Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Professeur Younous Hameye Dicko : president du RDS : « La négociation ne veut pas dire que le Mali va accepter toute forme de paix. »

Le professeur Younous Hamèye Dicko, ancien ministre et président du Parti Rassemblement pour le Développement et la Solidarité (RDS), fait partie des leaders politiques qui estiment que le gouvernement malien a bien fait de parapher le document d’Accord de paix d’Alger. Dans cet entretien exclusif qu’il a bien voulu nous accordé, le doyen et natif du nord a souhaité que le Mali redevienne comme il a été depuis les premières années de son indépendance, c’est à dire un et indivisible.

Le Pouce : Quelle lecture le RDS fait du document de l’Accord d’Alger ?

Prof Younous Hamèye Dicko : En  vérité, le document d’Accord d’Alger est celui là sur lequel le RDS  a pris position depuis le 16 novembre 2014 .Dans son état actuel, il n’est pas fondamentalement diffèrent de celui que nous avons reçu et étudié. Le 16 décembre 2014, nous avions  déclaré notre soutien au Président de la République et au Gouvernement pour les efforts et la ténacité dont ils ont fait preuve pour redonner  l’espoir de paix et de réconciliation au peuple malien. Naturellement, le Mali se trouve dans une situation difficile où il est entrain de chercher son devenir et son avenir à travers ces discussions et ces relations avec ses voisins et aussi avec la rébellion. En cherchant son devenir,  c’est pour  espérer un développement durable. Le développement durable ne peut être acquis qu’à travers la réconciliation de notre nation. Depuis cette époque, nous avions estimé que les éléments d’accord d’Alger pour la paix et la réconciliation constituent une bonne base de discussions dans le cadre de la réconciliation nationale. Le préaccord qui est là aujourd’hui est un texte d’espoir. Mais il y a toujours un certain nombre de problèmes. Pour revenir sur un point fondamental dans le document, je parlerai de l’utilisation du terme « Azawad ».Dans toutes les  analyses, nous avions renié comme d’autres parties, le terme Azawad dans les textes. Mais aujourd’hui, ce terme Azawad se trouve toujours dans les textes. Si vous regardez de près,  vous verrez qu’il s’y trouve, mais avec une grande avancée par rapport à ce que nous avons connu. Pour la première fois, le Mali officiel pose des problèmes sur le mot Azawad et fait savoir que le peuple malien ne veut plus de ce mot dans les textes de négociation  ou d’Accord. S’il est dans le texte aujourd’hui, c’est dire que ce terme Azawad va être discuté et faire l’objet d’un débat national.  En ce moment on saura ce que sera le futur de ce mot. C’est un problème malien qui va être discuté par les maliens. Et les  maliens vont trouver une solution commune à ce problème. Ce terme qui nous gênait est en fait, faible. C’est un terme qui peut être la source de destruction de notre intégrité territoriale, ne fait plus peur dans la mesure où il est officiellement reconnu pour être débattu par la nation toute entière. De mon point de vue, il est clair que la nation malienne ne va pas choisir une solution qui va lui nuire. Nous devons rester optimistes pour ce terme. Et nous devons réellement préparer l’avenir de ce pays dans un cadre de développement durable et qu’il n’est plus question de regarder de gauche à droite pour se poser des questions sur la façon de faire. La seule façon de faire est de sauvegarder l’intégrité territoriale, l’unité nationale, la laïcité de l’Etat. Tous ces aspects sont acquis dans le texte. Il n’y a aucune possibilité pour que le peuple malien ne se comprenne pas. Rien ne nous fera dévier de la voie d’action basée sur le respect de la forme républicaine de l’Etat.

Le Pouce : Quelle explication donnez vous à l’attitude de la coordination des mouvements d’Azawad ?

