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Procès de Amadou Aya et coaccusés : un possible arrangement !

De Bamako à Sélingué puis à Manantali et de nouveau à Sélingué, le général Amadou Haya Sanogo aura été traîné et trimballé en prison et présenté devant des juridictions dans l’affaire dite disparition des vingt-et-un (21) Bérets rouges. Quant aux familles des victimes, elles auront également foulé plusieurs rues de Bamako à travers des meeting, marches et autres initiatives visant à réclamer justice. Mais, après le report de l’audience du 25 février 2021 et vu les réactions des avocats des différentes parties, l’on se rend compte que ce procès n’est pas du tout à l’abri d’un arrangement, dont les contours ne tarderont pas certainement à être fixés ou dévoilés au grand public.  

 

«Grâce à Dieu, j’ai le moral »,a déclaré Amadou Haya Sanogo le 25 février 2021 à l’audience à la Cour l’Appel. Vêtu en blanc, avec lunettes et chaussures noires, le général avait effectivement l’ère pas du tout inquiet. Autre remarque, au moment de l’ouverture de l’audience, le banc de la  partie civile était vide. Sans surprise, le procès a été finalement repoussé au 11 mars 2021. La seule raison officielle de ce report serait que la Cour ne disposait pas de toutes les compétentes nécessaires pour juger l’affaire et compte se recomposer avant la prochaine date. La seule question que l’on puisse se poser est de savoir comment fixer la date du procès sachant que toutes les conditions n’étaient pas réunies ?

Au regard de tous ces jeux troubles, l’on se demande toujours si la sentence sera encore une condamnation pour ces présumés accusés comme beaucoup l’ont pensé après leurs inculpations en 2013. Ainsi vue la situation et les démarches en cours, un arrangement pourrait être possible. Mieux, Ismaël Fané, porte-parole de l’association des parents et épouses des militaires assassinés à Diago, estime que la priorité n’est pas une condamnation, mais plutôt la tenue des promesses d’indemnisation. «Beaucoup de promesses nous avaient été faites par l’ancien régime d’Ibrahim Boubacar Keita qui se sont matérialisées. C’est le cas notamment des logements sociaux qui nous ont été octroyés par l’Etat, nous avons également reçu des indemnités. Les ayant-droits ont également été recrutés soit dans l’armée ou dans la fonction publique. Mais, certaines promesses restent toujours lettre morte. C’est le cas, par exemple, des funérailles nationales pour nos martyrs. Cela nous soulagerait énormément », a-t-il souligné.

Dans l’une de nos interviews de l’année passée, Me Moctar Mariko, avocat de la partie civile, a précisé que la loi d’entente nationale est bel et bien une porte de sortie pour les présumés accusés. «Lors d’un procès, si les avocats des accusés évoquent cette loi, ils seront forcément écoutés. J’ai toujours dit que cette loi est une fenêtre ouverte aux criminels. C’est le cas pour d’autres auteurs de crimes de guerre », a-t-ilsouligné.

C’est que Me Abdrahamane Ben Mamata Touré, l’un des avocats de la défense, semble attendre en soulignant le 25 février 2021 : «Nous voulions nous appuyer sur ces éléments pour que la Cour constate que dans cette affaire, il y a eu une médiation et que c’est une cause d’extinction conformément à l’article 8 du code de procédure pénale du Mali. »

Néanmoins, Me Mariko reconnaît que les indemnisations sont une victoire en soi. «C’est une victoire pour les familles des victimes et la justice malienne dans une affaire hautement sensible. C’est un signal fort pour la lutte contre l’impunité qui démontre que personne n’est au-dessus des lois. La FIDH et l’AMDH, qui accompagnent les victimes et qui s’apprêtent à se constituer parties civiles à leurs côtés dans la procédure judiciaire, contribueront à ce que toute la lumière soit faite sur le sort réservé aux disparus », a déclaré le président de l’AMDH et avocat des victimes.

Un procès hautement sensible !

La moindre des choses que l’on puisse dire aujourd’hui, c’est que ce procès est encore très sensible. Le général Amadou Haya Sanogo reste le héros de Kati et beaucoup de ses frères d’armes continuent de le soutenir, de l’apprécier et même  de le respecter pour ses valeurs. Ses apparitions en public depuis l’arrivée des militaires au pouvoir le témoigne à suffisance. Aussi, ce rapprochement peut beaucoup influencer d’une manière ou d’une autre la Cour qui ne veut pas certainement soulever une autre crise socio-politique à cause d’une décision de justice.

Ce qui est certain, c’est que le report du procès du 25 février dernier est une preuve que la justice malienne peine à se fixer sur le sort de Amadou Aya Sanogo et ses coaccusés. Depuis l’ouverture du procès en grandes pompes en 2016 à Sélingué, où la procédure avait été délocalisée, le dossier est aujourd’hui dans l’impasse. Ainsi, Amadou Haya, Bloncoro Samaké, Siméon Kéita, Oumarou Sanofo dit Kif Fif, Séiba Diarra, Christophe Dembélé, Amadou Konaré, Mohamed Issa Ouédraogo et  Ibrahim Boua Koné restent toujours présumés coupables d’enlèvement, d’assassinat, complicité d’enlèvement et de complicité d’assassinat  de vingt-et-un éléments de Bérets rouges dont les corps ont été découverts dans un charnier en 2013 à Diago dans le cercle de Kati.

En attendant, le peuple continue d’attendre impatiemment la suite réservée à ce dossier hautement sensible.

Amadou Kodio

Source : Ziré

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