle peine à gagner un large consensus à cause de son rejet par des forces vives de la nation (partis politiques et organisations de la société civile).
Sans faire de procès à sorcellerie, ce parti ambitionnant de ratisser large pour soigner son image d’un parti au service du prince du jour, contre toute logique et principe démocratique loupe le coach de faire bonne figure.
La Ruche, en appelant à renoncer à cette initiative, estimait qu’elle nourrissait beaucoup de controverses qui portent d’ailleurs les germes d’une instabilité chronique pour notre pays en proie à d’énormes crises sociales, politiques, économiques et sociales.
En dépit de ce risque toujours patent, puisque l’architecture de l’avant-projet de constitution n’a pas changé, ce parti a fait le choix des strapontins comme ça été toujours le cas.
Considéré comme l’une des figures de proue de la démocratie grâce à la mobilisation de ses militants contre le régime dictatorial de Moussa TRAORE et pour l’avènement de la démocratie, les démarches de ce parti sont anti-démocratiques dictées par l’intérêt de quelques privilégiés du parti. Elles ne cessent de contribuer à alimenter la méfiance de la population contre les partis politiques.
Où est la conviction politique de ce grand parti qui voltige au gré des circonstances et des conjonctures politiques sinon alimentaires ?
En effet, ce choix n’est inspiré par aucune cohérence à part celle du partage de gâteau et de responsabilité au sommet de l’Etat. Sinon entre novembre dernier à ce jour, le projet de texte n’a enregistré aucune modification majeure pouvant justifier cette volteface.
Mais pour des strapontins, l’Adema est prête à renoncer à l’essentiel, ce qui est fondamental pour rester accrocher à un pouvoir soit-il légal ou pas.
Pour les mêmes raisons, l’on se rappelle qu’après avoir dit également non aux Assises nationales de la refondation, l’Adema a trahi ses anciens alliés du Cadre des partis et regroupements politiques, pour enfin prendre le train en marche.
« Le 6e congrès de l’ADEMA-PASJ vient de se tenir les 16, 17 et 18 octobre 2021. La direction du parti doit exécuter les résolutions adoptées par ce congrès. Ces résolutions indiquent clairement que nous devons participer aux Assises nationales de la refondation, mais dans le cadre d’une participation responsable et patriotique », déclarait le Président de l’Adema Marimantia DIARRA dans une interview accordée à nos confères de l’Essor.
Ce virement de position, à l’image de celui sur le projet de constitution, pose le problème de véritable débat interne au sein des partis politiques et la sincérité dans la prise de position de ceux-ci sur des questions d’intérêt général.
En effet, après plus de 32 ans de vie démocratique, il est difficile de cerner la logique et la cohérence des formations politiques au Mali. Ce sont de véritables caméléons qui font et défont à une fraction de seconde.
PAR SIKOU BAH
Source : Info Matin