Dans le but de contribuer à la promotion de la paix, du dialogue et du pardon, la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) assume la tâche qui lui est assignée : celle de mener des enquêtes et d’établir la vérité sur les violations graves des droits humains et les atteintes aux biens culturels. Elle agit pour le droit des victimes à la vérité, à la justice et le pardon.
Depuis son installation, la Commission s’est donnée comme rôle d’inviter l’ensemble des concitoyens à œuvrer ensemble autour des victimes et de leurs familles pour les soutenir et les accompagner afin de faciliter leur reconstruction.
La CVJR a été créée par l’ordonnance n°2014-003/P-RM du 15 janvier 2014 pour permettre la refondation de l’Etat malien sur la base de la stabilité et de la paix. La responsabilité lui a été donnée de mener des enquêtes et d’établir la vérité sur les violations graves des droits humains et les atteintes aux biens culturels de 1960 à ce jour.
Depuis, près de 23 000 victimes ont pu faire leurs dépositions auprès d’elle. Cette dernière, conformément à son orientation, initie les audiences publiques qui sont des espaces d’écoute ou seules les victimes sont entendues.
Ces audiences se font sur plusieurs thèmes, dont les atteintes au droit à la liberté, à la vie et les violences faites aux femmes et aux enfants. Elles permettent aux victimes de témoigner des atrocités qu’elles ont vécues.
En effet, les témoignages faits au cours des audiences ne visent ni à accuser tel ou tel régime ni certain corps de l’Etat spécifiquement ni de groupe armée en particulier. Ils accordent juste aux victimes l’espace pour s’exprimer afin d’apaiser leur cœur, de recevoir la reconnaissance aux yeux des autorités et de la population malienne à travers leurs récits de vie.
Toutefois, ils sont nombreux les Maliens qui pensaient que la CVJR était là pour prendre des décisions et faire les mêmes jugements que les cours et les tribunaux pour mettre les victimes dans leurs droits.
A ce niveau, il est important de préciser que les audiences publiques ne sont pas des audiences judiciaires, la CVJR n’est pas un tribunal, elle ne cherche à établir ni la culpabilité ni l’innocence des auteurs présumés, ce travail incombe à la justice malienne.
Il s’agit de donner la parole aux victimes des différentes crises que le Mali a connues, afin de leur rendre leur dignité et faciliter un début de guérison en reconnaissance ce que leur est arrivé. Par ailleurs, le gouvernement a également adopté la Politique nationale de réparation et son plan d’actions 2021-2025.
L’objectif général de cette Politique est de restaurer la dignité des victimes en leur accordant par voie administrative des mesures de réparation des préjudices qu’elles ont subis du fait des violations des droits de l’Homme commises en lien avec les crises depuis 1960. D’où la création d’une agence de réparation à l’intention des victimes qui fait suite à un long travail abattu par la CVJR.
Ibrahima Ndiaye
Source : Mali Tribune