Si les récents et graves événements de Kidal doivent être éclaircis, la MINUSMA enregistre aussi des mises en route encourageantes
Il est devenu ces derniers mois un hôte régulier de notre pays. Le Secrétaire général adjoint et chef du département des Opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous, effectue une visite au Mali à partir d’aujourd’hui et jusqu’ au 1er mai. Ce déplacement se situe dans le cadre des visites régulières à la Mission pour suivre les activités de celle-ci et les développements de la situation dans le pays. Telle était l’une des principales informations données par la Porte-parole de la MINUSMA, Mme Radhia Achouri lors de la traditionnelle rencontre avec la presse organisée hier au siège de la Mission.
Lors de son séjour, Hervé Ladsous aura, comme à l’accoutumée, une série de rencontres avec les responsables maliens, les partenaires internationaux de la Mission ainsi que les membres de la famille des Nations unies au Mali. Il tiendra une conférence de presse le lundi 2 mai pour partager les conclusions de sa visite à la lumière des discussions qu’il aura tenues, notamment avec les responsables maliens et les parties à l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale.
Autre temps fort du point de presse, l’évocation par la conférencière de l’incident récemment survenu à Kidal et qui a enregistré deux morts et des blessés. L’équipe d’enquête sur la manifestation violente de Kidal a présenté ses résultats préliminaires au Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies et chef de la MINUSMA, M. Mahamat Saleh Annadif.
Le rapport présenté est le résultat d’une enquête préliminaire interne à la MINUSMA et menée selon les procédures applicables des Nations unies afin de déterminer les faits et circonstances du grave évènement survenu le 18 avril dernier. Les enquêteurs à ce stade de la procédure ne sont pas encore parvenus à déterminer avec certitude l’origine des tirs meurtriers. L’enquête se poursuit donc et sera complétée dans les meilleurs délais par une deuxième phase plus approfondie qui devrait permettre d’établir les causes exactes de l’incident et de dégager des responsabilités éventuelles à la lumière des éléments recueillies par les enquêteurs. A cet effet, la pleine coopération de toutes les parties pour compléter l’investigation est requise.
LA PISTE TOUJOURS OCCUPÉE. Rappelons que les manifestants, dont certains étaient munis notamment de cocktails Molotov, s’étaient introduits par effraction sur la piste de l’aérodrome de Kidal sécurisée par la MINUSMA. Ils avaient ensuite saccagé et mis le feu aux installations sécuritaires. Parmi les manifestants, deux personnes sont mortes et plusieurs ont été blessés. Tout en regrettant les pertes en vies humaines et les blessures occasionnées suite cet événement, le chef de la Mission avait déclaré que le recours à la violence, sous quelque forme que ce soit, envers les forces onusiennes et la destruction des installations au niveau de l’aérodrome sont inacceptables. La MINUSMA est par ailleurs vivement préoccupée par l’instrumentalisation d’enfants lors de telles manifestations violentes et condamne vigoureusement cette pratique.
La MINUSMA a dit regretter les retombées négatives de ces évènements sur les efforts engagés pour venir en aide aux populations. Plusieurs mois de réhabilitation et de lourds moyens financiers seront nécessaires avant de rendre la piste d’atterrissage opérationnelle, dont la détérioration pénalisera lourdement les populations du Nord du Mali dans le bénéfice des dividendes de la paix. La MINUSMA ne pourra pas renouveler la réhabilitation de l’aérodrome sans des garanties politiques, a souligné le chef de la Mission, qui a encouragé la coopération effective de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) pour assurer la sécurisation de la zone de l’aéroport. Car à l’heure actuelle la piste est toujours occupée.
Mme Radhia Achouri a indiqué que dans la foulée des événements, le bureau de la MINUSMA à Kidal a rencontré le 25 avril le Secrétaire général du Haut conseil de l’unité de l’Azawad (HCUA) et celui du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Tous deux ont exprimé des regrets quant aux évènements dramatiques de la semaine précédente et ont appelé à une réouverture rapide de l’aéroport pour permettre la distribution de l’aide humanitaire dans la région.
Au sujet du processus de paix, la porte parole a relevé que le Comité de suivi de l’accord (CSA) a été unanime sur le fait que celui-ci n’avançait pas à l’allure souhaitée, malgré les multiples recommandations issues des différentes sessions de cette instance et de ses sous-comités thématiques, en particulier celles relatives à la mise en place des autorités intérimaires et des patrouilles mixtes. De même, le Comité a déploré la lenteur dans la finalisation du Plan d’urgence humanitaire. Toutefois, le Comité s’est réjoui des efforts de collaboration et de concertation entamés entre les Parties maliennes dans la mise en œuvre de l’Accord.
S’agissant du domaine de la défense et de la sécurité, le Comité a relevé l’effectivité de la construction des sites de cantonnement, le début de l’opérationnalisation du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) à travers la mise à disposition par le gouvernement de 42 véhicules ainsi que l’existence d’engagements fermes quant à la prise en charge des éléments devant participer aux patrouilles mixtes.
CONSENSUEL ET RÉALISTE. Dans le domaine politico-institutionnel, et plus précisément en ce qui concerne la mise en place des autorités intérimaires, le Comité a noté que la loi afférente à cette question a été déjà adoptée et a espéré la promulgation du texte dans les meilleurs délais. Compte tenu de l’importance de ces deux questions dans la mise en œuvre de l’ensemble des dispositions de l’Accord, le Comité a demandé aux Parties de déployer immédiatement des efforts particuliers en vue de surmonter les obstacles relevés durant ses travaux et d’obtenir des avancées significatives dans ces domaines, y compris l’élaboration d’un calendrier consensuel et réaliste des différentes échéances.
Les journalistes ont aussi appris lors du point de presse que le 25 avril dernier, la section de la Réforme du secteur de sécurité désarmement démobilisation et réinsertion (SSR-DDR), en collaboration avec UNOPS, a lancé la construction du premier site de cantonnement de la CMA dans la région de Kidal, approuvée par la Commission technique de sécurité (CTS). Après le feu vert donné par l’UNMAS et de l’équipe anti-mine de la MINUSMA, l’UNOPS a pu délimiter le site à construire et identifier le point d’eau. L’équipe a été accueillie par le maire de Tessalit, le chef du village, le commandant de la CMA et les membres de la communauté, incluant les combattants de la CMA déployés dans la région. Le commandant de secteur de la Coordination s’est engagé à protéger le site des potentiels détracteurs du processus de paix.
Dans le cadre de la sécurisation de ses zones d’intervention, la Force onusienne poursuit ses opérations afin de protéger la population et d’empêcher les groupes armés terroristes de se mouvoir en toute liberté. C’est dans cette logique qu’il faut inscrire l’exercice coordonné mené aujourd’hui même à Tombouctou par les FAMas et la Force de la MINUSMA, exercice qui vise à renforcer la sécurité dans cette région par l’amélioration de la coordination entre les forces partenaires. L’exercice se déroule en présence du chef d’état-major général de l’Armée malienne et du commandant de la Force de la MINUSMA.
Par ailleurs, l’opération Sandrine a débuté le 23 Avril dans la région de Tombouctou pour renforcer la sécurité dans la zone de Gargando et permettre aux acteurs onusiens et humanitaires de se rendre dans les villages de Gargando et Amrouch, notamment pour y évaluer la situation des réfugiés et des personnes déplacées.
A. DIARRA
Source : Essor