 Prof Younous Hamèye Dicko : Je suis profondément démocrate et je pense que les uns et les autres ont droit à l’expression. Mais je condamne la forme violente de l’expression .Ce qui vive  de la rébellion et qui veulent conquérir un pays doivent comprendre que ceux d’en face, peuvent dire qu’ils ne sont pas d’accord. Maintenant c’est sur un texte qu’ils disent qu’ils ne sont pas d’accord, alors que ce document les a tout donné .Je crois que, à leur place, je vais parapher ce texte avec plaisir  et me battre avec ce même texte pour obtenir ce que je cherche. Par les armes, il n’y a d’issue. Nous ne l’accepterons à personne de diviser notre pays. Nous avons tous un cœur, nous pouvons tous aller nous battre les uns contre les autres. Je pense qu’ils ont loupé quelque part le train en ne paraphant pas le texte. Plus ils dureront sans le parapher, plus ils se nuisent à eux mêmes. Aujourd’hui, il est difficile aux uns et aux autres de faire chemin seuls et de ne pas tenir compte de la communauté internationale .Il y a des choses que les maliens n’aiment pas dans le texte et ailleurs. Ils auraient pu ne pas parapher .Je félicite le gouvernement d’avoir paraphé ce texte parce que ça montre que nous sommes des démocrates .Nous sommes profondément patriotes .A ce titre nous avons accepté le débat, le risque. Je crois que l’autre partie accepte aussi le débat et le risque en paraphant le document de paix. Quand on fait le débat, on peut aussi avoir raison. Ils sont aussi maliens et ils n’ont pas le choix car dieu les a fait maliens. Le plus important c’est que chacun s’emploi à devenir le devenir du pays. C’est totalement contre-performant de leur part de  ne pas parapher le texte. Tôt ou tard, ils doivent le signer .Plus vite, ils le feront, plus ils retrouveront leur nation, leurs frères que nous sommes. Hier on était ensemble, aujourd’hui on est dans deux  bords différents, demain on doit se retrouver à nouveau.

Le Pouce : Quelle doit être la démarche du gouvernement et de la communauté internationale face à cette situation ?

 Prof Younous Hamèye Dicko : Dans une telle situation, on a tendance à se fâcher et à chercher à résoudre le problème autrement que par la négociation. Jusqu’ici le président de la république et le gouvernement se sont comportés admirablement par rapport aux moyens que nous disposons .Je crois qu’ils doivent continuer dans ce sens de la négociation, du patriotisme. La négociation ne veut pas dire que le Mali va accepter toute forme de paix. Nous l’avons déjà essayé et à chaque fois notre pays est descendu dans les bas-fonds les plus exécrables. Nous devons continuer à nous battre comme dans le passé et à faire comprendre à nos frères de sang qui ont pris les armes, que nous sommes, un et indivisibles. Toutes les tentatives pour nous diviser risquent de ne jamais voir le jour. Le gouvernement malien doit continuer à construire le ciment national et de manière à  ne plus avoir envie d’aller ailleurs. La communauté internationale nous appui. Elle a même menacé de nous punir les uns et les autres si nous n’acceptons pas la paix. Elle a son rôle et son travail à faire. Ce qui est sûr, le gouvernement malien doit sauvegarder les intérêts de la nation notamment ce qui ont pris les armes. Notre pays doit continuer le dialogue. Tout homme digne d’honneur doit se défendre en faisant une politique profonde de réarmement moral et physique des maliens et des forces armées.

  Le Pouce : Quel appel avez vous à lancer à l’endroit des maliens ?

 Prof Younous Hamèye Dicko : Les choses évoluent .Mon sentiment profond est vraiment de voir ce pays redevenir ce qu’il était c’est à dire avoir cette paix légendaire. Tous les chroniqueurs qui sont venus au Mali ont approuvé qu’on se sent libre partout où on se trouve en terre malienne. Chaque famille est famille d’accueil, d’hospitalité. Nous avons connu ça. J’ai écris un livre « au temps de la Baraka » dans lequel je parle de vivre ensemble de la communauté sonrhaï, Peuls, Touaregs qui évoluaient en symbiose. Nous ne connaissions pas l’adversité. Nous pouvions nous quereller, mais ça ne va plus loin .Je fais parti de ceux qui souffre de la situation de notre pays au nord. Je veux que les choses redeviennent comme avant.

 

Entretien réalisé par

 Jean GOITA 

 

Source: Le Pouce

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance